Trainspotting |
Réalisé par Danny Boyle |
7.25/10 |
Critique
Danny Boyle frappe un grand coup avec Trainspotting qui demeure un des films majeurs sur l'addiction mais qui permet aussi de mettre en scène une bande de paumés si attachants dans cet univers malsain au possible.
Visuellement unique, Boyle propose un univers de squats infâmes faits de matelas aussi défoncés que ses locataires, qui vivent de petits larcins, de roublardises farfelues, d'arnaques en tous genres. Le cinéaste tente d'apporter de fortes touches de couleurs avec des accessoires kitsch volontaires; couleurs flashy, fringues et déco vieillottes pour faire échos à la misère de la classe ouvrière Britannique.
Le pari de Trainspotting est de faire ressentir au public les sensations ressenties par un junkie après un fix et utilise avec brio des effets visuels et sonores comme les plans retournés le grand angle en mega gros plan pour déformer les visages, le jeu de perspectives, un montage épileptique, une débit narratif rapide sous forme de listes sans fin, les plans psychédéliques etc...le pari est gagné, même si je trouve que Requiem for a dream est un cran supérieur visuellement pour les scènes de tripping.
Boyle se la joue William Friedkin avec le fantôme du bébé au plafond bien flippant.
La bande de bras cassés est donc vraiment au fond du trou, voir au fond des toilettes avec cette fameuse scène culte où Boyle ne nous épargne aucun détail. Meme s'il est difficile de voir une lueur d'espoir dans ce cercle vicieux de l'addiction, on a l'impression que ces loosers n'ont aucun recul sur leur propre situation et enchaînent les petites magouilles sans penser aux conséquences, vivant l'instant présent avant tout pour gagner quelques pounds et s'acheter leur prochain shoot.
Les héroïnomanes sont tellement déconnectés de la réalité qu'ils ne sont jamais en mode auto-lamentation mais doivent aller de l'avant sans jamais réellement avancer.
On retiendra les performances d'Ewan Mc Gregor qui est juste hallucinants de A à Z et du délicieux belliqueux Robert Carlyle.
Boyle mêle intelligemment tragédie et comédie grâce à son ton décalé constant, si bien qu'il est difficile de rester impassible ou de s'ennuyer car il se passe toujours quelque chose de cocasse à l'écran avec un comique de situations efficace. Portrait d'une jeunesse désocialisée à la recherche de sensations immédiates plutôt que de sens à leur vie qui se résume à une impasse. Portrait d'une jeunesse à la dérive qui pensent échapper à la société de consommation. Plus efficace q'une campagne antidrogue.
Reste à voir le suite très prochainement.