[Jimmy Two Times] Mes critiques intermittentes en 2016

[Mark Chopper]

Tu enchaînes sur une rétro Charles Laughton juste après. Deux rétros plus rapides que Mann et Kitano.

[Jimmy Two Times]

Ça dépend, parce que si je dois mater ses films en tant qu'acteur, j'en ai jusqu'en 2044.

[Alegas]

Halloween - Rob Zombie - 2007

Relecture intéressante de la figure de proue du slasher de la part de Rob Zombie, ce remake se démarque du tout venant et de l'original par sa hargne et son côté bourrin/rentre-dedans. Tout d'abord car il prend le temps de s'attarder pendant la 1ère partie sur l'enfance de Michael Myers, marchant à peu de chose près sur les plates-bandes des films avec des gamins possédés, du moins en ce qui concerne le rythme et les situations. La violence sans concession qui déborde de chaque scène majeure fait mal, très mal. Zombie se réapproprie totalement le mythe mais a du mal à hisser son film au dessus de sa condition. C'est dommage car on sent un univers ultra personnalisé qui aurait pu donner un résultat encore plus percutant. Une fois que Myers devient adulte, on revient dans un univers plus balisé et on a le sentiment de voir truc linéaire, trop fidèle sûrement au film de Carpenter. Et certains points ont même tendance à énerver comme cette évasion complètement WTF qui, si elle fait mal, prête également à sourire avec ses flics manchots. Des situations un peu dures à avaler qui s'accumulent et entâchent le ressenti final. N'empêche que Zombie fait le taf et que le lien de parenté avec ses projets les plus personnels est évident, montre que le bonhomme est une voix importante du cinéma de genre contemporain. Bête slasher, mais tellement plus recommandable que la bile cinématographique vomie à longueur d'année par les studios pour répondre aux besoins de sensations fortes de spectateurs peu exigeants.

6.5/10

[Jed_Trigado]

T'as vu la version ciné ou DC ?

Globalement, je suis assez d'accord avec toi, mais je vois mal comment Zombie avec une telle structure aurait pu se défaire de l'ombre du Carpenter, c'est d'ailleurs pour ça que je préfère sa suite, plus risquée mais surtout libérée du poids du film original.

[Jimmy Two Times]

J'en ai aucune idée

La suite ne m'a pas convaincu. Si je te rejoins sur le principe que Zombie s'affranchit du poids de la licence ( ce qu'il faisait très bien dans la première partie d'Halloween 1, mais pas du tout dans la seconde partie), j'ai vraiment trouvé le traitement lourdingue. Hormis quelques scènes bien cradingues comme il faut, tout ce qui tourne autour de Laurie et ses copines m'a saoulé. Je préfère ne pas parler des apparitions de Sheri Moon, je pourrais être vulgaire... J'ai plus eu l'impression que Rob s'emmerdait un peu derrière sa caméra et qu'il a fait cette suite pour le fric (ce qui peut se comprendre). Finalement, on en revient toujours au même point. Le slasher est un genre bien anecdotique sur l'échiquier du cinéma.

[Jimmy Two Times]

The Devil's Rejects - Rob Zombie - 2006

Il n'y a pas photo, c'est clairement deux crans au dessus de ce que Rob Zombie a pu proposer dans la Maison des 1000 Morts. L'histoire reprend peu ou prou là où le film précédent nous avait laissé. La famille déglingo sévit toujours et se fait la malle malgré le canardage en règle de son taudis rempli de cadavres. Oubliez les erreurs inhérentes à un premier film, Zombie affirme son style avec hargne et ne fera aucune concession sur l'autel de la bienséance. Côté victimes, les geeks neuneus laissent place à une bande de roadies un peu plus mûrs en apparence, mais tout aussi novices face à la folie de leurs bourreaux.

The Devil's Rejects séduit davantage par sa forme, bien moins tape à l'oeil, et par son amour indéfectible pour le cinéma des années 70. On pense à Peckinpah et à tout ces réalisateurs de caractère de cette époque bénie au cours de laquelle la transgression était une religion. L'humour noir, indispensable pour ce genre bobine, fait régulièrement mouche et contrebalance la brutalité des images. Le film n'est pas un summum du gore, mais il fait mal, souvent. Quand une pauvre fille croit échapper aux griffes du diable, elle se fait littéralement exploser par un camion qui passait par là. Elle n'avait qu'à regarder à gauche et à droite avant de traverser cette conne.

C'est également l'occasion de retrouver ce cher Capitaine Spaulding, bien plus présent à l'écran, et qui ne fait pas dans la retenue quand il s'agit de participer au massacre. Là où le bas blesse un peu, c'est sur le côté revenge movie. Le shérif Wydell, frère d'une des victimes des Firefly, fait illusion au début mais la façon dont il bascule dans la même folie que ceux dont il a juré de se venger prête un peu trop à sourire. Un flic au langage de charretier, qui va évidemment abandonner assez rapidement l'idée de respecter la loi pour mieux l'outrepasser. Heureusement, tout se finit bien avec une dernière bobine rageuse et encore une fois parfaitement accompagnée côté soundtrack. Quand Zombie clôt la folle cavale des Firefly avec Freebird en toile sonore, ça a autrement plus de gueule que la scène de la honte dans Kingsman. Toute la différence entre un cinéma qui se croit irrévérencieux mais qui en fait se fout de la gueule du spectateur et un cinéma qui se fout de l'avis du spectateur en lui en mettant plein la gueule.

