The Witch de Robert Eggers
(2016)
Et un énième petit film sorti de nulle part qui, après des passages remarqués dans de nombreux festivals, se retrouve vendu par la critique comme un renouveau du cinéma d'épouvante. Pourtant, comme la majorité de ces cas de figure semblables par le passé, The Witch ne dépasse jamais le stade de curiosité de festival, intrigante et étonnante, mais jamais mémorable. Pour un premier film, Eggers fait preuve d'une sacrée ambition sur le papier : adapter de façon très respectueuse un vieux conte de sorcellerie, dans un contexte particulier, à savoir celui de la colonisation de l'Amérique, où les colons se retrouvent désemparés sur une terre qui n'a pas été entièrement conquise sur le plan religieux. Une intention scénaristique louable, d'autant que Eggers n'a pas peur d'aller très loin dans son concept, quitte à frôler le ridicule (un bouc possédé par le diable, c'est quelque chose de culturellement accepté dans l'imaginaire collectif, mais à l'écran c'est une autre histoire), et qui débouche plus sur un thriller psychologique paranoïaque qu'un véritable film d'horreur. Ainsi, ce n'est pas tant la présence d'une sorcière qui détruit les liens familiaux et le bon sens, mais bien l’extrémisme religieux, qui transforme les hommes en ce qu'il ont juré de ne jamais céder.
En cela, The Witch est un film admirable sur bien des points, d'autant que Eggers joue sur l'économie de moyens pour délivrer une mise en scène très statique qui joue à fond sur l'ambiance (malheureusement, hormis la découverte de la sorcière, peu de moments sont vraiment mémorables de ce côté là) malgré une photographie dégueulasse. Reste que côté interprétations (la jeune fille et le père notamment) et musique, le film possède beaucoup de qualités, de même que dans la façon dont il délivre des images violentes (le plan de la mère et du corbeau), mais on est tout de même bien loin du premier film qui mettra tout le monde d'accord, et surtout très loin du grand film survendu par la presse depuis un moment. Une curiosité donc, rien de plus, rien de moins, quand bien même j'attendrais avec curiosité le prochain film du réalisateur.
Revision 2021 : ça passe beaucoup mieux une fois les attentes mises de côté. C'est vraiment à prendre comme un pur film d'ambiance, et de ce côté là ça marche complètement même si ça aurait mérité d'être un poil moins long et répétitif. Mais pour un premier long, c'est quand même assez admirable de voir une proposition aussi extrême, c'est assez osé dans le genre.
5/10