Summer Wars ne faillit pas à sa belle réputation, certainement l'un des films d'animation les plus importants et intéressants toutes nationalités confondues que j'ai pu voir à mon sens. Car à la différence des studios
Ghibli (pour ne citer qu'eux) qui, bien qu'ils assuraient toujours le steak côté technique, en dépit d'une baisse de qualité depuis
Le voyage de Chihiro, s'étaient toujours un peu enfermés dans un certain style de
fantasy nippone (seul
Le vent se lève a changé la donne, mais du coup optait pour quelque chose de beaucoup plus classique), et après
un premier coup d'essai ma foi très sympathique mais néanmoins assez limité en termes d'ambition, Hosoda flanque ici un gros coup de pied dans la fourmilière avec une intrigue parfaitement ancrée dans notre époque, reflétant non moins que l'évolution du monde dans lequel on vit et ce, par le prisme, plutôt original pour le coup (surtout dans la manière dont ils sont utilisés comme on le verra), du monde communautaire du tout-connecté et des avatars.
Contrairement à
Paprika (qui s'attelait au même sujet bien que dans une perspective un peu différente), offrant quelque chose de bien plus éclaté dans la narration et fantasmagorique sur un plan esthétique,
Summer Wars suit un déroulement plus linéaire et posé, ce qui se prête bien à son propos vu qu'au fond, il est à prendre un peu comme un retour aux sources (par cette virée à la compagne au sein d'une famille traditionnelle prônant le courage et l'entraide) et ce choix artistique permet aussi de développer un univers virtuel riche et cohérent. Ainsi, lorsqu'on quitte durant un certain temps
Oz, ce système OS mondialement utilisé (et magnifiquement représenté à l'écran), cette parenthèse dans l'arrière-pays n'en est pas vraiment une, car non seulement cela apporte au récit un cadre dramatique très touchant (cette grand-mère d'un autre temps chapeautant une famille nombreuse sur le bord de l'implosion), mais cela permet aussi de développer le noyau du film, à savoir que contre un virus menaçant les vies tant virtuelles qu'
IRL, les compétences individuelles (quand bien même sont-elles importantes) ne sont rien sans l'encouragement des uns et des autres (en passant par un retour à la communication directe) et l'union de tous (avec un formidable
climax à la manière de
DBZ et de
Yu-Gi-Oh!).
C'est là que réside pour moi la plus grosse réussite du film, car au lieu de simplement opposer d'une part tradition et modernité, et de l'autre réel et virtuel, on montre plutôt ce qui est commun et profitable aux deux dimensions, le tout dans des séquences follement ludiques à suivre (comme lorsqu'on les voit tous connectés à l'aide de diverses sortes d'appareils). La direction artistique est aussi de qualité, avec un trait certes réaliste pour le monde réel, mais doté ici et là de touches mangas rigolotes du plus bel effet, à l'instar des oncles ou cousins qui viennent apporter leur aide de manière ultra abusée ou ces petits détails graphiques accompagnant la petite idylle qui se fait en parallèle. Mais évidemment, la meilleure partie est tout ce qui touche à l'univers d'
Oz, avec ces avatars très nippons dans l'âme et tout mignons (reflétant au passage la personnalité de leurs propriétaires), et cette mise en scène au top du réseautage et des affrontements entre le virus et un lapin amateur de la tape.
Bref,
Summer Wars est tout simplement le summum du genre de ces dernières années, s'avérant une relecture originale et passionnante de notre époque mariant les genres avec talent (à la fois comédie romantique, fable sur les interactions humaines, film d'action). D'autant plus que son aspect intergénérationnel, ses personnages loin d'être parfaits et le message positif (simple mais loin d'être niais) qu'ils portent, apportent une véritable plus-value émotionnelle à l'ensemble.
Note : 9.5/10