BD et illustrations : Vos dernières lectures

[pabelbaba]

Madame les a lus aussi (elle est super fan d'Alex Alice...), mais elle a le même avis que toi. De mon côté, j'ai juste lu le 1 et pas trouvé ça transcendant.

[Eikichi Onizuka]

Je pensais que ça allait décoller. J'ai bien aimé le premier tome et je m'attendais à quelque chose de fou dans le second. Ça n'est pas arrivé. Mais dans l'ensemble j'aime bien surtout le style graphique très brut. On voit encore les coups de crayon et de pinceaux. Puis certains persos font penser à du Miyazaki. J'attends tout de même la suite.

[pabelbaba]

En effet, Alice a laissé tomber l'encrage et balancé ses couleurs directement sur le crayonné. L'effet est particulier, voire singulier, peu d'auteurs font cela.

Sinon :


Isabellae T5 de Raule et Gabor

Je viens de finir le T5, et ben ce n'est pas encore fini! Un T6 est encore prévu, alors que pour je ne sais quelle raison je pensais que c'était le tome conclusif...

En ce qui concerne celui-ci, pas mal de révélations, enfin surtout une grosse, et une bataille géante qui s'étend sur 46 pages. C'est sympa à lire, mais peu de rebondissements et deux cliffhangers pour nous faire patienter. Sincèrement, c'est très voire trop léger. Peu de bulles, pas de changement d'ambiance, pas de décors, il manque clairement de la matière. Même si le dessin de Gabor est toujours aussi dynamique et qu'il a 50x l'occasion de le démontrer.

Comme pour Jazz Maynard du même scénariste, on sent que le second diptyque est difficile à accoucher.

[pabelbaba]

O Senseï d'Edouard Cour

J'ai profité d'un weekend dans ma belle famille à Tours pour aller au festival BD organisé sur place et acheter ce bouquin et le faire dédicacer par son auteur.

Le dessin me plaisait beaucoup, la lecture a été un peu ardue, mais la discussion avec l'auteur m'a plus ou moins ouvert les yeux sur le fait que cette BD n'est qu'une toute petite fenêtre pour découvrir l'Aïkido. Au premier abord c'est magnifique (tant l'objet que les dessins), mais pas facile d'accès. Cette biographie simplifiée de Morihei Ueshiba, son fondateur, est quand même un peu bordélique, avec des flashbacks dans tous les sens, peu de repères temporels et une dernière partie très technique.

Cependant, ce n'est pas plus mal puisque tous les secrets du senseï ne sont pas révélés et que de toute manière on sent bien qu'il va falloir creuser ailleurs pour approfondir. Les infos en fin de livre sont d'ailleurs précieuses même avec Wikipédia sous la main.

[pabelbaba]

Stern des frères Maffre

En même temps que Dargaud dévoilait Undertaker, il sortait un autre western avec un croque-mort pour perso principal.

Hormis le passé tumultueux des deux héros, les deux séries n'ont pas grand chose à voir. Ici c'est une enquête que l'on va suivre, avec quasiment aucune scène d'action échevelée ou coup de feu. On reste d'ailleurs dans la même ville tout du long.

C'est assez agréable à suivre, avec un héros qui n'a rien à voir avec les cowboys badass habituels. Ici, c'est plus littéraire et cultivé. Avec quelques pointes d'humour très bien tourné. Pour accompagner ce scénario, le dessin est plutôt atypique, un peu à la manière de Thierry Robin, avec des persos anguleux, mais aussi des décors très réussis et des couleurs dans des tons parfaits pour poser l'ambiance.

Un bon petit ovni donc, au milieu des sorties testostéronées de ces derniers temps.


La Saga d'Atlas et Axis T1 de Pau

On passe dans un univers plus enfantin avec cette série animalière médiévale-fantasy. Le dessin n'est pas super, on dirait un peu les Lucky Luke du début, quand Morris était seul aux commandes, avec des persos très ronds, des décors minimalistes et des expressions qui se limitent au sourire, l'impassibilité et le froncement de sourcils.

D'ailleurs le scénario ressemble aussi dans son déroulé à ces œuvres de jeunesse du belge à nœud-pap! Avec des persos dont la quête démarre dès la troisième page et des rebondissements en pagaille. Ca rappelle aussi un peu le John Bravo de Chaland, par son côté quand même un peu adulte avec des morts et pas mal d'amertume.

Sincèrement, ce n'est pas une "bonne" BD, mais son petit côté madeleine de Proust m'a bien plu...


