[Mark Chopper] Mes critiques sporadiques en 2016

[Mark Chopper]

[pabelbaba]

Nan, mais même si t'es bougon, j'ai pas envie de te faire autant de mal...

[Alegas]

Mademoiselle, de Park Chan-wook (2016)

L'histoire : Au cours de la colonisation japonaise en Corée, dans les années 1930, un arnaqueur coréen se fait passer pour un comte japonais afin d'accaparer la fortune d'un homme obsédé et tyrannique avec les femmes qui vivent sous son toit...

Après une parenthèse américaine réussie (un événement rare pour un cinéaste asiatique expatrié), Park Chan-wook revient au pays du Matin calme avec cette adaptation d'un roman de Sarah Waters, publié en France sous le titre Du bout des doigts... Exit l'ère victorienne originale au profit de la Corée sous occupation japonaise : la mise en scène élégante de l'auteur de la trilogie de la vengeance, associée à une photographie et une direction artistique de toute beauté, sert ici un récit en trois actes où la manipulation s'impose comme le maître-mot. Chaque partie redéfinit ainsi les enjeux dramatiques, permet de redécouvrir certaines scènes sous un angle différent et déjoue ainsi bien des certitudes... De quoi entretenir l'intérêt du spectateur 2h25 durant, malgré une baisse de régime au cours du deuxième acte. Contre toute attente, Mademoiselle pourrait être présenté comme une nouvelle version de Sexcrimes de John McNaughton, mais tirée vers le haut par une technique bien plus brillante (euphémisme), une écriture rigoureuse (le goût de Park Chan-wook pour le Grand-Guignol, présent vers la fin du film, risque toutefois de dérouter ceux qui s'attendent à un récit plus classique qu'à l'accoutumée) et un érotisme exempt de putasserie. Car ce long-métrage s'impose, avant tout, comme une touchante histoire d'amour.

Note : 8/10

[Alegas]

Comment tu fais plaisir là, je m'attendais pas à ce que tu aimes autant.
Je suis curieux de la revision sur celui là, le dernier acte m'a quand même franchement déçu mais peut-être que ça passera mieux sans les attentes que je pouvais avoir.

[Mark Chopper]

J'ai vu que tu tiquais sur

le poulpe.

Moi ça ne m'a pas surpris d'en revoir un chez Park Chan-wook

[Alegas]

Il n'y a pas que ça malheureusement. Globalement je trouve tout le troisième acte hyper facile dans son déroulement, et le coup du sous-sol dévoilé je trouve ça idiot, ça fonctionne mieux quand on imagine ce qu'il peut y avoir.

[Mark Chopper]

J'apprécie quand un auteur se lance dans un style différent et finit malgré tout par renouer avec ses obsessions, parce qu'il en reste prisonnier qu'il le veuille ou non, donc j'ai bien aimé le coup du sous-sol.

La torture renvoie clairement à Cut, son court-métrage dans 3 extrêmes. Et pour une fois qu'un film de Park, malgré son côté sombre, finit bien, ça soulage un peu.

Je n'avais aimé aucun film coréen de Park après Old Boy, je suis donc agréablement surpris dans l'ensemble.

[Mark Chopper]

Avant qu'il ne soit trop tard, de Laurent Dussaux (2005)

L'histoire : Un groupe d'amis trentenaires se retrouve le temps d'une soirée dans un chalet en montagne. Le temps semble venu de faire le point sur leurs vies et leurs relations...

Un réalisateur venu de la télévision qui a, notamment, tourné des épisodes de Joséphine, ange gardien, Frédéric Diefenthal en tête d'affiche et un pitch qui exsude les relents habituels du drame bobo si cher au cinéma français contemporain : a priori, tout semble réuni pour faire fuir le spectateur averti et aucun espoir ne semble possible... Et pourtant voici un long-métrage aux personnages attachants qui n'est pas sans rappeler le meilleur de Richard Linklater. Tout comme dans Dazed and Confused (titre original qu'on préférera à Génération rebelle), on suit un groupe d'amis tout au long d'une nuit. Peu à peu, au fil des conversations, les masques tombent, les cicatrices se rouvrent et les aspirations se dévoilent... Et tout comme dans Before Sunrise (et ses deux suites) l'amour s'impose comme le cœur du sujet, les dialogues sonnent étonnamment justes et la mise en scène, à base de plans-séquences, accompagne les personnages d'une pièce à une autre, d'une engueulade à une réconciliation... Le casting surtout, flippant au possible sur le papier, frappe par son naturel : Frédéric Diefenthal donc, mais aussi Émilie Dequenne, Olivier Sitruk, Edouard Montoute et Arthur Jugnot (oui, cette accumulation fait vraiment peur)... Ajoutons à toutes ces qualités des chansons de bon goût (un film qui débute avec Archive et s'achève avec Syd Matters impose le respect) et on se retrouve avec une réussite au ton doux-amer injustement méconnue.

