Les avis de vos dernières lectures

[Mark Chopper]

En 2054, Rodwell aura 102 ans... Il doit se croire immortel.

Ou alors il compte sur ses gosses pour continuer d'agir en mode psycho avec la gestion de Tintin.

[lvri]

Effectivement, je ne vois pas en quoi sortir un nouveau Tintin lui permettrait de conserver les droits des albums d'Hergé.

Et aussi, en 2050, peut-être que tout le monde s'en foutra de Tintin...

Je ne sais pas non plus comment il va procéder. Côté musique, la sortie d'inédit peut repousser les droits je crois. Mais les règles semblent bien compliquée. Mais bon, le gars veut pas laisser tomber en tout cas !
Si planches inédites il y a, seules ces dernières ne tomberaient pas dans le domaine publique.

Bref, il trouvera un moyen de s'enrichir jusqu'à ces 102 ans et au delà

[Val]

Côté musique, la sortie d'inédit peut repousser les droits je crois

Non, l'oeuvre tombe dans le domaine public le premier janvier de l'année suivant le 70ème anniversaire de la mort de son auteur qu'elle que soit sa date de divulgation. Enfin, c'est comme ça en droit français, je ne sais pas comment cela se règle en cas de conflit de lois (c'est à dire si l'auteur n'est pas français).

Reste ensuite le droit moral pour s'assurer que l'oeuvre ne soit pas dénaturée, mais difficile en tout cas de s'opposer à son exploitation par n'importe qui.

[lvri]

Donc, ce serait la même chose que les BD alors ? S'ils sortent des planches originales, seules ces dernières seront protégées (un peu comme le CD de titres inedits de Dylan que Sony a sorti à une centaine d'exemplaires juste pour une histoire de droits).

Bon, et bien je sais pas ce que nous pondra Moulinsart, et j'avoue qu'en 2052, j'aurai pas la tête à surveiller ça

[maltese]

Effectivement, je ne vois pas en quoi sortir un nouveau Tintin lui permettrait de conserver les droits des albums d'Hergé.

Et aussi, en 2050, peut-être que tout le monde s'en foutra de Tintin...

On ne peut jamais être sûr évidemment, mais je n'y crois pas; il y aura peut-être bien eu une diminution de l'intérêt, mais dès qu'il sera possible de faire un nouvel album, ça reviendra très fort. Qu'on aime ou pas, le personnage demeure un symbole (en Belgique encore plus évidemment), et son univers est passé dans l'inconscient collectif, à la manière d'un Sherlock Holmes ou d'un Arsène Lupin.
Et puis, il n'y a pas de nouvel album, mais il y aura bien des nouveaux films d'ici-là (du moins je l'espère).

[Jack Spret]

"Le livre de sable" de Jorge Luis Borges - 1975

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Autant j'avais eu du mal à accrocher à "Fictions", autant celui-ci a été dévoré sans problème ! C'est simple, les 2/3 des nouvelles sont vraiment marquantes, jouant sans cesse avec notre imaginaire et notre capacité à nous projeter dans des univers factices mais réalistes. Reprenant des thèmes chers à l'auteur (le double, la poésie), il parvient souvent, en commençant ses nouvelles de la même manière, à prendre des directions complètement différentes. Sa plus longue (Le congrès, la préférée de l'auteur mais pas la mienne) est davantage politisée mais je lui préférerais une autre (Avelino Arredondo) qui sort son épingle du jeu en utilisant le twist final comme un véritable cri partisan. Et que dire de "There are more things", sa contribution à rendre hommage à Lovecraft qui se niche souvent dans la part fantastique de ses récits, la monstruosité en moins.
Un must have qu'on peut lire et relire sans soucis et qui nourrit à chaque page notre imaginaire.

"Vacances indiennes" de William Sutcliffe - 1997

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Raconter un premier voyage à l'étranger - en Inde qui plus est ! - par l'intermédiaire d'un adolescent désabusé et cynique, pourquoi pas. Sauf que le personnage parvient dès les premières pages à devenir sa propre caricature, entamant un périple où toutes ses péripéties sont prévisibles à l'avance. De plus, l'humour tournant très rarement autour d'autre chose que du sexe et du racisme primaire envers les Indiens, il en résulte un bouquin qu'on s'empresse de terminer pour passer à autre chose. Lecture brainless à son paroxysme. Reste un passage succulent entre le personnage principal et un journaliste expatrié qui finit d'enterrer le jeune garçon par sa répartie impayable.