Shangri-La de Matthieu Bablet

Il s'agit de l'oeuvre de SF de la rentrée. Ankama a d'ailleurs mis les petits plats dans les grands pour l'occasion avec une très belle édition dos toilée de cette histoire complète et grand format de plus de 200 pages.

La lecture a été assez plaisante, mais j'avoue être un peu déçu. N'étant pas fan inconditionnel de SF, j'aime surtout quand elle me bouscule et me fait réfléchir. Et, là, même si le scénario est très bien mené et qu'on nous propose une histoire complexe et dense, je n'ai pas trouvé mon compte.

Bablet a bien digéré toutes ses influences, car il y a un peu de tout, des clins d’œil à Star Wars ou à Starfox, à la reprise de thèmes ou idées de Prometheus ou de Matrix Re-Loaded/Baudrillard, mais ça ne donne rien de nouveau.

Je n'ai e surcroît ressenti aucune empathie pour les personnages. Chacun étant assez cliché (le héros droit et paumé, le violent, le nouveau, le pacifiste, le quota minorité), rien de particulier ne ressort vraiment d'eux. La relation entre les frangins-héros est même tellement effleurée que les paroles du début sonnent assez creux rétrospectivement. Sans parler de tout les discours sur le racisme ou le consumérisme un peu lourdingue à force.

Mais c'est très bien fait, avec de chouettes dessins et une proposition éditoriale intelligente (en 3 ou 5 tomes, j'aurais passé mon chemin).

[Eikichi Onizuka]

Le Shangri-la je comptais me le prendre le moi prochain, tu m'as bien refroidi.

[pabelbaba]

Il ne faut pas, c'est une bonne BD de SF, mais pas un truc qui te chahute et te fait réfléchir plus que ça.

[Waylander]

La sf n'a pas forcément à faire réfléchir , d'ailleurs quand elle le fait, c'est souvent au sacrifice d'une intrigue et de personnages crédibles et construits. C'est d'ailleurs souvent le reproche qui est fait à la hard science (qui a souvent été écrite - encore maintenant- par des scientifiques ou presque). Arthur C Clarke et cie c'est souvent un truc de fou niveau science, théories de dingues, ambiance mais alors persos = zéro et intrigue = zéro. 2001 a space odyssey ça tue hein je surkiffe mais absolument pas pour les persos ni l'histoire. C'est plus une question d'ambiance, d'univers , de musiques et de "message" abscons qui te laisse supposer un peu "ce que tu veux". La meilleure SF pour le moment c'est au cinéma que je la trouve quand elle est dans les mains d'un Spielberg par exemple. Mais souvent, les scientifiques (ou amateurs quoi) sont à l'ouest niveau émotions, humanisme et j'en passe. Je parle bien de la sf style hard science , anticipation. Je crois rarement aux personnages et je m'attache aussi très rarement sauf quand un Cormac te pond un " La route" mode post apo centré avant tout sur les persos. Mais quand le contexte/concept prend le pas là dessus bah c'est cool mais ça manque d'un truc.

[pabelbaba]

Je m'en fous de ce que la SF doit faire. Mais ce qui m'intéresse, c'est qu'elle me fasse réfléchir ou me bouscule, même si c'est un peu pété, comme la Planète des Singe ou Prometheus..

Le fans du genre apprécient d'ailleurs cette BD.

[Waylander]

Ah bah c'est surement bien hein mais je constate avec le temps que dès qu'un truc est un peu space/métaphysique BOUM = masterpiece. Tu fous trois plans d'arbres, un bébé dans l'espace, une nana qui dit " Et toi Dieu, qui est-tu ?" là tu fous un singe qui se gratte les burnes et tu as 1500 fans qui te font une analyse chelou masterpiece incompris car c'est métaphore du machisme et de la bêtise de l'homme pendant que les femmes se posent des questions et que les enfants errent sans pères et que la nature est là autour de nous et que nous y sommes indifférents. Genre le manga ultra rare et cher que je me suis payé , la suite de 2001 (mais non officielle) bah c'est beau certes mais c'est hyper chelou, on capte que dalle, c'est mal raconté et aucun personnage n'est intéressant. Dans le même genre je préfère largement PLANETES , bien plus humain attachant, drôle et paradoxalement sérieux et triste, moins beau sur le dessin mais plus clair, moins space, en gros c'est bourré d'émotions et il y a une petite part de réflexion mais qui ne te prend pas pour un génie de la science et de la métaphysique non plus.

