[oso] Ma prose malade en 2016

Modérateur: Dunandan

Guerre des clans (La) - 7,5/10

Messagepar osorojo » Mer 20 Juil 2016, 21:59

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LA GUERRE DES CLANS

Chu Yuan | 1976 | 7.5/10
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« Feng le survivant »


La guerre des clans est Un Shaw Brothers quelque peu atypique dans le sens où c’est son script précis, très touffu et pourtant si limpide lorsque le puzzle est recomposé, qui en fait une bobine à part. Il convient d'être attentif aux premières minutes, l'essentiel y est concentré : les deux camps qui se font la guerre et ses représentants, des êtres versatiles prêts à tuer père et mère pour goûter quelques instants au pouvoir qui conditionne leur existence.

Les chorégraphies martiales pêchent parfois par leur mollesse, mais Chu Yuan compense en sortant de sa manche tout un tas d'idées amusantes. Chacun de ses tueurs a une particularité, et le plus redoutable de tous est particulièrement charismatique. Planqué derrière sa petite barbichette de vieux impotent, l’oncle Sun Yu est un sacré personnage qui se construit sur la distance, passant d’une autorité silencieuse, qui se contente de distribuer les ordres pour faire tomber les têtes menaçantes, au guerrier ultime qui ne manque jamais sa cible.

Un personnage central passionnant qui pourtant n'accapare pas totalement l'attention. Comme pour bien marquer la singularité de son film, Chu Yuan ne se contente pas de donner la parole à deux ou trois protagonistes : dans La guerre des clans, les personnages secondaires ont également quelque chose à raconter, à l’image de cette prostitué audacieuse qui fait la leçon aux tueurs quand ses derniers ont perdu le feu sacré, ceux là même qu’elle divertissait de ses charmes avec un aplomb certain alors qu’ils étaient au sommet de leur art.

Il arrive souvent, quand on a vu une petite palanquée de SB de les confondre. Soyons honnêtes, par moment ces petites guéguerres de sabre, ces quêtes de savoir martial entreprises par de jeunes et fougueux combattants surfent pour la plupart sur des thématiques récurrentes. On les retrouve certes en partie ici, mais elles donnent l'impression d'être traitées moins classiquement qu'à l'accoutumée, en tout cas avec un réalisme morbide saisissant qui m'a rappelé certains films de Sammo Hung.
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Harakiri - 8,5/10

Messagepar osorojo » Sam 30 Juil 2016, 12:53

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HARAKIRI

Masaki Kobayashi | 1962 | 8.5/10
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« Sabreurs d'estomac »


C’est avec un tranchant semblable à celui des lames qu’il met en scène que Kobayashi réduit en lambeaux le prestige associé aux codes d’honneur qui régissaient la vie des samouraïs dans un Japon Féodal qui avait fait du tempérament guerrier la principale qualité d’un homme respectable. Sans remettre en question des principes qui ont fait leur preuve en temps de guerre, Kobayashi rend compte de l’absurdité qu’est leur persistance dans un pays en paix qui n’a plus de place à offrir à ces petits gars particulièrement habiles de la lame qui portent bien haut leur chignon.

Une élite devenue le vestige d’une époque révolue condamnée à se remettre en question ou à vivre entre semblables dans des espaces coupés du monde où des principes communs continuent à être partagés. Pour ceux qui ne peuvent plus se payer le luxe de vivre d’une voie de la lame qui ne remplit plus les bourses, il devient difficile de s’assumer à moins de changer de vie. Et quand le sort s’acharne, que les responsabilités d’une vie de famille se font pressantes, les ronins les moins bien lotis se voient même contraints à troquer cet honneur qu’ils chérissaient tant contre quelques sous.

