[Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

[logan]

Je m'offusque.

[Val]

[Jed_Trigado]

On sera d'accord. Mais ça ne changera pas ce que je pense du film et c'est le plus important.

[Jed_Trigado]

The Master - Lu Chin Ku (1980)

Comment ça défonce ta mémé a coup de lattes dans la tronche !!

C’était le moment où la Shaw alors en perte de vitesse mettait un peu n'importe qui aux commandes de n'importe quoi, souvent ça donnait des étrons mais dès qu'ils s'agit de films de chorégraphe, la donne s'en trouve changée car ils arrivaient malgré l’archaïsme de plus en plus flagrant du studio a apporter un souffle moderne. Là on pisse (mais avec classe) sur les plates bandes du Jackie Chan période Drunken Master avec une approche bicéphale du kung-fu, où un héros benêt (joué par Yuen Tak qui comme par hasard est un proche de Jackie, pas étonnant de voir qu'il partage son goût des cabrioles) va se retrouver avec des méchants vraiment méchants (Johnny Wang ) et au milieu de tout ça, une histoire d'amitié naissante parsemée de gags dans une école de kung-fu. Mais la vraie bonne raison de voir ce film, outre son extrême générosité dans l'action (l’exposition c'est une baston de pratiquement dix minutes), c'est clairement la qualité de la mise en scène a la fois dans les scènes narratives et bourrines avec un nombre incroyable de trouvailles formelles qui vont plus loin que l'éternel zoom/dezoom. Après pas mal de SB méconnus que j'ai trouvé moyens, enfin un film qui sort de la masse en tenant sans mal la dragée haute a la concurrence Golden Harvest.

8/10

Ps : pabel : si tu l'as pas vu, fonce !

[pabelbaba]

Pas vu celui-lui. C'est noté.

[Jed_Trigado]

L'Homme Sans Frontière - Peter Fonda (1971)

Quand l'une des icônes de la contre-culture de la fin des 60's se lance dans la réalisation, profitant de sa notoriété pour se payer le projet de ses rêves, un western qui ne ressemble a pas grand chose de connu mais qui finalement synthétise bien le mal-être de son époque : les cowboys perdent le goût de l'aventure et veulent juste ranger les flingues pour vivre une vie normale. Première surprise, je m'attendais a une œuvre complètement psychédélique, vu la personnalité de Fonda or j'ai trouvé le film d'une tenue exemplaire, jonglant savamment avec le respect du genre et ses désir formels plus improvisés (même si toujours magnifiés par la photo d'un Vilmos Zgimond alors débutant) avec pas mal de jeux de focales, de décadrages et surtout d'effets de montage époustouflants pour l'époque. L'histoire est très simple mais jamais opaque ou sacrifiée sur l'autel de la réalisation, les personnages existent et on les apprécie pour ce qu'ils sont (je crois que Warren Oates ne m'a jamais paru aussi humain et touchant, il vole sans mal la vedette a Fonda). Si la première demi-heure est quelque part dans les rails du cinoche de Peckinpah avec une histoire d'amitié, le film devient nettement plus surprenant dans sa partie centrale où s'opère un drame intimiste, les archétypes s'envolent, surtout le personnage de Verna Bloom dont le traitement est d'une modernité implacable, bien loin du cliché de la femme au foyer.

Pour un coup d'essai de la part de Fonda, c'est vraiment un coup de maitre, une expérience qui en a plus d'avoir la modestie d'être dégraissé au maximum, se révèle d'une poésie envoutante qui lui donne une aura a part dans le genre du western qui enquillait encore les grands films.

9/10

[osorojo]

Ça donne sacrément envie, je le mate rapidement celui-là, merci pour la découverte

[angel.heart]

Effectivement, grand film !

[pabelbaba]

Plus aucun souvenir... Pourtant avec Warren Oates ça aurait dû me marquer davantage.

[Jed_Trigado]

Je suis pas loin de penser avec son rôle de loser dans Alfredo Garcia, qu'il s'agit de sa meilleure prestation.

[pabelbaba]

Alfredo c'est le top. Et je kiffe aussi Macadam à deux voies et Cockfighter.

[Jack Spret]

Cockfighter, le film préféré de Morandini !

[Mark Chopper]

[Dunandan]

Tetsuo - Shinya Tsukamoto (1988)

Tetsuo est a tout points de vue une œuvre charnière dans le renouveau de la perception du cinéma japonais en occident, dont les années 80 furent fatales a cause d'une production qu'on qualifiera de gentiment calamiteuse, de fait l'offre ne se centrait plus que sur les grands "auteurs" bien installés depuis des lustres et adoubés par la presse ciné (la vague Kurosawa/Oshima pour faire court). Pourtant le film fit a sa sortie l'effet d'une bombe, marquant a la fois un engouement certain pour le cyberpunk, une marque de respect de pas mal de réalisateurs occidentaux et la naissance de ce qui deviendra l'un des chefs de file de la nouvelle vague japonaise qui déferla tout au long des années 90, Shinya Tsukamoto (auquel on peut rattacher ses confrères Takeshi Kitano et Takashi Miike), pour ma part j'ai un attachement plus singulier au film car il y a un peu plus de dix ans alors que j'étais alors en pleine découverte du cinéma asiatique, en plein été je m'étais procuré la plupart des double programmes Asian Classics de Jean-Pierre Dionnet après avoir bavé pendant des années pour découvrir ces films (ah c’était le bon temps où le p2p n'existait pas encore...) et voilà qu'en a peine quelque jours, je prends les films de Kitano et Tsukamoto en pleine face, des séances qui jusque là ont gardé le même impact. Mieux, encore depuis j'ai revu Tetsuo en blu-ray, je suis stupéfait par l'extrême beauté plastique du film, loin d'être un simple truc tourné a la va-vite avec une pensée sur le montage qui foutrait la honte a pas mal d'amateurs de cinoche "cut".

Dès ce premier film, même s'il avait l'occasion de tâter de la mise en scène avec Phantom of a Regular Size, on sent la plein maitrise d'un style auquel il ne fera jamais faux bond a quelques exceptions, avec cette obsession de la chair et du métal qui paradoxalement est filmée de façon organique et sensuelle, les hommes se transforment en amas de ferraille, se font sodomiser par des penis serpentis au cours de rêveries étranges, ils souffrent pour finalement admettre qu'ils aiment ça. En une petite heure, Tsukamoto impose son univers barré et fascinant sans pratiquement jamais user de dialogues, privilégiant le choc des images avec une camera virevoltante et la violence du score industriel du fidèle Chu Ishikawa indissociable de ce qu'il illustre par ses sonorités métalliques qui a quelques basses et synthés près n'a finalement pas si mal vieilli. Plus qu'un film qui ne se raconte, une vraie expérience jusqu’au-boutiste qui agresse les sens du spectateur de la première a la dernière image. Un grand cinéaste est né et la plupart de ses films suivants ne feront que confirmer qu'il est l'un des cinéastes japonais les plus importants de son époque et aussi font qu'il est devenu au fil du temps, l'un de mes réalisateurs préférés.

10/10

[Mark Chopper]

même s'il avait l'occasion de tâter de la mise en scène avec Phantom of a Regular Size, on sent la plein maitrise d'un style

Entre temps il y a eu The Adventure Of Denchu-kozo (dispo en bonus sur le coffret Third Window) et j'ai trouvé ça un peu foireux. L'image est dégueux (le choix du n&b est un vrai plus pour Tetsuo et son côté atemporel) et le rythme en dents de scie.

En fait, ça fait super cheap. On sent qu'il a appris de ses erreurs et la progression avec Tetsuo est énorme.