[Mark Chopper]

Station Eleven, d'Emily St. John Mandel (2014)

Un roman post-apocalyptique paru en France lors de la dernière rentrée littéraire en date... Une grippe décime la majeure partie de la population mondiale et l'auteur, à travers les destins de personnages tous liés de près ou de loin à une représentation du Roi Lear, nous raconte l'avant et l'après, confronte des individus qui ont connu le progrès et ceux qui ne le connaissent qu'à travers des témoignages ou des reliques du passé.

La construction maîtrisée donne du rythme à l'ensemble, la plupart des personnages se révèlent attachants... Le roman n'est bien évidemment pas au niveau du chef-d'oeuvre du genre, La Route de Cormac McCarthy, mais bien au-dessus de la moyenne.

Une bonne découverte.

[Waylander]

Effectivement, je ne vois pas en quoi sortir un nouveau Tintin lui permettrait de conserver les droits des albums d'Hergé.

Et aussi, en 2050, peut-être que tout le monde s'en foutra de Tintin...

On ne peut jamais être sûr évidemment, mais je n'y crois pas; il y aura peut-être bien eu une diminution de l'intérêt, mais dès qu'il sera possible de faire un nouvel album, ça reviendra très fort. Qu'on aime ou pas, le personnage demeure un symbole (en Belgique encore plus évidemment), et son univers est passé dans l'inconscient collectif, à la manière d'un Sherlock Holmes ou d'un Arsène Lupin.
Et puis, il n'y a pas de nouvel album, mais il y aura bien des nouveaux films d'ici-là (du moins je l'espère).

Clairement. Certaines icones de l'imaginaire ne périront jamais. Achille lui-même existe toujours. Arthur aussi. Peut-être moins présent, moins bankable, un peu dépassés, mais ils existent toujours dans des films, romans etc...Dracula existe toujours. Kong aussi. Donc Tintin , Astérix, Frodon , Conan , Mario, Sonic etc...ne sont pas encore morts et enterrés. C'est juste moins hype c'est tout.

[Val]

Merci pour le retour sur Station Eleven, ma boss le lit en ce moment et ça a l'air vraiment sympa.

[Jack Spret]

"Elles se rendent pas compte" de Boris Vian - 1950

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Quatrième et dernier roman noir de Boris Vian alias Vernon Sullivan, celui-ci se démarque par son écriture à la cool, beaucoup moins sombre que ses prédécesseurs. Pour autant, la violence et le sexe y sont toujours les ingrédients principaux mais ils y sont distillés avec énormément d'humour, tant et si bien que l'auteur parvient à décrire des scènes horribles tout en nous arrachant un sourire (viols, tortures, bagarres,...). Côté Amérique, bien qu'il n'y ait jamais mis les pieds, il a une capacité à retranscrire une époque et des décors avec une telle précision qu'on s'y croirait. Son histoire s'articule habilement et rapidement (140 pages) et c'est un véritable page-turner. Il ne me reste plus qu'à réparer mon erreur (j'ai zappé "Et on tuera tous les affreux") et j'en aurais terminé avec cet écrivain sous alias qui avait beaucoup de choses à dire et qui voulait secouer l'arbre de la bienséance, quitte à recevoir des critiques virulentes sur la tête.

"L'attrape-coeurs" de J.D. Salinger - 1951

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Roman d'apprentissage à la notoriété sans équivalent, L'attrape-coeurs m'a longtemps fait de l’œil sans que je m'y attarde. C'est chose faite à présent et c'est avec un plaisir non contenu que je l'ai lu avidement. Partant d'un récit à la première personne, on s'attend à une biographie pompeuse sur la bourgeoisie américaine des années 50. Mais c'est très rapidement que le ton du roman surprend par son langage familier, son abus d'argot et ses rencontres rocambolesques. Car s'il s'agit bien d'une tranche de vie, elle ne se découpe que sur 3 jours précédant Noël, période durant laquelle le narrateur aurait dû être en classe mais s'est fait renvoyer de son établissement.
Ce sont ses errances qui vont nous être racontées, quasi en temps réel tant les transitions entre les chapitres sont invisibles. Entre la découverte du monde extérieur, de l'amour charnel, de l'ivresse, c'est un ramassis de désillusions qui entraînent notre antihéros dans les rues d'un New-York gris et sale. Véritable acte de rébellion, cette errance décrite de main de maître par Salinger contient toute la fougue et la colère de l'adolescence, comme un témoignage intemporel et haineux de ceux dont il va bientôt rejoindre le camp: les adultes.
Sur ces 3 jours, le jeune homme a le temps de gamberger, de faire un point sur son passé, sa famille et son avenir, sans cesse rappelé à lui comme incertain par ses anciens professeurs. C'est en ça que le roman s'apparente à une biographie car ce sont toutes ces réflexions amusantes, grivoises, immatures qui font le sel du récit. La mécanique de l'auteur est très bien huilée et on ne s'ennuie jamais devant le spectacle de l'après-guerre qui se joue devant les yeux du petit Holden. Ce roman, encore étudié aujourd'hui dans bien des écoles pour traiter de l'adolescence, m'avait terrorisé plus jeune sans que je n'en ai lu une seule page. Aujourd'hui, adulte, je dois dire que je constate avec mélancolie que Salinger est un génie !

