[Dunandan] Mes Critiques (ré)éditées en 2016

[Alegas]

Dun' va faire le crash-test.

[Dunandan]

Vu que je suis revenu dans ma période asiat´, why not ?

[Dunandan]

The Triad Zone, Dante Lam (2000)

Des films sur les triades chinoises, il y en a un paquet. Mais The Triad zone se distingue de la masse grâce à une grande liberté de ton dans la manière dont les scènes s'enchaînent. Ainsi, le film débute de manière assez sérieuse où le protagoniste principal, un chef de gang (incarné par Tony Leung Ka-fai, déchaîné comme jamais), affirme qu'il doit préserver son statut en démontrant sa force, moment de solennité qu'il brise aussi sec par un petit pas de danse très kitsch que le protagoniste effectue pour marquer son ascendant sur son adversaire, non sans lui avoir refait juste avant le portrait à coup de bouteille et autres objets à portée de main. Un changement de registre dont le cinoche de HK est bien sûr très friand, mais j'ai rarement vu son pareil en insistant, de manière aussi décalée et comique, sur ce qui constitue l'autorité d'un gangster, et par suite, les problèmes de communication dont il fait l'objet, sans en oublier les conséquences souvent violentes sur son entourage. Ainsi, ça n'arrête pas de jouer avec les codes d'un déroulement somme toute très classique : un patron à l'ancienne, respectant dans sa chair et son sang loyauté et fidélité, veut se débarrasser de ses concurrents, pensant être victime de complot envers sa personne. Une spirale de violence qui finira par retomber sur ses proches.

Polar HK oblige, The Triad Zone n'oublie pas d'envoyer la marchandise avec des séquences de haute tenue et à l'exécution graphique bien sentie (faut pas l'énerver ce boss malgré ses airs de fanfaron, et encore moins son garde du corps, même lorsqu'il fait son coming out). Un film qui se nourrit aussi d'un background très intéressant (comme le flash-back sur la rencontre du boss avec sa femme - la charmante Sandra Ng avec ses oreilles à la Minnie Mouse -), et de séquences décomplexées, insolites, savoureuses (comme le dialogue zen un peu à côté de la plaque où l'on retrouve toute la bande sous une bagnole pour échapper aux balles d'un sniper embusqué, ou encore la divinité pacifiste qui aide le boss par un malentendu).

Bref, ça fait plaisir de voir un tel film qui parvient à jongler avec autant de genres et de tonalités à la fois, sans pour autant perdre son identité et son fil rouge. Et pourtant ça ne tenait pas à grand chose pour que le film dévisse complètement (à l'image de l'apparition d'Anthony Wong venant de nulle part, tellement jouissive en soi), mais avec la confrontation finale de deux couples de la pègre, l'un issu de la jeune garde, l'autre de l'ancienne, en plus de reprendre de solides rails narratifs, The Triad Zone s'achève sur une belle touche d'émotion qui rééquilibre le tout : les femmes ont désormais le droit de participer à ce monde si masculin. En résumé, un polar HK typiquement Nouvelle Vague par sa réflexion sur l'idée et l'évolution du pouvoir dans les triades chinoises, également familier de la rupture de tons que l'on trouvait plutôt aux années 80-90. Un mélange franchement ludique et intéressant.

Note : 8/10

[Jed_Trigado]

Tout le passage avec Anthony Wong vaut a lui seul de découvrir le film.

[Dunandan]

Tiens, du coup je le mentionne dans ma critique, car en effet c'est surtout à ça que je pensais lorsque je dis que le film était "à deux doigts de dévisser" (mais bon Dieu, que ça fait du bien ce genre de "dévissage" )

[Dunandan]

Hero, Zhang Yimou (2002)

Alors que je n'avais pas revu Hero depuis des années, et après l'avoir rejeté comme bien du monde tant pour ses surenchères esthétiques (alors que le genre du Wu Xia Pian avait déjà passé un cap - plus réussi - avec Tigre et Dragon), que pour sa morale finale douteuse en faveur d'un fondement de la Chine idéalisé et discutable, finalement, avec surprise, voilà que mon appréciation est revue à la hausse.

Pour commencer, j'aime toujours autant sa structure à la Rashômon qui apporte une certaine richesse et tension au récit, bien que dans son dernier tiers ce procédé devienne assez artificiel en enchaînant les rebondissements jusqu'au-boutisme. Un aspect (artificiel) qui me fascine et me dérange tout à la fois, car la manière dont Hero est construit tient tant d'une allégorie poétisée et romancée portant sur le sens du héros et du sabre (et donc fatalement, du sacrifice), que de la reconstruction historique flirtant ici avec justification idéologique (bien que le metteur en scène s'en défende dans les interviews).

Mais en laissant de côté ce point qui n'est finalement dérangeant qu'en dernière ligne droite, d'autant plus que le personnage de l'Empereur est certainement l'un des plus intéressants du film, le seul étant avec celui de Jet Li qui connait une véritable évolution dans ses motivations, on ne peut passer à côté du travail d'orfèvre réalisé sur le cadre, les couleurs, et le son, faisant penser à du Chu Yuan ou du King Hu, sauf que là on a droit à du vrai décor naturel. Alors oui, l'abus de CGI fait parfois tiquer, mais on a quand même vu bien pire dans le genre, et cela donne bien souvent des séquences dantesques, que ce soit durant les combats, remplis d'une certaine grâce (mais moins fluides et réussis que ceux de Tigre et Dragon), ou pour capturer une certaine ambiance, mettant ainsi en valeur les mouvements de foule, la nature, ou plus fondamentalement, les déchirements passionnels.

