[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Sam 17 Sep 2016, 06:04

Pour The Immigrant, il était pas question de le revoir. Je vous mets la critique que j'avais faite en mars 2014, au moment de sa découverte. Les autres Gray étaient bien plus lointains dans mon souvenir à ce moment là.
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Immigrant (The) - 4,5/10

Messagepar Nulladies » Sam 17 Sep 2016, 06:05

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Les sentiers de la rédemption

La statue de la liberté qui accueille un bateau parmi tant d’autre tourne le dos au spectateur dans le premier plan, laissant deviner la silhouette d’un homme attendant le débarquement des immigrants ; bienvenue en Amérique, où l’on vous piège dès l’entrée sur le territoire. De la liberté, il ne sera presque jamais question. La vie est un show mensonger, où un illusionniste s’enfermant dans une camisole fera oublier un soir durant les conditions de détention à Ellis Island. Un théâtre au rabais, un défilé de putes dans un tunnel de Central Park. L’Amérique est un mythe, au sein duquel on cherche un nouvel eden, ici en l’occurrence la Californie : le rêve n’aura jamais de point d’arrivée.
Dans ce panier de crabes, l’arrivée d’Ewa met en place une initiation sur le mode de la violence feutrée. Le parti pris de Gray est ici clairement assumé : nous proposer une tragédie et le tableau d’une société violente et liberticide, mais avec les couleurs d’un Delatour. Les lumières mordorées, les visages splendidement éclairés laissent sourdre dans cette obscurité généralisée des saillies d’espoir et une attention de plus en plus accrue aux sentiments.
Cotillard, aux antipodes d’un rôle comme celui de De rouille et d’os, est, reconnaissons-le pour une fois, assez impressionnante de pudeur et de retrait. Son visage à la fois humble et durci par les épreuves fascine autant qu’il touche, d’autant qu’il porte à lui seul les marques d’une violence la plupart du temps hors-champ : le viol, la prostitution, le meurtre, même, sont toujours désactivés au profit de la lecture corporelle et émotionnelle des personnages.
Tant qu’il n’insiste pas sur l’écriture tragique, Gray peut compter sur la finesse de sa mise en scène pour donner de l’intérêt à son récit. Hélas, les développements de son intrigue ont tôt fait d’émousser cette délicatesse. L’inversion du pouvoir, le revirement des situations se font au mépris de la cohérence pourtant solide des débuts ; la précipitation des péripéties n’est pas particulièrement habile, et, surtout, l’évolution du personnage de Phoenix suit la gradation d’un comédien toujours avide d’en faire le plus possible. Sa tirade finale, déclamée avec une mâchoire déboîtée, sent vraiment la contrainte de l’acteur avide de défis stérile, et se révèle franchement poussive. (On ne pourra qu'être rassuré par sa récente prestation dans Her, susceptible de nous réconcilier avec un comédien capable encore du meilleur)
Le talent de Gray, tant dans la mise en scène que la délicatesse de l’écriture, n’est plus à prouver. Force est de constater, avec regrets, qu’il se fourvoie un peu sur cette tentative, pris au piège de la surenchère de ses propres procédés.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Sam 17 Sep 2016, 09:30

De toute façon, un film avec Cotinaze ça se note sur 5. Donc il est pas si mal à priori cet Immigrant :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mr Jack » Sam 17 Sep 2016, 18:05

Cotinaze c'est une de ces actrices qui tirent un film vers le bas. T'as deux exceptions, Midnight in Paris et Ma vie en l'air.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Sam 17 Sep 2016, 18:22

Bah sans elle le Bezançon aurait été encore meilleur. C'est un peu le seul défaut du film.

Il n'y a vraiment que chez Allen que je l'ai trouvée bonne.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Sam 17 Sep 2016, 19:33

Chez Audiard pour moi, dans De rouille et d'os, l'un des seuls rôles où elle m'a convaincu.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Sam 17 Sep 2016, 19:47

Et moi dans Taxi. :voleur:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Sam 17 Sep 2016, 19:48

Tu voulais aller éteindre son incendie hein :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Sam 17 Sep 2016, 20:05

Encore une superbe note pour ce film bourré de qualités! :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mr Jack » Sam 17 Sep 2016, 21:26

Mark Chopper a écrit:Il n'y a vraiment que chez Allen que je l'ai trouvée bonne.


C'est le seul film où elle surjoue pas, en fait.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Dim 18 Sep 2016, 05:52

C'est surtout chez Mann et Nolan qu'elle est insupportable, en fait. Et dans les films où je l'ai pas vue, sans doute, genre les merdes à Canet et la môme.
Mais chez les Dardenne, même ici chez Gray, chez Audiard, elle s'en sort pas mal, tout comme dans la dernière version de Macbeth.

Par contre, tous aux abris, je viens de voir sur IMDB que son prochain rôle, ce sera elle-même filmée par son endive de mec.

http://www.imdb.com/title/tt5351818/?ref_=nm_flmg_act_1
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Dim 18 Sep 2016, 09:20

Oh putain, plus nombriliste tu meurs. Quelle idée de merde :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Lun 19 Sep 2016, 03:01

Dans le truc des Dardenne, elle est juste insupportable. Je ne me rappelle plus comment s'appelle le film mais je te renvoie à ma critique (enfin pas directement puisque j'ai oublié le titre du film, suis un peu bordel ! :eheh:)
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Traversée du Temps (La) - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 19 Sep 2016, 05:48

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Amour sans fin.