Note : 8/10

[logan]

(Dans le doute je vais regarder ce soir, j'avais rien de prévu.)

[Mark Chopper]

Découvert en 2008, révision en début de semaine... Je n'en reviens toujours pas moi-même.

Bon si tu détestes, dis-toi qu'il est moins long que le Johnnie To

[logan]

Je sais même plus si je l'ai vu ce film, en 2005 je voyais tout et n'importe quoi donc je suis presque certain que je l'ai déjà vu, enfin bon m'en souviens plus et j'avais 18 ans, pas la même sensibilité qu'à 29, je verrais bien, sur le papier ca m'attire plus que le Johnny To si je m'en tiens à tes critiques

[Mark Chopper]

Pour le coup c'est vraiment un film de trentenaire.

[logan]

Finito, ouais c'est sympa même si je monterais pas à 8/10 (je suis plus à 6.5/10) mais bon pour un film français avec une bande de tocard qui dure 1h20 c'est bien. C'est con que la première moitié soit un peu longuette et répétitive, sérieux au début j'en pouvais plus de voir tous ses couples débarquer avec leurs soucis en mode "on va se quitter" après ca se décante un peu. Et quitte à pinailler on comprends pas trop le délire du perso principal qui veut se suicider, ca fait un peu too much et facile pour faire monter le drama, pas besoin de ca.
Assez étonné par la réal tout en plan séquence, on voit que le mec choisit pas la facilité ca fait plaisir.

[Mark Chopper]

The Social Network, de David Fincher (2010)

L'histoire : Etudiant décrié à l'université de Harvard, Mark Zuckerberg se lance envers et contre tous dans la création de Facebook, un réseau social qui va lui apporter succès et inimitiés...

The Social Network entretient un paradoxe deux heures durant : il évoque la création du célèbre réseau social, pensé pour faciliter les échanges, mais nous présente son créateur comme un être incapable de communiquer. Tout débute par un rendez-vous manqué : Mark Zuckerberg et sa petite amie parlent, dans un bar, mais ne se comprennent pas. La rupture arrive et l’étudiant de Harvard va tenter, tout au long du film, de renouer avec cette femme, en vain... Précisons que le Mark Zuckerberg du film diffère sans doute du vrai Mark Zuckerberg et que bien des libertés semblent avoir été prises par le scénariste Aaron Sorkin lors de l'écriture de ce vrai faux biopic. Le personnage fictif rappelle surtout d’autres héros de films réalisés par Fincher, comme le narrateur anonyme de Fight Club et, a posteriori, Lisbeth Salander dans Millénium, deux personnages qui souffrent également de l'incommunicabilité... Pourtant, nombreux sont ceux qui cherchent à nouer un dialogue avec le créateur de Facebook mais, hormis Sean Parker, tous semblent incapables d'atteindre cet homme qui ne cesse de courir et de parler. Une seule solution possible : le procès, qui oriente le film vers le genre juridique et permet, à travers une chronologie bouleversée, de retracer toute l'histoire, entre création et trahison. Incapables de recroiser le chemin de Zuckerberg et de jouer selon ses règles, les jumeaux Winklevoss et leur ami Divya Narendra finiront en effet par l'attaquer, tout comme Eduardo Saverin, pourtant ami de la première heure... Avec ce film, David Fincher s'impose comme le cinéaste qui a su comprendre et mettre en scène les dérèglements du monde 2.0 : l'idée ici n'est pas de proposer un énième biopic à la recette éprouvée, mais de radiographier notre époque et ses vicissitudes, symbolisées par un homme qui, malgré sa réussite, se retrouve seul face à son écran.

Note : 10/10

[lvri]

Excellente critique pour un film qui l'est tout autant !