[Mr Jack] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Lun 26 Sep 2016, 10:43

Pour lui et les personnes qui aiment l'abstraction ;) Je comprends aisément qu'on puisse aimer ce genre de film, honnêtement, j'aurais voulu l'aimer, mais c'est au dessus de mes forces :mrgreen:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Mr Jack » Lun 26 Sep 2016, 21:41

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-- 7.5/10 --

Difficile de noter. Narration un poil bordélique, on a souvent du mal à se placer et à suivre tellement la caméra ose. Mais à partir de cette scène de shooting dans l'appartement, il n'y a quasiment rien à dire. On galvaude souvent ce terme mais là c'est de la pure virtuosité dans la mise en scène. Tsui Hark expérimente beaucoup et son film possède un vrai souffle qui frôle l'épique à certains moments. Une fois qu'on comprend vraiment qui est qui, c'est beaucoup plus fluide et passionnant à regarder. Ca demande clairement un revisionnage, mais niveau scènes d'action c'est difficile de faire mieux que toute la dernière demi-heure.

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-- 7.5/10 --

Dur de faire une suite à un chef d'oeuvre. Impossible ? Non, la preuve. Frankenheimer ne fait pas la connerie de prendre ni le contrepied total, ni le pari de refaire le même film délocalisé. Au lieu de ça il crée une ambiance totalement différente. On est plus à New York mais à Marseille (sans "s" bordel !) et on suit Popeye paumé sur la canebière, au bord du gouffre et jusqu'à la rupture pour choper son nemesis, la "frog" dealer de came. Si on ne trouve pas la maestria de Friedkin, le film a beaucoup d'autres qualités et garde le réalisme du premier en le rendant encore plus poisseux, plus sale et plus déprimant. L'important c'est Popeye et sa destinée qu'il a mis en suspend pour servir ses principes de flic. Une suite très âpre et réussie, sans arriver totalement au niveau du premier opus. Mais ça c'était vraiment mission impossible.

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-- 6.5/10 --

Sulfureux sans être scandaleux, c'est ni un navet ni un chef d'œuvre brulot féministe. C'est surtout un film à l'histoire très simple (pour pas dire bêta) et aux acteurs très mauvais. En dehors de ça il y a de belles choses, au niveau de la mise en scène et de la mise en chair. C'est un divertissement provocateur et subversif fait par un vrai réalisateur qui avait envie à la fois de choquer et de faire un vrai film. Marchandise livrée.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar pabelbaba » Lun 26 Sep 2016, 21:51

Même note à FC2 et à T&T, une tite dépression peut être? :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Lun 26 Sep 2016, 22:37

En dehors de ça il y a de belles choses


Fuck yeah 8)

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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Mr Jack » Mer 28 Sep 2016, 11:34

Ca vaut quand même pas ça:

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:eheh:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Mer 28 Sep 2016, 11:43

Bah les strip-teaseuses qui restent habillées, je te les laisse :mrgreen:
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Gone Girl - 10/10

Messagepar Mr Jack » Mar 25 Oct 2016, 23:54

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GONE GIRL (2014)

▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔
david fincher
10/10

(be careful : cet avis contient de vrais morceaux de spoilers dedans !)

« What are you thinking ? How are you feeling ?
What have we done to each other ? What will we do ? »


Des premiers mots susurrés comme un secret, celui d'un ménage qui se divise en deux. Un homme, une femme. Et des non-dits. Le film, lui, est partagé entre deux parties, deux faces d'une même pièce.

Première partie : Mind Games.

Comme Nick Dunne et sa soeur jumelle, David Fincher aime jouer au Mastermind. Son trip ? Construire un puzzle et disséminer les pièces. Dans The Game, l'esprit de Kafka donnait à Michael Douglas des vertiges, perdu dans un labyrinthe éreintant qui ne lui laissait le choix que d'aller au bout de chaque allée, quitte à risquer la sortie de piste. Dans Seven ou Zodiac, on courait après un serial killer en retraçant les indices, quitte à frôler la mort, la toucher du doigt. Fincher aime jouer et adore par-dessus tout tester les limites de ses personnages, pour finir par les dépasser.