Le premier véritable long métrage (si l’on ne compte pas les films de franchise réalisés auparavant) de Mamuro Hosoda contient en germe tout ce qui fera la touchante beauté de son œuvre à venir : sous couvert d’un registre fantastique, il évoque avant tout la fragilité humaine et les émois adolescents, la fuite du temps et ce passage décisif de l’enfance à la fin de l’adolescence : autant de thèmes qui traversent Les enfants loups tout comme Le Garçon et la bête.
L’animation est scindée en deux tendances, comme elle le sera de façon plus ample encore dans Summer Wars : traditionnelle pour le récit encadrant, ambitieuse et plus numérique pour les séquences de sauts dans le temps, particulièrement réussies. Le récit s’inscrit quant à lui dans une thématique assez proche d’Un jour sans fin : la possibilité offerte à la protagoniste de revivre et d’arranger un événement qui ne lui sied pas. Au-delà de la dimension comique du procédé, Hosoda symbolise surtout cette croyance typiquement adolescente de l’éternité de sa jeunesse ou de la pérennité du bonheur. L’impuissance avec laquelle Makoto lutte contre l’inéluctable sentiment amoureux ou les erreurs commises fait du film une assez jolie fable sur la présomption de l’individu à vouloir contrôler sa destinée.
Le film n’est pas pour autant exempt de défauts : la mièvrerie guette de temps à autre dans ces débats entre amour et amitié, et la fin qui n’en finit pas s’embourbe un peu dans des explications assez fumeuses tentant d’expliquer les voyages temporels. Ce n’était pas utile : le jeu sur les répétitions, les séquences animées revues avec obsession (la descente à vélo vers le train, motif convergent du récit) suffisaient au plaisir du spectateur : c’est bien là que se loge la maitrise du réalisateur qui devra attendre encore quelques films avant de la mettre au service d’une écriture un peu plus ambitieuse.
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Victoria (2016) - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 19 Sep 2016, 05:50

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System of a breakdown

Qu’attendre d’une comédie française avec Virginie Efira en executive woman au bord de la crise de nerf ? À peu près rien, reconnaissons-le. Tout au plus peut-on, craindre une Bridget Jones hexagonale, dans laquelle Lacoste, la nouvelle coqueluche frenchie, assumera le rôle du lover outsider.
Pourtant, même si l’on limite Victoria à sa portée comique, le film est déjà une réussite. Non content de révéler un panel de comédiens d’exception, au premier rang de l’Efira susmentionnée, il brille par l’écriture de ses dialogues et l’authenticité des échanges. Drôle dans les caractères qu’il dépeint, le récit sait aussi ménager de belles embardées qui frôlent l’absurde, notamment par le rôle de premier plan joué par un dalmatien.
Mais Victoria ne cache pas d’autres ambitions : portait contemporain de la femme moderne, il se déploie sur plusieurs tableaux : mère larguée, avocate surbookée, (grande sœur de sa consœur Demoustier dans A trois, on y va) femme au désir en berne, l’héroïne 2016 est aussi mal en point que sur un front permanent qui la rend aveugle à tout ce qu’elle voit passer. De ce point de vue, le film peut se poser comme la génération post Woody Allen : on parle, beaucoup, au psy ou à la voyante, aux clients ou aux baby-sitters, sans que la parole soit jamais véritablement efficiente. Tout est de l’ordre de l’esquive, sans pour autant que la réalisatrice en face la condamnation frontale : c’est la frénésie du rythme moderne qui semble l’imposer. C’est d’ailleurs l’une des qualités du film que de ne jamais poser un regard moralisateur sur cette foire aux vanités : la langue anglaise pour épargner les enfants, à peu près inexistants, est aussi risible que l’autofiction pratiquée par un ex en quête de gloriole littéraire ; pourtant, la tendresse l’emporte souvent sur le sarcasme, en témoigne la très belle séquence de sommaire sur les 6 mois de mise à pied de l’avocate, contrainte pour une fois à vivre en famille.
Sur cette étude de mœurs, la juste distance est avant tout servie par un montage d’un grande finesse : l’alternance entre les différents intervenants dans la vie trop remplie de Victoria se fait avec pertinence et fluidité, pour converger vers un pré-final traumatique tout à fait efficace en matière de dramaturgie : en quelques minutes, les hommes défilent, du psychopathe au garde du corps en passant par l’amant silencieux et l’ex envahissant, tissant un réseaux de nœuds qui souvent se règlent dans les prétoires.
Certes, l’enjeu final reste une comédie romantique relativement convenue, et le rôle dévolu à Lacoste perd un peu de son mordant lorsqu’il retrouve des rails qu’on aurait préféré éviter. Mais cela n’occulte en rien la fraicheur et la pertinence du portrait proposé : Victoria, en osmose avec son héroïne, est un film qui sait ménager la folie comme l’hébétude, et inviter à contempler, entre deux crises, ce qui reste d’essentiel et d’invisible : le silence, et les vertus de plus en plus méconnues de la gentillesse.
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