City of Fire Ringo Lam - 198è
Alors pas le Lam le plus puissant, School of Fire étant encore un cran en dessus mais un très grand polar qui a inspiré qui on sait ( et juste inspiration, pas pompage).
Film classique de flic infiltré tiraillé entre son devoir et son amitié, ici pas de lyrisme, pas d'action héroïque à la Woo, la frontière entre le bien est plus que fine, le manichéisme Ringo il connait pas, Lam est la face sombre de John Woo.
Je vais parler vite fait du petit problème du film c'est l'histoire d'amitié entre Chow Yun Fat et Danny Lee, elle est un peu trop rapide pour qu'on y adhère facilement mais bon c'est pas non plus trop gros.
Pour ce qui est du film de Lam, bon bein comme d'hab c'est de la balle quoi. L'histoire est donc archi connu avec un flic infiltré dans un gang de braqueur, le seul petit défaut c'est que l'infiltration est un peu rapide à mon gouts enfin surtout l'histoire d'amitié entre Danny Lee et Chow Yun Fat qui arrive un peu vite, enfin rien de bien méchant.
Alors qu'on pourrait s'attendre à un gros polar d'action, Lam opte pour l'option psychologique alors bien entendu il y a de l'action mais c'est jamais gratuit et c'est clairement le tiraillement de Chow Yun fat qui intéresse Lam, un flic qui doit faire avec sa petite amie, son supérieur qui le pousse, ses "amis" truands et chaque choix qu'il fera aura une influence sur l'issue finale, une issue forcément nihiliste, Ringo oblige. Car chez Lam les options sont souvent merdique et chaque décisions poussent les personnages vers la tombe.
Une nouvelle fois on se rencontre que c'est Lam le descendant HK de Melville, il fait certes moins dans l'épure et la classe mais on y retrouve clairement le coté méticuleux du réalisateur français dans ce qu'il décrit, et il y aussi du coup forcément un coté Michael Mann avec une photo un peu identique, teinté de bleue qui renforce le coté froid de l'ensemble.
Mise en scène au cordeau où Lam prouve une nouvelle tout le talent qu'on lui connait, alors forcément le film a des scènes qu'on ne peut oublier et qui éclipse le reste du film ainsi le premier braquage qui tourne mal est bien nerveux, la longue partie de filature avec le deal d'arme c'est ce qui se fait de mieux dans le genre avec French Connection, et puis le dernier quart d'heure est monstrueux, on voit tout ce qu'on ne voit pas chez Tarantino avec un déferlement de douille et LE mexican stand off de la mort qui tue ( top 3 de ce genre de scène, haut la main).
Lam n'est pas un réalisateur spécialement visuelle, enfin il recherche avant tout l'efficacité d'un plan et non pas l'esbroufe ( Full Contact étant l'exception ), ici il va donc toujours à l'essentiel avec un montage toujours très sec, c'est souvent plan séquence ou champ contre/champ mais l'impact des images est tellement fort que la "simplicité" de la réal est ici une marque de fabrique.
Chow Yun Fat livre ici la meilleure prestation de sa carrière, alors que chez Woo il est juste une icône et il se repose là dessus, chez Lam il y a toujours un travail d'interprétation et là toute les facettes de son talent y passe, il est aussi bon dans le registre léger qu'on lui connait mais il est tout aussi dans les passages dramatique avec ce personnage perdu qui ne sait pas quoi faire et qui commettra l'irréparable dans le feu de l'action et il donne avec talent un coté vraiment touchant à ce flic perdu. Danny Lee c'est clairement pas un grand acteur lui aussi il a été catalogué dans un rôle de VRP de la police et là en truand sympathique mais dangereux ( première scène il bute un flic quoi ) il est parfait, le reste du cast c'est des habitués de chez Lam, Roy Cheung en tête.
Bo éloigné des standards HK, un brin jazzy qui colle bien à ce HK plein de mélancolie des 80's.
Lam, le maitre incontesté du polar HK, et dans le top 5 des meilleurs réal du genre, ni plus ni moins.
9/10