Outre ce contexte passionnant, si Harakiri fait forte impression, c’est avant tout parce qu’il est l’œuvre d’un roublard particulièrement habile. Que ce soit sa narration très patiente ou son esthétisme redoutable, tout y témoigne d’une attention particulière à livrer un film en osmose avec le fond qu’il dépeint. Kobayashi épouse la rigueur d’un genre qui ne supporte pas l’approximation et livre un film formellement maîtrisé, autant dans sa manière de mettre en scène de longues discussions ou d’inviter la ferraille à la fête quand les esprits s’échauffent. Le dernier quart d’heure est une belle récompense qui relativise l’ironie macabre ayant précédé : certes ces samouraïs d’un temps ancien se prêtent à d’ineptes rituels mais il ne faut quand même pas oublier que leur mode de vie était dicté par un quotidien ultra violent qui ne laissait pas vraiment la place à une philosophie de vie centrée sur l’humain.

Enfin, au cœur de l’ouvrage de maître que dessine son maître, Tatsuya Nakadai emploie son talent à composer un ronin à la dérive à la fois touchant par son humanité et impressionnant par son fort tempérament. C’est cette double facette du personnage, épousant parfaitement le propos de Kobayashi, qui permet à Harakiri d’être aussi homogène. Cet homme que l’on imagine aisément efficace et fougueux quand il était au sommet de son art avait su tempérer le feu sacré qui animait son bras après que la paix lui avait livré fille et petit fils. Une étincelle guerrière destinée à s’embraser à nouveau pour permettre à l’homme de fermer les yeux une dernière fois en ayant préservé ce qui a conditionné toute sa vie : un honneur versatile régi par des règles inflexibles qui se révèlent au final être bien volatiles.


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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar pabelbaba » Sam 30 Juil 2016, 13:02

On peut faire des captures en continu sur ce film. :love:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar logan » Sam 30 Juil 2016, 15:26

Ouais ca occupe pendant qu'on se fait chier devant.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Sam 30 Juil 2016, 15:30

Mais quel troll :eheh:
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Alegas » Sam 30 Juil 2016, 15:39

Elle était bien trouvée quand même. :eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar pabelbaba » Sam 30 Juil 2016, 15:45

Ouais, elle est marrante. :mrgreen:
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Sam 30 Juil 2016, 15:53

Et en plus vous l'encouragez ! Le respect s'est perdu sur BKR.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar pabelbaba » Sam 30 Juil 2016, 15:59

Ah défaut de parler ciné, c'est déjà pas mal que Logan fasse des blagues drôles. :chut:
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Homme qui tua Liberty Valance (L') - 8,5/10

Messagepar osorojo » Dim 31 Juil 2016, 15:44

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L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE

John Ford | 1962 | 8.5/10
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« Le bon, la brute et John Wayne »


L’exemple parfait du film qui exploite pleinement son potentiel en allant à l’essentiel : des acteurs parfaitement dirigés, un sens du rythme exemplaire et une narration maîtrisée. Il y a bien la séquence du duel entre Stewart et Marvin qui se détache un peu, mais sinon c’est véritablement le film dans son ensemble qui se grave dans les mémoires et non quelques points de détail en particulier. C’est certainement ce qui a fait la glorieuse réputation, on ne peut plus méritée, de L’homme qui tua Liberty Valance, un au-revoir émouvant au véritable Ouest sauvage qui sait rester simple.

Prenez un héros qui tente de régler ses comptes à grand renfort de textes de loi alors qu’il n’est pas capable d’aligner trois canettes avec son popgun dans une région reculée des états unis où les différents se règlent dans des nuages de poudre. Ajoutez-lui un cowboy valeureux qui ne sort fugacement de l’ombre de son rival que pour mieux saboter le monde dont il est pourtant l’un des rois. Et enfin gratifiez-les d’une demoiselle douce au verbe franc qui apporte une petite touche de charme bienvenue entre les steaks à point (sacrilège !) disproportionnés et la descente infernale des buveurs de whisky qui peuplent son établissement. Il n’en faut pas plus pour compléter la solide ossature d’un film qui joue la carte du triangle amoureux sans jamais sortir les violons : un point que tous les amateurs de westerns secs et nerveux apprécieront.

