Every time we get together there’s nothing but trouble.
Criss Cross de Robert Siodmak
Moi qui pensais avoir fait le tour de tous les polars mémorable, voilà une belle surprise que ce Criss Cross de loin le meilleur film de Siodmak, j’irai même à le placer dans un top 15 du film noir. Surpris de réaliser que Soderbergh en a fait un remake que j’ai en plus découvert il n’y a pas si longtemps et pourtant j’en ai pratiquement aucun souvenir à l’exception que c’était totalement raté, mal joué et bourré de filtre surappuyé immonde tout le long. Il y a tel gouffre qualitatif entre les deux films qui narre un récit similaire pourtant je n’ai pas l’impression d’avoir vu le même film.
Le scénario de Daniel Fuchs adapté d’un livre de Don Tracy est bien meilleur, il ne fallait pas y toucher, concis, sec avec une véritable vitalité, dès les premières secondes on nous montre un couple qui partage un amour qu’ils doivent cacher et on comprend qu’ils sont embarqués dans une magouille qui va les dépasser. Et on est parti pour un long flashback, procédé qui tombe quasiment toujours à plat au bout d’une certaine durée, Criss Cross est un des rare film usant de ce procédé sur plus d’une heure à tenir jusqu’au bout avec un suspense qui reste entier jusqu’au final alors qu’on savoure à en apprendre plus sur le background du duo.
Et quel duo, que dire de Burt Lancaster, un des tous meilleurs acteurs au monde toujours totalement impliqué à chaque film, il trouve là un de ses 5 meilleurs rôles, obsédé jusqu’à l’os par la femme de ses rêves incarné à la perfection par Yvonne de Carlo énergique et insaisissable, la femme fatale par excellence, une ambiguïté qui fait tout le sel du film. Le couple est nasty, ils ne cessent de se battre, s’envoyer des piques pour mieux se retrouver.
On pourra aussi noter un Siodmak au sommet de sa forme entre cadre minutieusement travaillé et travelling latéral savamment dosé, ambiance enivrante d’un bar le plus souvent désert le tout pour finir sur une séquence de braquage enfumé diablement bien mis en scène, une tension dans un hôpital mémorable digne d’un Godfather et cette fin noire de chez noir comme on n’en fait plus. Une petite pépite, un diamant noir qui mérite d'être plus connu qu'un The Killers bien surestimé qui a pourtant un postulat de base assez proche de la structure à son personnage feminin bien plus caricatural.
8.5/10