Dans cette première partie, on a un fait : une disparition. A partir de là, l'intrigue se met en place. La police locale entre en scène, examine les indices, accumule les preuves, les témoignages, emmagasine les informations, les croise pour en faire ressortir une logique, un processus amenant au coupable. En somme, une intrigue policière classique. Oui mais là où Gone Girl fait mieux que le thriller basique, c'est qu'il amène un discours méta à son intrigue, un discours qui va conditionner le film jusqu'au bout et créer une sorte de fil rouge intellectuel. Au sein de l'enquête se trouve une chasse au trésor propre au couple concerné. Clue one. Clue two. Three, four. A chaque étape de l'enquête dans l'enquête, l'une discute avec l'autre, la nourrit et permet à la narration de s'oxygéner, de s'auto-gérer, presque. Ce qui laisse mieux la place à l'ambiance et au ton de s'imposer.

Si l'on peut déceler une habitude dans le traitement de l'image chez Fincher, ça serait le filtre. Dans ce premier film dans le film, Gone Girl parait une robe bleutée, teintée d'un gris froid et morbide. Amy Dunne a disparu, pourtant la mort rôde. Non sous sa forme rougeâtre du sang qui jaillit mais sous l'odeur du corps inanimé, tout juste dénué de vie. Un corps, physique, ou plutôt une mort immatérielle ?

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« Officer Jim Gilpin: You ever hear the expression the simplest answer is often the correct one?
Detective Rhonda Boney: Actually, I have never found that to be true. »


Qui dit enquête dit enquêteurs, et donc détectives. En charge de l'affaire : Miss Boney. Sa vie privée, on s'en moque. Ce qui compte, c'est son implication et son esprit critique. Elle remet en cause les discours et suit son instinct. Plus que la figure d'autorité, elle représente le public, qui joue à ses côtés à emprunter son statut, son regard sans avoir son pouvoir décisionnel. Et comme on est dans un film intelligent, au script censé, où les bases sont posées d'entrée par le style et l'exigence propres à Fincher, il n'y a pas de cadre qui va l'écraser sans raison ni de bâtons dans les roues disposés gratuitement pour ralentir le rythme. Le pas est lent, pesé, et l'implication de Boney rime avec ses responsabilités qui pèsent sur ses épaules, avec un dosage propre à la réalité.

Le jeu de pistes ne se contente pas d'un suivi linéaire des preuves mais les indices prennent plusieurs formes. Au sein du cadre, les détails sont significatifs. Dans les dialogues, les tournures de phrases annonciatrices (ou non). Le jeu est varié et très stimulant pour celui qui regarde. Fincher et Flynn (l'auteure du livre éponyme et scénariste du film), ne se contentent pas de dérouler, ils jouent avec le spectateur sans abuser de leur pouvoir. Jusqu'au dénouement, au déclic.

Partie 2 : Manipulation

La mort s'en est allée, évaporée. On n'est plus dans l'enquête, le jeu d'esprit, qui s'est révélé être, quoique très ludique et stimulant, inutile pour le déroulé des faits, puisque se reposant sur un acte qui n'a pas été commis. On est désormais dans le réel. Le concret. Comme si on regardait jusqu'à présent un programme enregistré et qu'un logo “live” venait de s'allumer. Ce twist, placé en plein milieu du film, permet de passer à un autre film puisqu'en retraçant les pas de l'intrigue, il inverse la perception de ce que l'on venait de voir. On passe de l'autre côté du miroir. Et dans le terrier du lapin, tout est noir.

Un nouveau discours se met tout de suite en place. La réponse à la question de la nature matérielle ou non de la mort se fait nette et précise. Le mariage est mort. Le corps est encore chaud, et comme les accents inquiétants de la musique peuvent le laisser paraitre, il n'est pas à l’abri de se relever à tout moment. Le divorce, l'échec, surgissent, et posent les bases d'un nouveau jeu. Amy va-t-elle revenir ? “I dare you to come back”. Annonce Nick. Les règles sont simples : manipuler les apparences pour arriver à ses fins et prouver à l'autre sa force -ou sa raison.