[Moviewar]

Outrage - Takeshi Kitano - 2010

Après avoir difficilement digéré le visionnage de la trilogie introspective de Takeshi Kitano, je me lance enfin dans la dernière ligne droite de la carrière du bonhomme avec un diptyque vendu sans prise de tête. Kitano le dit lui même dans la présentation du film, pas de place pour les sentiments dans Outrage. Il a conçu son film comme un manga live pour un résultat sans aucune baisse de rythme au cours des 100 minutes de bobine. Le film flirte donc plutôt du côté d'Aniki que de ses chefs d'œuvre Sonatine ou Hana-Bi. En gros, on assiste à une lutte intestine entre différents clans de yakuzas, lesquels se mettent sur la tronche à intervalle très régulier. Il n'y a pratiquement pas une minute de film sans que ça défouraille, que ce soit à mains nues ou à mains armées.

Certaines scènes sont franchement fun, avec des scènes de passage à tabac ou des mises à mort bien craspec ( chez le dentiste, le cuistot/dealer ou encore une décapitation réalisée avec un combo corde/voiture/poteau sur le bord de la route ). Dans ce genre de pugilat à la sauce Fukasaku, auquel il est impensable de ne pas penser, l'élément clé de la réussite est souvent la fluidité du récit. Malgré un nombre de personnages très important, Outrage est rondement mené et on sait toujours qui est qui, qui bosse pour qui, qui trahit qui. Ce qui n'est pas une mince affaire. Hormis l'introduction d'un personnage à la con (le diplomate africain joué par un acteur de troisième zone), Outrage est un bon petit plaisir coupable et plus si affinités (ce qui fut mon cas).

Kitano a conçu son film comme une récréation pour ceux qui réclamaient son retour aux films de yakuzas. Si le film ne s'aventure jamais sur le terrain de la poésie comme ce fut le cas par le passé, il n'en est pas dénué de sens pour autant. A l'instar du nihiliste Violent Cop, Outrage résonne comme une forme de mise au point 20 ans plus tard. Au sein des clans de yakuzas, les valeurs et traditions ancestrales sont totalement bafouées. L'individualisme prime et les ambitions parfois démesurées. S'il le faut, certains personnages n'hésitent pas à liquider leur hiérarchie et ce, à tous les échelons. Outrage se veut comme un Yakusa Eiga en bonne et due forme, sans prétention mais diablement efficace.

8/10

[Mark Chopper]

Enchaîne vite sur le second, ça vaut mieux pour bien suivre l'histoire.

(Je te trouve un brin généreux, mais bon, ça se comprend après avoir découvert la trilogie)

[Jimmy Two Times]

J'en attendais rien et c'était franchement fun, limite je le préfère à Aniki. Ouais, je vais le mater rapidement le second. Et sinon t'as un lien de son dernier fansubbé en VF?

[Dunandan]

Le Flic de Beverly Hills - Martin Brest - 1984

Revoir le Flic de Berverly Hills m'a pris comme une envie de pisser. La dernière fois, c'était sur support VHS, autant dire que ça remonte. Contre toute attente, j'ai passé un relatif bon moment alors même que le film n'est pas exempt de défauts. Car entre une histoire à peine plus palpitante qu'un épisode de Derrick et une réalisation de Martin Brest sans génie, on est face à un spectacle bien linéaire et un peu mou du genou. Il faut donc compter sur l'ambiance délicieusement 80's (et sa chouette BO), l'univers chatoyant et coloré de Beverly Hills et surtout la gouaille d'Eddy Murphy pour pimenter le tout. Ce dernier est né pour ce rôle et il le lui rend bien. Avec son débit mitraillette et sa capacité à se sortir de situations délicates grâce à sa seule tchatche et des histoires à dormir debout, Axel Foley est évidemment l'atout n°1 du film.

Et notamment sa relation avec le duo Rosewood/Taggart, source inépuisable de situations comiques. La comédie policière matinée de buddy movie (à 3) fonctionne plutôt bien sur le terrain du verbe mais nettement moins sur le plan de l'action. Tout est plat de ce point de vue, hormis le sympathique final dans la villa du bad guy inexpressif. Le degré de satisfaction est proportionnel à votre attachement à la saga. Enfant des années 80, la nostalgie a bien fonctionné pour ma part. Le genre ayant quasiment disparu des radars de nos jours, ce spectacle pantouflard mais calibré pour une soirée sans prise de tête m'a séduit et a réussi à me donner envie de revoir la suite dans la foulée.

6/10

[pabelbaba]

C'est tout à fait ça.

Je reste encore amoureux de Rosewood dans le 2.

[Jimmy Two Times]

Revu le 2 dans la foulée et c'est effectivement mieux. Toutefois le film ne profite que trop peu du savoir faire de Tony Scott. Faut une nouvelle fois se rabattre sur la triplette Foley/Rosewood/Taggart dont la relation est parfaitement huilée.

[pabelbaba]

Pourtant l'intro et le final, c'est du 100% Tony Scott.

[Jimmy Two Times]

Ouais mais entre 2, ça reste gentillet. Un 7 poli pour ma part. Par contre le 3 je ne sais si je vais y arriver. Revu 10 mn et tout semble forcé. Murphy n'y est plus et à perdu sà gouaille naturelle.

[Mark Chopper]

Tony Scott qui refait Le Syndicat du crime avec Rosewood qui se prend pour Chow Yun-fat, c'est quand même pas rien.