Enfin, jusqu'à Swordsmen et surtout Trois Royaumes (qui, faut l'avouer, lui sont bien supérieurs), on n'aura plus droit à un tel casting, ce qui apporte certainement beaucoup au traitement émotionnel du film qui m'a, pour ma part, beaucoup touché (notamment la destinée de Lame Brisée et de Flocon de Neige, liés à tous jamais, quelle que soit la version de l'histoire suivie), alternant avec une triste délicatesse amour perdu, loyauté, honneur, et confiance. Bref, si je ne hisserai pas Hero comme porte-étendard du genre (ni même celui de la nouvelle vague), il possède suffisamment de qualités pour faire adhérer l'amateur de WXP élégants et stylisés.

Note : 7/10

[Jed_Trigado]

Le truc le plus regardable de la filmo de Yimou et de loin.

[Dunandan]

J'aime bien aussi Le secret des poignards volants

[Jed_Trigado]

J'ai même pas réussi a le finir celui-là.

[Scalp]

C'est meilleur pourtant Secret des poignards volants, déjà c'est moins gerbant.

[Jed_Trigado]

C'est parce tu as l'estomac fragile.

[Dunandan]

Quelques avis en rafale :


Moulin rouge : 8.5/10

Probablement ma comédie musicale live préférée... Les reprises tuent et collent toujours au propos du film, et pourtant on y va dans la diversité avec Elton John, NIrvana... L'ambiance est folle, hystérique diront certains, mais c'est propre à l'esprit du Moulin rouge, servie par un montage survolté où la caméra se pose rarement. Sans oublier le duo Kidman/Mc Gregor, tout simplement parfait!


Le roi singe : 8/10

Le genre du wxp fantastique, surtout celui des années 80-début 90, était bien acoquiné avec l'humour non-sensique à la sauce HK, mais c'est le premier à ma connaissance qui lorgne autant vers l'auto-parodie et le pastiche. L'histoire est basée sur la légende du roi singe, et d'après ce que je sais, ça n'en reprend que quelques éléments, surtout les personnages, mais pour le reste, c'est apparemment très très libre comme adaptation.... Pour ma part, j'ai beaucoup aimé la manière dont on passait d'un ton à l'autre, du coup on ne savait pas trop à quoi s'attendre. Le seul soucis, c'est qu'on a l'impression qu'il manque parfois de petits bouts, car bon il y a de sacrées ellipses quand même à quelques endroits... (rien de bien grave, ça rajoute au côté humoristique de la chose). En tous cas, c'est le haut du panier si on aime le genre (incluant le côté carton en pâte pour les décors et les sfx, moi j'aime...), et je pense qu'une seconde vision pourrait être profitable.


Mermaid : 3/10

C'est encore pire que ce je pensais. Jamais drôle (TOUS les gags tombent à plat, au mieux ça m'a fait esquissé un sourire ou deux, les ruptures de ton sont mal gérées, pourtant habituellement le gros point fort de ce réalisateur), mal emballé (les sfx par contre ne sont pas si mauvais mais ils ne servent à rien ou sont mis en scène de façon ridicule, comme le trampoline, moyen de transport pour les sirènes), encore mal aux yeux à cause de la couleur flashy des costumes et des décors, et au crâne à cause de la stupidité du scénario et du surjeu global des acteurs. Ne restent que le charme de l'interprète principale et quelques scènes relativement sympathiques mais noyées dans l'ensemble. Un film qui m'a rendu triste au final quand on sait de quoi Stephen Chow est (était ?) capable. Edit : Vu les nombreux avis positifs que j'ai pu lire ici et là, je retenterai à l'occasion, on ne sait jamais, j'étais peut-être mal luné...


Toy Story 2 : 8.5/10

Je pensais être déçu en le découvrant adulte, hé ben non, comme la plupart des Pixar, c'est bien tant dans le fond et la forme. Bon, certains aspects visuels ont moins bien vieilli que d'autres, tels que les passages à l'extérieur, mais j'ai surtout été impressionné sur le contenu. Après avoir développé avec le premier opus un thème intéressant (un jouet en train de prendre conscience de son état), en voilà un autre qui ne l'est pas moins, à savoir la question de la durabilité et la relation du jouet avec son maître, donnant lieu à de très belles séquences d'émotion. Mais la dynamique n'est pas en reste sans tomber pour autant dans un rythme survolté pour combler du vide. Bref, Pixar avait déjà le truc pour proposer un produit à la fois divertissant et réfléchi tant pour les enfants que pour les adultes.


Le voyage d'Arlo : 7/10

La forme bute malgré un character design assez enfantin. Sinon cela se repose sur une quête initiatique peu originale, mais l'amorce, à savoir les dinosaures qui auraient survécu au temps avec donc une avance sur les humains dans l'évolution, est suffisamment bien mis en oeuvre, simple sans pour autant être simpliste (avec un fond très humaniste si on peut dire), pour tenir en haleine le spectateur. Bien sympa pour un Pixar mineur.

[Mark Chopper]

Moulin rouge : 8.5/10

Probablement ma comédie musicale live préférée

Bon, je t'apprends que tu viens d'être destitué de ton poste d'administrateur à l'unanimité.

[Jed_Trigado]

Il a édité comme un chacal, j'étais passé a côté de ça.

[Alegas]

Désormais, pour être dans l'équipe modo, faut aimer le style Luhrmann, s'tou.