[Eikichi Onizuka]

Il ne faut pas, c'est une bonne BD de SF, mais pas un truc qui te chahute et te fait réfléchir plus que ça.

Bon je la prendrai alors, et je ferai ma petit review.

[pabelbaba]

Burton & Cyb T3 d'Ortiz et Segura

C'est la suite des petites histoires du duo d'escrocs interstellaires et c'est toujours aussi fendard. Quoique les histoires sont plus déséquilibrées avec certains scénarios à tiroir très réussis (le casse du début et surtout l'arnaque au loto!) mais aussi des histoires plus tranquilous comme la quête dans l'astéroïde-maison-close ou l'époisode western. Cependant, les dessins rattrapent tout, avec beaucoup d'idées et des univers très divers et pourtant terriblement réussis.

Il ne me reste malheureusement qu'un seul tome à découvrir...

[pabelbaba]

Spirou - La Lumière de Bornéo de Frank Pé et Zidrou

Il s'agit d'une aventure de Spirou, à côté de la série principale, qui en reprend les codes, mais à la sauce de l'auteur. En l'occurrence, ici, celle de Frank Pé, ami des bêtes et de la nature. C'est un peu le Waylander de la BD, mais en moins prise de tête.

Malgré le titre, point d'aventure à l'autre bout de la planète. A une rapide intro près, tout se déroule à Bruxelles à notre époque. Il y sera question d'écologie et des animaux, via la présence du perso de Noé, vu dans Bravo les Brothers de Franquin. L'histoire en elle même ne casse pas des briques, ça fait un peu écologie et fantastique pour les nuls, mais ça reste très agréable à lire, avec un Spirou qui a vieilli et qui a des responsabilités. Ca change des Spirou habituels, même si l'humour est assez présent. En plus tout n'est pas surligné 100 fois et il faut parfois un peu faire les liens soit même entre les différentes storylines.

Du coup cette histoire m'a bien plu, d'autant que le dessin de Frank Pé est très expressif et qu'il maîtrise parfaitement la représentation des animaux.


McQueen intégrale N&B d'Emilio Van der Zuiden

On change de registre avec cette histoire de privé située aux US à la fin des 60s. Rien de très original dans le pitch, une fille à retrouver, qui est partie avec un magot et des emmerdes en pagaille à la clé. Du point de vue du scénario, aucune surprise, on nage dans un univers ultra balisé avec flingues, embrouilles et petites pépés.

L'originalité vient davantage de la mise en page inventive du dessinateur, qui se sert souvent de toute la place qui lui est donnée pour proposer des planches moins linéaires que d'habitude. En plus de cela, c'est fait avec talent et on n'est jamais perdu. Enfin, pour les gros pervers, il faut savoir que toutes les femmes du récit chaussent du bonnet D.

Voilà donc une lecture sympathique.

[pabelbaba]

Les Ailes du Singe T1 d'Etienne Willem

Il s'agit de la nouvelle série de l'auteur de l'Epée d'Ardenois. Finis les épées, les chevaliers et les complots, bonjours New York et les années 30. Les séries n'ont donc pas grand chose à voir entre elles, si ce n'est le trait et les couleurs caractéristiques de l'auteur, ainsi que le choix de l'anthropomorphisme pour représenter les personnages.

En effet, l'histoire met en scène un pilote d'avion mis au rebut, qui devra sauver sa dulcinée prise au piège dans un zeppelin fou. Ca va donc à 200 à l'heure, avec des décors superbes, très détaillés et beaucoup de mouvement. Peut être un peu trop d'ailleurs, parce que la BD se lit super vite et qu'il y a un peu trop de raccourcis et facilités scénaristiques pour être pleinement satisfait.

Enfin c'est un début, l'auteur a annoncé au moins un autre tome, on verra.

[elpingos]

N'en déplaise à certains c'est du tout bon quand même. Le bel objet concoure à ce sentiment de bel ouvrage mais l'histoire que livre Bablet est un récit de SF abouti et prenant. Un peu inégal sur certains côtés (on aimerait en avoir un peu plus ici ou là) mais la vision proposée - c'est de l'anticipation- est passionnante. Et même si elle reste sombre et pessimiste, on se plait à retrouver les très nombreuses références, empruntées à la BD, manga, littérature et cinéma. Un pot pourri dans le bon sens du terme, mais pour public averti avec un travail de Titan de l'auteur qui force le respect.