Hibana : Spark (2016) Après plusieurs co-productions (l'émission de télé réalité
Terrace House et le
drama Atelier), Netflix a lancé sa première série 100 % japonaise en juin 2016 :
Hibana : Spark, adaptation du
best seller nippon de l'année passée qui relatait le parcours de deux amis bien décidés à devenir des vedettes du
manzai...
Définition utile pour ceux qui n'auraient jamais vu
Kids Return : le
manzai est un peu l'équivalent japonais du
stand up, le plus souvent pratiqué à deux. Un type d'humour qui a notamment rendu célèbres Takeshi Kitano (le duo des "Two Beats") et Hitoshi Matsumoto.
Alors forcément, en adaptant un
best seller, Netflix minimise sa prise de risques pour conquérir le public nippon. Mais l'humour façon
manzai peut-il plaire hors des frontières du Japon et passer facilement le cap de la traduction ?
Peu importe à vrai dire, car l'intérêt se situe ailleurs. Là où
Marseille, production Netflix franchouillarde nanardesque, échouait à proposer comme annoncé du
"cinéma à la télévision",
Hibana : Spark transforme l'essai. Mais attention : inutile d'espérer une facture HBO. Non, avec Ryuichi Hiroki en tant que superviseur de la mise en scène, le spectateur aura davantage l'impression de regarder un (bon) film d'auteur japonais de dix heures, découpées en dix parties, chacune évoquant une année vécue par les personnages.
Forcément, la plupart des spectateurs, peu réceptifs à ce type de cinéma, risquent de s'emmerder sévère. Mais ceux qui ont apprécié, pour citer des exemples récents, les derniers films de Hirokazu Kore-eda (
Notre petite sœur) ou Kôji Fukada (
Au revoir l'été), ceux-là risquent d'être charmés... Voire on ne peut plus surpris s'ils ont déjà regardé d'autres
j dramas. Car oui, à part
Shokuzai de Kiyoshi Kurosawa, aucune série nippone jusqu'ici n'avait bénéficié d'une mise en scène aussi travaillée, aussi bonne, et d'une écriture à ce point rigoureuse.
Si je devais rapprocher
Hibana : Spark d'une autre œuvre, ce serait
Kids Return de Takeshi Kitano. Pour son sujet bien sûr (le
manzai donc, l'amitié, les désillusions), mais aussi son traitement. Car on reste loin de la
success story qu'un divertissement tout lisse aurait pu nous infliger avec un tel postulat. Le rire est présent, mais on finit aussi la gorge nouée.
Outre la qualité de son écriture et de sa mise en scène,
Hibana : Spark doit également beaucoup à son interprétation. Netflix n'a pas débauché de superstar façon Gérard Depardieu ici... Il fallait de toute façon privilégier deux visages inconnus pour le bien des rôles principaux et le duo Kento Hayashi / Kazuki Namioka s'en sort à merveille. Du côté des seconds rôles, on retrouve quelques trognes sympathiques comme Tomorowo Taguchi (
Tetsuo) et Shôta Sometani, l'acteur fétiche de Sion Sono.
Tout n'est pas parfait cependant... Qui dit film d'auteur japonais dit lenteur.
Hibana : Spark n'est pas une série faite pour le
binge watching. A titre personnel, j'ai regardé la série à raison d'un épisode le soir tous les deux ou trois jours. Et surtout, la dernière demi-heure ne m'a pas tout à fait contenté...
Mais le fait est que j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ce
drama au ton doux amer qui ne ressemble à aucun autre et qui tient ses promesses. De là à le conseiller à certains ici, c'est une autre histoire (mais bon Olrik, si tu me lis cet été entre une escapade à Jinbôchô et un verre au Golden Gai, ton
drama de la rentrée est d'ores et déjà trouvé).
7,5/10