A ce moment-là du film, la police est reléguée en fond, et les médias représentent le nouveau tableau. Les écrans sont partout. Autant d'outils pour faire passer un message, que l'on tord et malaxe à son envie. Un constat est sûre : le plus facile à manipuler, c'est bien l'opinion publique. Et le rôle de la télévision est prépondérant. Fincher semble utiliser en partie la théorie de la communication à double étage des sociologues Lazarsfeld et Katz qui disaient (en 1955!) que le message, avant de passer des médias à la bouche des consommateurs, se relayait par des leaders d'opinion, qui jouaient leur rôle d'influence sur les décisions de l'opinion publique. Ici, l'opinion publique de Nick ne se base pas uniquement sur les faits, mais se construit sur l'appropriation de ceux-là par les leaders que sont les animatrices télé. Elles vont, par leur pouvoir (défini par l'audience, l'aura et l'influence sur une communauté, ici celle des femmes) définir l'opinion publique de Nick. Et le film va, non pas uniquement dénoncer superficiellement, mais montrer comment l'opinion varie avec le vent, et les avis, jugements, décisions, avec. La plus forte variante étant l'image. Une photo peut tout changer. Et l'image se façonne, se construit pour devenir une apparence, quitte à écraser le réel.

On utilise, manipule l'image pour prouver quelque chose à celui qui regarde. Nick travaille sur son opinion, contre les vagues de haine et se construit une nouvelle apparence pour s'adresser à sa femme. Amy, elle, n'attend que ça, et va jauger son mari par l'application des règles qu'elle a imposé elle-même en créant le jeu dès le départ. Elle le dit : elle a construit Nick selon son image de l'homme parfait et si son départ était une sanction, son retour potentiel représente un test : celui de prouver qu'il était digne d'elle. L'enjeu, caché derrière tout ce travail machiavélique et sournois…le mariage.

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Nick Dunne: Fuck. You’re delusional. I mean, you’re insane, why would you even want this? Yes, I loved you and then all we did was resent each other, try to control each other. We caused each other pain.
Amy Dunne: That’s marriage.”


Voilà le thème principal du film. La raison de tout et la résolution de l'enquête. Le mariage est mort, le divorce est inéluctable. Ce principe s'applique à notre société, où le taux de divorce n'a jamais été aussi haut et la vision de l'acte marital aussi discuté. Fincher, si on a appris à le connaitre via ses œuvres, a prouvé plus d'une fois (Millenium, Fight Club) que l'amour pouvait se construire, se ressentir et se partager par la violence. Son côté SM s'applique de plein fouet à cette institution. Le mariage demande des efforts et le désir, vivace au début, est voué à se déliter, et mourir. La situation de couple que forment Nick et Amy est finalement assez classique. Deux êtres s'aiment, puis un évènement bouscule leur équilibre, puis les ressentiments, les frustrations, les échecs, s'écrasent sur l'autre plutôt que d'être assumés. L'amour se délite, la passion s'échappe. Alors l'être le plus faible cède et part la chercher ailleurs. La cassure est faite, et la fin certaine.

La vision est noire, cynique. Le mariage n'amène que souffrance. Demande des sacrifices. Ravaler sa fierté, son orgueil, trouver des compromis, tendre la main en acceptant d'avoir tort. Le mariage c'est travailler, lutter contre ses pulsions et trouver une paix intérieure, un équilibre avec l'autre. Le film va plus loin, insinue que mariage est avant tout un jeu d'apparences. Une mise en scène de soi, où l'on se construit une personnalité à l'image de ce que l'autre désire. Le plus gros du travail consistant à garder cette représentation intacte sans faiblir. Sinon la fissure fait tomber les masques et ressortir les faiblesses, les rancœurs. Derrière la situation classique de la rupture, le couple de Gone Girl montre que derrière l'effort inhérent au contrat de mariage passé entre un homme et une femme se cache une manipulation malsaine, superficielle. Amy s'est construite à l'image du fantasme projeté par Nick. La “cool girl”. Derrière cette mise en œuvre, qui appelait dans un premier temps une réciprocité implicite et naturelle, se met en place le façonnement de l'homme lui-même.

“I made him smarter. Sharper. I inspired him to rise to my level. I forged the man of my dreams. We were happy pretending to be other people.”