Comme ils valideront certainement le personnage qui surpasse tous les autres avec sa bobine patibulaire. Qu’on s’entende, Stewart et Wayne livrent tous deux une prestation remarquable, le second, notamment, en réussissant à jouer de son charisme légendaire sans jamais tenter de se hisser seul au sommet. Mais Lee Marvin est certainement encore une coudée au dessus en assassin à la mâchoire fermée, si virulent qu'on le jurerait capable de croquer son propre cœur un jour où la faim se ferait trop féroce.

Quand, à ces personnages marquants et ce pitch efficace, s’associe une mise en scène tirée au cordeau, la magie s’installe et les 2 heures du film filent à toute allure. Il y a certes quelques points de détails qui font tiquer, comme les tronches un peu trop grimées de tous ces vieillards qui se remémorent les dernières heures du Far West, mais rien qui ne se fasse oublier rapidement. Quant au petit twist final qui n’en est pas vraiment un, il est superbement amené, de quoi quitter tout ce petit monde avec l’envie de se repayer une tranche de bidoche, saignante cette fois-ci, de la filmo très riche de l’indomptable Ford, ou de celles de tous ceux qui se sont inspirés du bougre par la suite pour livrer leur version poussiéreuse, peut-être moins glamour, de cet Ouest morbide si passionnant.


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Master of Kung Fu (The) - 6,5/10

Messagepar osorojo » Sam 06 Aoû 2016, 13:46

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MONK COMES DOWN THE MOUNTAIN

Chen Kaige | 2015 | 6.5/10
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« I know Kung-fu »


En cette période de disette où les bobines sans complexe se font voler la vedette par des films formatés qui ne prennent aucun risque, il est toujours agréable de se faire offrir une récréation généreuse qui n’essaye pas de limiter la casse en jouant la carte de la sécurité.

Certes Monk comes down the moutain est blindé d’exagérations, de mimiques forcées, d’ellipses narratives insolentes, de combats surcâblés et d’un script en totale roue libre, mais son énergie folle et sa générosité rageuse en font une séance sympathique qui saura redonner le sourire à tous les amateurs de kung-fu pian désaxés qui n’essaient pas de se faire plus gros que le bœuf.

Niveau tatane, ça livre plus que la came même s’il faut être ouvert aux bastons typées DBZ. Ici les maîtres du kung-fu jouent avec les éléments et pourraient filer une déculottée à l’élu maître de la matrice le matin en sortant du plumard. De quoi laisser dubitatifs ceux qui attendaient de la séance une démonstration de karaté Kyokushin un brin plus réaliste. Et il est vrai que même si on a l’esprit ouvert aux expérimentations en tout genre, par moment Monk comes down the mountain va un peu trop loin…

… Mais c’est aussi très certainement cette outrance dans la mise en scène des combats, qui conduit par exemple l’ultime maître du coin à dégommer une bagnole qui tente de lui faire les guiboles à la simple force de sa lance, qui fait planer sur l’ensemble du film une force de proposition enthousiasmante.

Du coup, même si le look un peu lisse de ses jeunes premiers adeptes de la tatane y frôle celui des danseuses de Tecktonik qui refont le carrelage de ma cage d’escalier, je valide ce petit Kung fu pian moderne qui aura su me faire passer un sympathique moment. Sans complexe, savamment rythmé, bien dosé en humour et mises à mort subites, il remplit parfaitement son office de divertissement contenu. Je ne lui en demandais pas plus.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Sam 06 Aoû 2016, 14:01

Merci, il y a qu'un grincheux comme Scalp pour faire la gueule devant un divertissement de cette tenue. :super:
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Mark Chopper » Sam 06 Aoû 2016, 14:04

Et comment va sa DVDthèque ?
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Sam 06 Aoû 2016, 14:11

