Le Pacte des Loups de Christophe Gans - 2001
Mes souvenirs étant devenus confus, il était temps de revoir ce film unique en son genre.
Malheureusement, cela démarre de la pire des façons, avec cette scène WTF de paysanne qui sa fait trimbaler en l'air par la bête comme une vulgaire poupée de chiffon... C'est moche, anti-spectaculaire et limite con. Il aurait mieux valu ouvrir sur la scène de la biquette coincée dans son trou avec de l'eau au fond, qui est bien plus réussie et qu'on retrouve beaucoup plus tard.
Hormis cette fausse note, d'un point de vue plastique c'est un régal. Gans sait mettre en boîte de belles images et ne se prive de rien pour cela. Ses décors claquent, mais il ne se contente pas de les filmer comme le premier Lelouch venu. Travellings, grues, cadrages variés, photo changeante en fonction des ambiances (c'est d'ailleurs peut être un peu too much la clarté dans le château pour les scènes joyeuses). Il soigne d'ailleurs chacun de ses cadres, avec des angles de vue intelligents, n'hésite pas à en obstruer une partie par des éléments de décors en premier plan, joue sur les lumières. Et c'est beau. A l'image de cette scène sous la neige, réussie de A à Z, où l'on a vraiment l'impression qu'il neige.
Au-delà de ces prouesses techniques, Gans a aussi de très bonnes idées quand il s'agit de mettre en boîte les scènes d'action. En vrai connaisseur de tous les cinémas, il sait que seul un véritable artiste martial peut se battre à mains nues devant une caméra. Résultat, Dacascos met les baffes et Le Bihan tire ou sort son épée. C'est con, mais c'est comme ça!
Du coup il peut proposer des bastons qui ressemblent à quelque chose, bien aidé par David Wu, monteur émérite de ce genre de bobine.
Avec une telle base technique, Gans peut dérouler son scénario sans mal, même si certains éléments pourraient faire tiquer comme l'indien kung fu master, le fantastique ou la tribu cro-magnon. Ils se fondent dans le délire car le reste suit et cela permet de proposer autre chose qu'un film fantastique bancal ou une énième production d'époque molle du genou.
Ce mélange offre aussi la possibilité de rallonger l'histoire. En effet, il était envisageable de clôturer le film sur le raid punitif de Le Bihan et d'éviter le dernier tiers de l'histoire avec ce complot. Mais dans la mesure où la mayonnaise prend et que le casting, au premier abord pas extraordinaire, c'en sort plutôt bien, pourquoi pas? En effet, Le Bihan n'est pas vraiment l'action-man rêvé, mais épaulé par Dacascos, il est crédible et propose des expressions sympas dans les registres plus légers. Renier a rôle taillé pour lui, c'est à dire rien de compliqué. Emilie Dequenne est mignonne et revêche juste ce qu'il faut. Dacascos ferme sa gueule, tandis que les troisièmes rôles sont bien trouvés comme Jean Yanne, Bernard Farcy ou Stévenin. Et en bonus on a même une rapide apparition de la trogne de Fresson.
Seul Cassel est à la peine. Mais il se paye aussi le rôle le plus compliqué. Dans le même genre, on peut aussi regretter l'âge des FX, cependant, dans la mesure où ils sont assez peu présents et que le gros du film ne repose pas dessus, il n'y a pas de raison que ça gâche le plaisir.
Au final, ce film qui paraît objectivement bancal, a les moyens de donner la banane au fan de ciné d'action par le soin apporté à tous ses aspects techniques et esthétiques, mais aussi par ses prises de risque qui en font une oeuvre originale et réussie.
8/10