[Val]

Grey Owl, mystificateur ayant eu son heure de gloire au début du XXème siècle en se faisant passer pour un amérindien alors que l'on découvrira à sa mort qu'il était issu d'une famille anglaise, est un des premiers a avoir alerter l'opinion publique sur la nécessité de préserver la nature. Son oeuvre est malheureusement tombée dans l'oubli après sa disparition et était indisponible en France jusqu’à il y encore 5-6 ans et l'initiative des éditions Souffles de rééditer toute son Oeuvre.
Je découvre cet auteur avec L'Arbre, nouvelle issue du recueil Récits de la cabane abandonnée, qui passe pour être son oeuvre la plus célèbre. Et que dire si ce n'est que cette découverte m'a bouleversé. Grey Owl nous conte la vie sur plus de 600 ans d'un pin planté par hasard par un écureuil ayant abandonné sa pomme de pin et qui va être le témoin des bouleversements de son environnement. De nombreux animaux le croiseront sur leur chemin jusqu'à ce qu'un grizzly prenne pour habitude de venir passer du temps à l'ombre de cet arbre. Une relation presque mystique se fait entre l'arbre et l'animal jusqu'à la mort de ce dernier. C'est un siècle plus tard qu'un indien décide de réaliser son rite de passage à l'âge adulte sous ce même pin et fera de l'ours son totem après l'avoir vu en rêve. Les années passent, l'indien, l'arbre et le grizzli entament eux aussi un relation spirituelle. Mais les blancs arrivent et finissent pas détruire tout sur leur passage ne laissant plus qu'une autoroute là où se dressait jadis ce pin qui aura observé et accompagné, immuable et impassible, plus de six siècle de vie terrestre.
On pense bien sûr à la beauté et à la simplicité d'un Giono avec L'Homme qui plantait des arbres, mais ce récit sur la beauté de la nature a sa propre identité et le texte de Grey Owl est vraiment magnifique, parvenant à créer l'émotion à partir d'un seul arbre et parvenant magnifiquement à décrire l'idée du temps qui passe et d'une époque qui touche à son terme (le passage où le chef indien vieillissant fait ses adieux à l'arbre est déchirant).
Bref, gros coup de coeur à découvrir.

[Jack Spret]

"Le vautour" de Gil-Scott Heron - 1970

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Dommage que le roman n'aille pas au bout de son propos sur la jeunesse identitaire. J'aurais aimé y voir un prisme de la société américaine des années 70, mêlant hippies, immigrés latinos et blacks. Mais Heron ne se concentre ici que sur ceux de Harlem, coincés dans leur ghetto, en prise avec la rue et ses vices. Ce qui est intéressant dans le roman, c'est que les dealers ne sont pas archétypaux. Ils sont avant tout représentés comme des être à part entière avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs passions, leurs familles. On ne naît pas dealer, on le devient. Cette rengaine sera en filigrane tout au long du récit comme une sorte de mantra évitant aux différents personnages de sombrer dans la propre dope qu'ils vendent. Certains morceaux ressemblent carrément à du rap dans la manière de décortiquer les syllabes et les phrases, pour les faire rimer et ainsi livrer une sensation musicale de l'enfer des rues de Harlem. Pour un premier roman écrit à la fin de l'adolescence, il y a un niveau certain et une culture générale qu'on ne peut lui enlever.