Le mariage n'est qu'un jeu de dupes, une manipulation entre deux êtres avides de contrôle, de liberté individuelle, refusant de s'enfermer dans un cadre restrictif perdant tout son sens.
Une fois que l'on essore ce constat glaçant, il en découle une entité. De genre féminin. Amy. Amazing Amy. Sociopathe ou femme forte ? Frankenstein ou son monstre ? La chef d'orchestre de tout ce processus ludique et malsain est-elle une psychopathe ou une “battante” ? Où se situe la ligne entre réalité et horreur ? Entre clairvoyance d'esprit et folie destructrice ? Comme tout être humain, Amy se construit sur des traumas liés à l'enfance. Avant de devenir “Amazing”, Amy existait déjà, mais forcée de vivre dans l'ombre d'une projection fictionnelle de sa propre vie conçue par ses parents. Comment lutter contre le besoin de contrôler son identité quand toute sa vie on se bat contre son avatar, crée pour récupérer les actions que l'on mène et les amener à leur paroxysme ? Comme tout être humain, Amy rejette aussi la responsabilité de ce qu'elle est devenue sur ses parents en promettant de ne jamais devenir comme ceux qu'elle décrie. Si Amy gomme la ligne entre bien et mal, entre manipulation et annihilation d'autrui, est-ce sa faute ou celle de ses créateurs ? Qui l'ont poussé à porter en elle une valeur malsaine : celle de devoir toujours s'élever au niveau d'un(e) autre. Cette valeur, elle l'appliquera pour Nick, en allant là où ses parents ne sont jamais allés : détruire la bête qu'elle a créée.

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“Amazing fucking Amy is getting fucking married!”


Amy psycho- ou sociopathe, elle assure assumer ses actes. Elle évite la mort tout en la provoquant chez l'autre. Ses traumas lui ont amené l'instinct de survie. Elle est devant nous prédatrice, force toute puissante du film. Si l'homme apparait faible devant ses tentations, la femme est le cerveau de toute opération. Des présentatrices télévisés tenant l'opinion publique dans leur main, à la détective en chef, en passant par la hyène hillbilly qui va se faire passer pour une proie pour mieux berner, la femme a beau être disparue, elle n'en reste pas moins le sexe fort. Amy, sait-on d'elle, sait flairer le danger. Sa relation avec le sexe faible se résume à un jeu de contrôle. Si l'étau se desserre, si la peur émane de l'autre et l'échec pointe le bout de son nez, elle immobilise, resserre son étreinte et en bonne mante religieuse, sectionne la tête avant de s'enfuir. Non sans effacer ses traces. Control freak, assurément. Sociopathe, sûrement. Amy est pour sur le personnage le plus fort du film, celui qui dresse ses constats, articule ses discours, porte ses différentes facettes et symbolise finalement à la fois son coeur et sa tête. Amy, comme le film, est à la fois folle et réfléchie comme profondément complexe.

Si Fincher n'a pas toujours utilisé ses personnages féminins avec autant de force et de puissance que dans Gone Girl, le réalisateur avait cette envie de continuer la lignée lancée par Millenium, où déjà Rooney Mara portait le film sur ses frêles épaules. Au-delà d'une Rosamund Pike transformée selon ses envies, en véritable caméléon, Fincher prouve une nouvelle fois sa finesse dans l'utilisation de ses acteurs. Ici, rejoignant le sens global du film, il les manipule totalement.

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“This case is about what people think of you”


Sans les transformer totalement, qui peut être une technique de direction ; ou bien procéder à un effacement progressif de la personne derrière le masque pour mieux créer le personnage à partir d'une page blanche, qui en représente une autre ; il les utilise de façon plus subtile et plus froide, encore. Fincher semble se servir de ses acteurs pour ce qu'ils paraissent être. Il prend leur image, s'en accapare et s'en sert comme point de départ pour le personnage concerné. Comme s'il analysait froidement l'apparence de chacune des personnes avant de construire un personnage à partir de cet aspect. Et cet aspect, finalement une simple interprétation de ce que semble être cet homme ou cette femme, va muter en quelque chose de fort et dépasser tous les à priori. Tous semblent avoir été castés pour ce qu'ils semblent être : Ben Affleck pour un alpha-male un peu bêta sur les bords, Rosamund Pike pour une femme froide et bitchy, Tyler Perry pour un guignol sans principes, Emily Ratajkowski pour la fille sexy aux gros seins, Casey Wilson pour la teubé de service, etc. On peut y voir une certaine honnêteté dans l'utilisation des acteurs, et un jusqu’au-boutisme ensuite pour tenter de placer l'évolution de ses personnages au profit d'une cohérence globale. Le film se basant sur les apparences trompeuses et sur la manipulation.