Il poursuit son concours de celui qui aura la plus grosse mauvaise foi afin de vider ses étagères, dernières victimes : La Main de fer et Death Race.
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Trop Tard pour les Héros - 7/10

Messagepar osorojo » Dim 07 Aoû 2016, 14:56

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TOO LATE THE HERO

Robert Aldrich | 1970 | 7/10
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« Razzia de sushis pour Michael Caine »


Un commando constitué de fortes têtes, une rivalité rosbif/yankee amusante, quelques japonais stratèges à dessouder et une jungle malfamée à traverser pour parachever une mission suicide, il n’en faut pas plus à Aldrich pour habiller avec énergie près de 2h30 d’une fresque guerrière qui ne fait pas dans la dentelle.

Ne vous fiez pas à ses premières minutes bon-enfant, bien vite la nature humaine reprend ses droits histoire de rappeler qu’en temps de guerre les bas instincts sont plus libres de s’exprimer qu’à la vie civile. Un mort ne bronche pas quand on le charcute pour le dépouiller de ses bijoux, un vivant ne moufte guère davantage s’il se fait occire par surprise. Dans la lignée des 12 salopards, sans toutefois atteindre son panache, Too late the hero rappelle qu’il n’y a point de héros sur le champ de bataille, juste des hommes qui tentent de tourner une situation macabre à leur avantage.

Si l’on ne saura remettre en question la noirceur de sa proposition, il est plus difficile de passer à la démonstration d’Aldrich quelques points d’écriture particulièrement cavaliers. Ses scènes les plus marquantes notamment, à savoir la boucherie qui prend place sur le champ de bataille juxtaposant le camp britannique est quelque peu discutable. D’un point de vue militaire, c’est même carrément aberrant (ouais monsieur, j’ai un bac+12 à Soldier of fortune et je seekais du high skillède sur clanwar pour aller mettre des têtes sur 1.6, alors pour parler stratégie militaire, j’suis au point). Dans un contexte voulu sérieux, ça pose donc un petit problème de crédibilité, même si l’intérêt du film est ailleurs.

Dans sa galerie de fortes têtes habiles des cordes vocales notamment. Menée par un Michael Caine impeccable, elle n’est constituée que par des personnages peu impliqués qui n’ont qu’une envie : éviter le combat à tout prix. Où souvent dans les films du genre, il y a au moins un prodige du terrain qui sauve les miches de tout le monde, dans Too late the hero, tous les membres de l’escouade ont le même rôle : celui du couard qui essaye d’abréger sa punition.

Dommage qu’avec autant de chouettes éléments, Aldrich peine à livrer un enrobage à la hauteur. Niveau mise en scène, c’est assez avare en idées marquantes, c’est bien torché mais sans plus, comme si l’important ici était le propos, le but à atteindre et que l’enchaînement des événements pour y parvenir importait moins. C’est triste parce qu’il y avait matière à livrer quelque chose de plus inspiré, notamment dans la dernière partie qui consiste en un jeu psychologique finaudement mené par un commandant Japonais aux neurones saillants. Mais non, Aldrich narre cette partie comme le reste du film, efficacement mais sans réelle proposition. Quant au dénouement du jeu mental, il est tout simplement manqué.

Et pourtant, malgré ces réserves, j’ai beaucoup de sympathie pour Too late the hero. Le fait que Michel Caine soit de la partie y est pour beaucoup mais pas seulement. Même s’il est moins impactant que Les 12 salopards par exemple, on y retrouve quand même la touche Aldrich, des personnages détestables et des prises de décision salaces à leur hauteur. Et en dépit de sa mise en scène fonctionnelle, à aucun moment on ne s’ennuie, preuve que le bonhomme sait cultiver l’intérêt. Et puis la bande son est réussie, avec ses thèmes récurrents qui rappellent certaines bobines du cinéma d’horreur. Un moment sympa en somme, ni plus, ni moins.
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