Les sept mercenaires(2016) |
Réalisé par Antoine Fuqua Avec Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke Long-métrage : USA Genre :western Durée : 02h13min Année de production : 2016 |
9.75/10 |
SynopsisL’industriel Bartholomew Bogue règne en maître sur la petite ville de Rose Creek. Pour mettre fin au despotisme de l’homme d’affaires, les habitants, désespérés, engagent sept hors-la-loi, chasseurs de primes, joueurs et tueurs à gages – Sam Chisolm, Josh Farraday, Goodnight Robicheaux, Jack Horne, Billy Rocks, Vasquez, et Red Harvest. Alors qu’ils se préparent pour ce qui s’annonce comme une confrontation sans pitié, ces sept mercenaires prennent conscience qu’ils se battent pour bien autre chose que l’argent…
CritiqueA l’annonce de ce projet de remake du classique de 1960, de nombreux cinéphiles ont dû penser qu’il valait mieux laisser ce western culte tranquille plutôt que de le recycler.
Mais en voyant ce “remake” on oublie totalement l’original et on se réjouie que le réalisateur Antoine Fuqua ait laissé libre court à son imagination et ne soit pas resté dans le respect des moindres détails du film de référence.
La photographie est d’une grande maitrise et on ne peut qu’admirer la beauté des roches de l’Ouest des USA qui même peu présentes dans leur globalité marquent la rétine du spectateur.
Fuqua est très habile alliant à la fois une grande modernité de mise en scène tout en conservant quelques plans mythiques des westerns sans pour autant en abuser. “Les sept mercenaires” offre ainsi de nombreuses scènes d’action avec de multiples points de vues et une cadence folle; le spectateur est au cœur de l’action et est sans cesse étonné par l’enchaînement rapide des gun fights sans pour autant être lassé. On pourra reprocher néanmoins à Fuqua de parfois insister de façon un peu trop appuyé sur certaines séquences où le suspense est à son comble avec une bande originale trop présente. Fuqua ne choisit pas l’outre mesure d’un Tarantino avec hémoglobine en open-bar mais garde une vision classique et un certain réalisme (mis à part que nos héros font mouche à 99%). La boue et la poussière sont bien présentes à l’écran, plus que les traces de sang et le body count reste impressionnant.
Une odyssée difficile que de remplacer le casting originel, Fuqua choisit la diversité avec des choix apparaissant comme étonnant mais qui à l’écran passe plutôt bien. Le cinéaste tente bien sûr d’inculquer un message de tolérance et une certaine touche de modernité mais tout celà reste sous-entendu sans aucune morale raciste soulignée, reste le running gag des petites vannes entre Chris Pratt et le mercenaire mexicain qui n’arrêtent pas de gentiment se charrier pour mieux cacher leur complicité.
Parlons du casting incroyable qui sur le papier laissait dubitatif mais c’est pourtant l’une des grandes réussites du film. On est loin du Tarantino qui offre des personnages mémorables mais très caricaturaux et bavards, ici, les mercenaires ont chacun une personnalité différente mais sont tous marginaux ou solitaires avec un code d’honneur. Leurs motivations dans leur mission sont peu tirées par les cheveux (un peu comme dans tous les westerns où l’affaire est conclue en quelques minutes juste parce que le cowboy n’a rien d’autre à faire que de défendre la veuve et l’orphelin pour quelques bières et quelques dollars).
L’idée fabuleuse est celle de Denzel Washingon toujours aussi charismatique en leader des mercenaires dont la présence souleve bien sur le racisme à cette époque. Comme l’explique Ethan Hawke en conférence de presse, quand un tueur à gage blanc entre dans un bar, plus personne ne bouge et tout le monde le scrute; mais quand Denzel entre dans un bar, tout le monde se tait mais est-ce que ce sont pour les mêmes raisons.
Le scénario nous expliquera les réelles motivations du personnage de Chisolm dans ce combat et ça tient plutôt la route. Chris Pratt incarnait déjà une sorte de cowboy moderne dans les gardiens de la galaxie, Farraday est un peu dans la même veine, provocateur, blagueur, roublard et apporte vraiment une touche humoristique au film mais c’est extrêmement bien dosé et contre balancé par le coté plus sombre et épique du rôle. Byung-Hun Lee incarne un asiatique adepte des lames en général, un perso vraiment classe et excellent. Vincent D'Onofrio campe le costaud illuminé de la bande qu’on a un peu de mal à suivre…
Sur les 2h13 du film, on n’a pas le temps de s’ennuyer, la partie introductive est utile à la découverte des mercenaires et chaque personnage est traité de façon équivalente sans jamais tirer la couverture à l’autre. Le sentiment de respect et de solidarité est perceptible malgré le peu de temps qu’ils ont eu pour se connaitre, hélas l’enchaînement scénaristique les caractères peu expansifs des cowboys font qu’on pourra reprocher au film de ne pas assez être profond psychologiquement, personnellement cela n’est pas ce que je recherche en 1er dans un western.
Peter Sarsgaard incarne le bad guy qui est en général le point noir des westerns où le cabotinage fait du pied à l’acteur mais ici, je le trouve impeccable lors de ses rares apparitions, pour un rôle de personnage en retrait manipulateur qui délègue les basses taches à ses employés et se salit rarement les mains.
Le groupe de héros est entouré d’une multitude de figurants aux trognes cassés qui collent parfaitement au cadre. On notera le seul rôle féminin Haley Bennett qui est une sorte de Jennifer Lawrence rousse, la bonne idée est de ne jamais introduire de romance mais elle reste plutôt quelconque.
Malgré leurs origines lointaines, les mercenaires forment un groupe uni et cohérent (l’indien fait un peu tache quand même) offrant de nombreux moments de bravoure ainsi que des scènes intimistes qui ne servent pas que de remplissage.
Fuqua offre une version modernisée par sa mise en scène mais l’histoire demeure très classique malgré un sous texte de dénonciation de racisme ou de lutte des classes. Servi par un casting éclectique royal, les amateurs du genre seront ravis. La dernière minute est d’une inutilité remarquable est devrait être coupée au montage.