Au-delà de ce que le film raconte, dresse, il raisonne. Par ses airs inquiétants et troubles, la bande son n'accompagne pas le film, elle est le film. Elle en fait partie, comme le sang dans les veines. Sans la musique de Trent Reznor et Atticus Ross, réunis pour la troisième fois d'affilée autour de Fincher, après The Social Network et Millenium, le film n'aurait pas ce souffle mélancolique, cet air de tragédie annoncée et ses élans mécaniques d'où gicle l'ahurissement, la violence. Cotonneux, au gout de sang séché, de mauvais souvenir, l'air soufflé par Reznor et Ross forme pendant le long du voyage un nuage noir au-dessus d'une tête éclaircie. A moins que ce soit l'inverse. La musique n'anticipe ni ne suit, elle compose, ce qui devrait être sa nature pour chaque commande, finalement. Les deux compositeurs remplissent à la perfection leur rôle, en attendant le prochain.

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Le film se referme comme il a commencé. Les mêmes mots. Soudain, le dernier “What will we do ?” ne raisonne plus comme un présage mais comme une fatalité. Que va-t-il bien rester d'eux ? Le piège prendra t-il la forme d'un cercle vicieux, autour duquel le couple va continuer de tourner incessamment ; ou bien la forme d'une cage, enfermant deux âmes arrivées au paroxysme de leur énergie, poussées par la volonté d'en découdre. La mante religieuse finira t-elle par dévorer sa proie ou bien la proie n'est-elle pas celle que l'on croit ? Après tout, l'apparence n'est qu'un leurre qui finit par se décomposer. Après le souffle de la vérité finale, qui peut dire qu'il en restera quoi que ce soit ?

“Nick and Amy will be gone, but then we never really existed.”
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Val » Mer 26 Oct 2016, 08:41

Classe :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Hannibal » Mer 26 Oct 2016, 08:59

pas mieux :super:
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Criminale » Mer 26 Oct 2016, 12:45

Géniale.

Ca me donne envie de me le refaire.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Mer 26 Oct 2016, 12:46

Pour le meilleur et pour le pire, c'est surtout pour le pire ouais. Le meilleur vaccin qui soit contre le mariage ce film. :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2016

Messagepar Mr Jack » Mer 26 Oct 2016, 16:25

Pour le meilleur et pour le pire, c'est surtout pour le pire ouais


C'est ça :eheh:

Cimer les gars :super:
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Fils de l'homme (Les) - 9/10

Messagepar Mr Jack » Ven 11 Nov 2016, 00:02

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CHILDREN OF MEN (2006)

▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔
alfonso cuaron
9/10


« As the sound of the playgrounds faded, the despair set in. Very odd, what happens in a world without children's voices. »

Toc, toc. C'est la réalité qui vient ressurgir devant ta porte, dix ans après. On a rarement crée un film aussi bien dosé, Children of Men c'est à la fois le brulot ultime et le chef d'oeuvre discret. Une grande oeuvre technique qui pue le cinéma à chaque seconde et qui manie discours et virtuosité (dans toute sa pureté, jamais dans l'esbroufe -coucou Inarritu). Qui allie ambiance et message, horreur et humanisme. Un film profond et simple, mais tellement riche, tellement passionnant à lire, à vivre, à ressentir. Que ce soit avec des yeux d'homme ou de femme, encaissant les vibrations de justesse provenant du miroir qu'on nous tend ; ou par le regard du cinéphile, du spectateur, halluciné devant toute cette maitrise formelle, ces plans séquences et ces plans tout court obsédants de vérité pourtant artificielle. La seule fois où les fils apparaissent, ce sont dans les quelques facilités qu'on accepte malgré tout, sans oublier leur présence. Reste ce dosage inégalé dans la construction de cette ribambelle de personnages tous importants dans la cohérence globale du propos. Tout ça raisonne en nous bien après la découverte de ce film choc, une fresque sur l'Homme, avec un grand H, et ses fils, désabusés mais combattants.