"Le cauchemar d'Innsmouth" de H.P. Lovecraft - 1936

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Idiot que je suis, j'ai cru en achetant le bouquin qu'il s'agissait d'une histoire complète. Mais le livre est en réalité un recueil de nouvelles plus ou moins courtes ayant la même temporalité et la même situation géographique. Ce qui fait du village d'Innsmouth la quintessence de l'horreur made in Lovecraft. C'est assez inégale en terme de qualité d'écriture, mais l'horreur indicible et l'obscurité malveillante sont des points d'ancrage inhérents à chaque histoire. Que ça soit dans le métro, le train ou sous la couette, Lovecraft parvient à nous terrifier à chaque page grâce à une habileté descriptive hors du commun. Ça fait plaisir de réentendre parler des autres mythes de l'auteur comme les Grands Anciens ou Cthulhu, qui sont le paroxysme de ce qu'il a pu créer en terme de terreur. A déconseiller aux âmes sensibles par crainte de ne plus jamais vouloir éteindre la lumière chez vous.

[Jack Spret]

"La valse aux adieux" de Milan Kundera - 1971

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Après avoir lu "L'insoutenable légèreté de l'être", je m'attendais à nouveau à un roman choral qui prendrait place à de nombreux endroits. Sauf qu’ici, nous sommes davantage face à un huis-clos, la ville thermale s'apparentant à un Éden terrestre. La symbolique religieuse est omniprésente dans le récit sans pour autant que ça en soit visible jusqu'à l’écœurement. Que ça soit par le biais du gynécologue redonnant fertilité aux femmes ou du trompettiste élevé au panthéon des musiciens, cherchant à briser les murs entre les classes sociales comme ceux de Jéricho, chaque héros prend une part importante dans le scénario à un moment ou à un autre. Et si les hommes ont la part belle dans la première moitié du récit, c'est pour mieux faire intervenir les femmes dans la seconde moitié, telles des Eves innocentes ayant pris part à la destruction de l’Éden par des gestes à priori purs.
Certaines répliques sont à la limite de la misogynie. Et la frontière est mince de savoir si le discours est professé par les personnages ou s'il s'agit du point de vue de l'écrivain. Mais ces femmes fortes dont il relèvera la grandeur d'âme pour le dénouement final ne laissent nul doute quand à l'amour qu'il leur porte. Découpé en chapitres ultra court et en temps réel (les 5 parties correspondent à 5 journées consécutives) , le roman se dévore rapidement et laisse un goût doux amer en bouche, comme si le monde terrestre n'avait rien à envie au Paradis. Le discours est pessimiste au possible mais il arrive tout de même à laisser percer quelques lueurs d'espoir. Une belle réussite !

[Jack Spret]

"L'étranger" d'Albert Camus - 1942

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Moi et les incontournables de la littérature, c'est souvent une histoire compliquée. Soit je mets trop de pression sur le roman et dans ce cas, je suis déçu du résultat final s'il ne correspond pas à ce que j'en attendais; soit je n'en attends rien et à ce moment là, je peux me faire cueillir agréablement. Pour "L'étranger", c'est un peu un mélange des deux. Son statut lui a valu de trôner sur mes étagères pendant des lustres. Et en même temps, j'en avais une idée fausse qui a retardé sa lecture mais qui, d'un autre côté m'a comblé par l'absence de ce que je m'attendais à trouver: un style classique et pompeux.
Car on en est très loin. Et je dois dire qu'il est même très moderne, non pas dans sa construction mais dans ce qu'il a à raconter. Le personnage de Meursault est un franc-tireur, sans filtres, parlant librement de ce qui l'anime, le fait vibrer ou le dégoûte. Et cette liberté d'expression totale va être sévèrement sanctionnée. On pourrait y voir également une personnification de la hargne et de la grogne de l'Algérie devenant de plus en plus française, colonialisme qui amènera une guerre tragique. Meursault se dresse à mes yeux comme une victime pré-conflit, le sous-texte politique étant bien évidemment mis en évidence par l'instrument judiciaire qui le condamne.
Ce que j'ai préféré avant tout, c'est surtout cette nostalgie, cette mélancolie qui se dégage du personnage, bon vivant jusqu'à la moelle, qui ne se reniera jamais et affrontera le regard inquisiteur de la société sans baisser les yeux. Une œuvre forte, actuelle et libératrice malgré le sujet de l'enfermement.

[Mark Chopper]

Dès le premier paragraphe, tu sais que c'est un chef-d'oeuvre.