J'ai beau être un grand fan des aventures d'Harry Potter, je dois avouer être plutôt mitigé en ce qui concerne leurs adaptations cinématographiques, allant du bon (le film de Cuaron) au mauvais (
La Coupe de Feu) dans l'inégalité la plus totale. Du coup, la volonté de créer une nouvelle saga dans l'univers des sorciers sous forme de spin-off ne m'enchantait guère, d'autant que tirait toutes les sonnettes d'alarmes du projet opportuniste à souhait (ou comment tirer d'un petit guide de quelques dizaines de pages une saga de cinq gros films surbudgetés), et c'est donc avec peu d'enthousiasme que je suis allé voir ce premier épisode, censé donner le ton qualitatif de ce qui suivra dans les années à venir. Autant dire que le résultat fait peur à voir, et que quasiment toutes mes craintes se sont révélées fondées, et c'est bien dommage de voir à quel point un bel univers à la base, plein de possibilités, peut donner lieu à un film aussi paresseux et mal foutu.
Déjà, la première chose qui choque, c'est évidemment l'écriture. Que ce soit les personnages ou l'intrigue, tout est traité n'importe comment dans ce film censé être une base solide pour une histoire plus complexe à venir. Impossible de prendre au sérieux un film qui grille son twist dès les premiers plans (tiens, le méchant a la même coiffure que Colin Farrell, comme c'est étrange...
), et encore plus impossible de le faire quand le personnage le mieux écrit s'avère être le seul qui ne fait pas partie de l'univers des sorciers. Puis bon, cette histoire où s'entremêle recherche d'animaux perdus et enquête sur des morts mystérieuses a quand même bien du mal à passionner, franchement pas aidé par un montage aux fraises qui donne l'impression de regarder Kamoulox (c'est dingue le nombre de séquences qu'on pourrait enlever sans que ça ne change rien à l'histoire). J'ai beau avoir un avis un peu tranché sur la plupart des films Harry Potter, il fallait reconnaître qu'il y avait un vrai attachement au personnages. Chose ici totalement absente, et ce malgré la volonté louable de présenter un groupe déconnecté de leur propre monde, chacun d'eux ayant visiblement des problèmes de sociabilisation, cela aurait pu donner un beau film sur les gens qu'on a tendance à juger trop vite, mais au final cela donne des personnages principaux maniérés un peu agaçants à suivre, faute de consistance.
C'est dommage car cette nouvelle facette de l'univers ne manque pas d'enchantement, mais ni la reconstitution de New-York (bien mieux foutue dans le King Kong de Jackson qui a plus de dix ans) ni la mise en scène impersonnelle de Yates n'aide vraiment à mettre ça en valeur. Résultat : une jolie (et encore, je passe sous silence pas mal d'effets visuels ratés) coquille vide, pleine de promesses rarement tenues, et qui au passage gâche le potentiel énorme d'une partie de l'univers qu'on avait jamais vu jusqu'ici (l'histoire de Grindelwald et de Dumbledore a de quoi donner quelque chose de fort, mais avoir ça avec Johnny Depp c'est un peu se tirer une balle dans le pied d'emblée). Au final,
Fantastic Beasts est un peu la synthèse de ce qui ne va pas avec le cinéma à licence d'aujourd'hui : à force de trop vouloir en montrer d'un univers, on finit par en enlever toute la magie qu'il avait jusqu'ici.