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13 Hours - 8/10

Messagepar Mr Jack » Ven 11 Nov 2016, 00:20

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13 HOURS (2016)

▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔
michael bay
8/10


« You're not giving orders. You're in my world now. »

En plus d'être le film le plus premier degré de Michael Bay, c'est sûrement le plus réaliste (l'un n'allant pas forcément avec l'autre). Le réal ne se cache pas derrière la bannière "true story" mais prend le sujet à bras le corps, s'investit réellement dans le destin de ces six gars, six héros discrets mais grandes gueules. Ce qui ressort avant tout du film, ce ne sont pas les dialogues, souvent à la recherche de la punchline parfaite (à la limite, ça fait partie du deal passé avec Bay); ni un message politique à charge (même si on sent bien l'absurdité et la complexité feinte de la situation) ; mais le courage. Tous les personnages, du petit traducteur lybien, à l'agente de la CIA impuissante, au chef qui encaisse tout, aux soldats qui ne comprennent pas ce qui se passe autour d'eux ; partagent une bravoure qui dépasse le drapeau étoilé mais qui va chercher dans la simplicité de l'humanisme. Celui qui se cache dans tout homme et toute femme, prêts à se battre pour protéger leurs valeurs. Encore une fois, le patriotisme fait partie du style du réalisateur, et à ce moment là de sa carrière, c'est plus une surprise ni un critère sur lequel on devrait rester fixé. L'essentiel est ailleurs, et passe par la sobriété (là, surprenante) dans la réalisation et l'application de la proposition. On est pas dans la violence pour tâcher, ni choquer. On est dans le combat à balles réelles, pas dans le bodycount pour le fun. Les hommes pleurent, les femmes se battent et les enfants sont les premières victimes collatérales de tout ce gâchis. La photographie est léchée, et les filtres apportent un aspect très moderne à l'ensemble. Pas de ralentis bidons, ça bouge et ça tue. Une vraie belle surprise et un bon film, remuant dans tous les sens du terme.


Image Image Image Image
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Folle histoire de Max et Léon (La) - 7,5/10

Messagepar Mr Jack » Dim 13 Nov 2016, 20:10

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LA FOLLE HISTOIRE DE MAX ET LEON (2016)

▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔
jonathan barré
7.5/10


« C'est bien. C'est beau. C'est boche. »

Belle surprise, si on part du principe qu'il est difficile de transposer l'esprit comique d'un format à l'autre. Max et Léon n'est pas un sketch version longue du Palmashow, même si on y retrouve toute la bande et si on y retrouve des runnings gags du duo. C'est structuré comme un film, rythmé comme un film, narré comme un film. Avec des personnages bien construits, avec leurs gimmicks, leurs enjeux, et une énorme place faite aux rôles secondaires, tous très bien gérés. La grande force du film, et ce qui faisait celle du duo à la télé, c'est le dosage. L'humour, mélange de parodies référencées et de mauvais gout, est parfaitement dosé tant dans l'ardeur des mots (ils vont loin jusqu'à la ligne sans jamais la franchir gratuitement) que dans le temps à proprement parlé du gag. On sent une maitrise dans le rythme encore plus forte que dans leurs meilleurs périodes du Palmashow. Le fait d'avoir su créer deux "soirées" d'un format équivalent au film là a du énormément aider. Donc la structure est solide, la gestion du rythme aussi, il reste une marge énorme pour installer leur style dans le format ciné et là clairement c'est une réussite. Ils transposent tout ce qu'ils veulent avec touché et aisance. On sent une vraie liberté de ton, et ils vont jusqu'au bout du délire, en soignant les chutes et les pirouettes. Au niveau de l'acting, là aussi ça se repose sur du solide. La troupe est habituée à travailler avec la team Palmashow et on sent un vrai plaisir de s'amuser à l'écran, même pour les guests, tous excellents. La seule limite peut être sur l'adaptation du discours comique à un plus grand public. Mais à la limite, quand Les Nuls font La Cité de la Peur ou Chabat fait Astérix 2, les non-adeptes ont du se perdre dans les références très marquées. Donc la limite est relative. Pour les amoureux du duo, c'est un classique instantané. Alors même si le récit n'est pas révolutionnaire, c'est drôle, ce qui met à l'amande, quoi, 80% des comédies françaises de merde qui sortent chaque semaine. (Ca, c'est dit). Voir très drôle, si peu qu'on adhère à l'humour noir et au mauvais esprit (l'enchainement de gags parodiques sur les nazis c'est déjà culte, on avait pas vu si cru depuis les OSS 117). La maitrise affichée ouvre clairement à de nouvelles aventures, soit de Max et Léon, soit de Ludig, Marsais et Barré. Donc vivement.
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Mr Jack
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