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Chronique des années noires" de Kim Stanley Robinson - 2002
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Loin d'être un page-turner, ce roman demande à être attentif à chaque instant tant il y a de concepts énoncés, de dates et de lieux, de personnages et d’événements historiques fictifs. Uchronie dans laquelle le christianisme et ses fidèles auraient été emportés par une peste sans précédent, le livre raconte comment le monde s'est divisé entre l'Islam et le bouddhisme. Pour se balader à travers les époques, il utilise divers personnages, mais qui sont toujours le fruit de réincarnations. Ce qui entraîne des gamberges toujours plus profondes sur le fondement théologique des religions pré-citées, sur la nécessité des guerres perpétrées sous la bannière des religions, sur les progrés scientifiques, sur l'alchimie, sur le sentiment d'appartenance à une ethnie. Bref, un bon gros pavé bourré d'idées intéressantes mais qui se noie dans son concept au bout d'un certain nombre de réincarnations. La fin est donc épuisante et on parvient à la dernière page avec le sentiment d'avoir accompli une lourde tâche. En même temps, est-ce que ça n'est pas normal d'être éreinté d'un voyage long de plusieurs siècles ?
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Les morts ont tous la même peau" de Boris Vian - 1947
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Lors de sa parution, Boris Vian bouscule de nouveau le monde de l'édition en jouant à nouveau avec son alter ego Vernon Sullivan, allant encore plus loin dans la critique du racisme. Véritable roman noir (sans mauvais jeu de mots) à l'américaine, il maîtrise tous les codes de narration et ne cherche jamais à être un chef d'oeuvre d'écriture. Mais c'est dans sa simplicité, sa concision, que son style est efficace. Et son personnage de brute épaisse fait hésiter le lecteur entre empathie et dégoût, sentiment changeant à chaque page ou chaque nouveau
move de l'anti-héros. Ultra court, violent et sans aucune note d'espoir, Vian peut se targuer d'avoir su jouer des codes outre Atlantique en nous racontant une histoire qui dépasse l'entendement, la découverte finale étant aussi imprévue que marquante. Hâte de lire la suite de ce qu'a pu produire son double.
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."