[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Lun 27 Juin 2016, 08:15

J'connais pas du tout !

Bien envie de tenter la fille du 14 juillet dans un premier temps même si le pitch de La loi de la jungle m'attire davantage :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Creeps » Lun 27 Juin 2016, 12:37

Le 14 juillet j'ai trouvé ça bien nul, on sent l'influence nouvelle vague.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mar 28 Juin 2016, 05:06

osorojo a écrit:J'connais pas du tout !

Bien envie de tenter la fille du 14 juillet dans un premier temps même si le pitch de La loi de la jungle m'attire davantage :mrgreen:


C'est particulier, c'est frais, ça changer. Maintenant, aucune idée de ce que tu pourrais en penser...

Creeps a écrit:Le 14 juillet j'ai trouvé ça bien nul, on sent l'influence nouvelle vague.


Y'a un peu de ça, mais ça se prend sacrément moins au sérieux quand même. :D
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Tour 2 contrôle infernale (La) - 3/10

Messagepar Nulladies » Mar 28 Juin 2016, 05:28

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I believe I will cry

Délicat exercice que celui de la comédie, mes aïeux.
Deux tendances majeures s’affrontent : les bonnes vieilles recettes universelles à grand renfort de sujets que la morale réprouve, et sur lesquels le bon quidam pourra se défouler : la drogue (Camping 3 et sa bande annonce), la scatologie (Les visiteurs 3 et leur bande annonce), le racisme (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu), etc.
A l’autre bout du spectre, le film d’auteur qui joue avec les codes, les subvertit, et surprend le spectateur formaté par le cahier des charges : Dumont, récemment, mais aussi Verhoeven dans le très réussi Elle, et Peretjatko avec sa Loi de la jungle.
Et puis, Eric Judor.
Au visionnage de son dernier effort, j’ai beaucoup pensé à ce titre des Casseurs Flowters, « Stupide Stupide Stupide » qui brandit comme un mantra « Plus stupide que la stupidité ».
Tout est dans cette posture : aller trop loin. Soit ce à quoi le tandem nous a habitués, à savoir débilité profonde et détournement des Die Hard ((ici clairement le 2), en pire, sur tous les fronts.
Pire, la longueur des échanges, la durée des plans sur un personnage silencieux, le gros plan progressif sur le nez du méchant, le n’importe quoi généralisé, l’absurde, les personnages devenus des cartoons, les décrochages narratifs.
On imagine très bien l’émulation des scénaristes : on fait ça ? Attends, nan, j’ai encore pire : on fait ÇA.
Ils ont simplement oublié qu’on allait regarder, à la fin. On sent bien à quel point le film est saturé d’intentions, mais le 25ème degré implique qu’on sache ce qu’étaient les 24 précédents, ce qui est loin d’être le cas à un grand nombre de reprises.

Puisque le tandem dépasse la débilité, tentons de le suivre : ce film n’est pas débile, et par là-même ne mérite pas le mépris. Il est, d’une certaine façon, courageux : si l’on accepte de ne pas rire, on peut saluer son audace jusqu’au-boutiste. Mais celle-ci génère davantage de malaise que d’enthousiasme.
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Blue Collar - 7/10

Messagepar Nulladies » Mer 29 Juin 2016, 05:47

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United we strand

De l’Amérique, on est habitué à la distinction très nette de deux univers, surtout depuis l’avènement du Nouvel Hollywood : les élites et les rebuts, les officiels et les malfrats. La question de la masse ouvrière semble être finalement restée très européenne, même si Ford, notamment dans Quelle était verte ma vallée, aura sur se pencher sur elle.
Schrader a su, pour les autres, se pencher sur la deuxième catégorie, notamment dans les scénarii qu’il écrit pour Scorsese, de Taxi Driver à Raging Bull. En passant derrière la caméra, il prend à bras le corps la classe laborieuse, celle dont le quotidien est tout sauf romanesque.
Son film, qui prend le temps de donner corps à cette routine insupportable, est donc en premier lieu teinté d’un naturalisme bienvenu : la pénibilité, la chaine déshumanisante lestée d’un blues répétitif et aliénant.
Nulle quête à l’horizon : chaque étape supplémentaire semble un clou qu’on plante dans le quotidien des ouvriers. Nul angélisme non plus : acculé, à cran, ils sont aussi infidèles et portés sur les psychotropes, tant leur quotidien est le miroir de leur échec.
Dans cette chronique sociale qui cherche à chaque séquence à dénoncer, au point de rendre un brin étouffante la démonstration, Schrader se distingue par une volonté de dénoncer l’ensemble des responsables : les patrons, certes, à l’image ce manager dont la tâche consiste à harceler les manutentionnaires, mais aussi et surtout les syndicats.
Deux camps s’affrontent : les tenanciers du système qui œuvre discrètement au maintien de son inertie, et les pauvres insectes qui pensent, un temps, pouvoir en ébranler les fondements : l’indignation le dispute ainsi à la pitié, dans un jeu aux règles éculées, fondées sur la corruption humaine. Seul le décompte des voitures construites, grand panneaux lumineux sur la ville, semble rester imperturbable.
De braquage en manipulation, de paranoïa en dénonciation, la bande des trois qui semblait nous proposer un exemple rare de mixité raciale tombe sous les fourches caudines. Car la question du racisme est un des autres éléments centraux du film : portée par deux comédiens en pleine forme, l’un à la violence rentrée, l’autre au verbe truculent, la bande entoure un Harvey Keitel qui opte pour une certaine mesure, afin de rendre prégnant son étouffement.
Si le récit peut sembler un peu long par moments, voire, au départ, une suite de scénettes, son implacable gradation vers un final suspendu particulièrement efficace : en caractérisant des personnages avant d’en révéler la versatilité, Schrader dévoile la redoutable et machiavélique intelligence du système : exploiter l’homme par où il pêche (la vénalité, l’orgueil, la soif de pouvoir, le désir de revanche), et diviser pour régner.
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El Clan - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Jeu 30 Juin 2016, 09:36

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Impairs de famille

Dans le catalogue infini de films adaptés d’un fait divers, El Clan ne se démarque pas de façon ostentatoire. Relativement linéaire, sans effet de manche ni décalage prononcé, il restitue l’affaire d’une série de kidnappings réalisés en Argentine dans les années 80, et faits en famille au vu et su de la quasi-totalité des membres.
C’est là le point qui intéresse le réalisateur : traiter de la complicité passive, et des moyens par lesquels on en vient à se compromettre, volontairement ou non, dans le crime crapuleux.
L’ancrage historique vient renforcer cette place du patriarche, ancien Général qui se voit destitué et poursuit sa domination violente, mais de façon désormais officieuse. Le destin d’un pays, qui ne parvient à se débarrasser des fantômes du passé, se joue dans une maison obscure dont les caves sont remplies de cris qu’on tente vainement de couvrir par une radio constamment allumée.
El clan joue sur deux tableaux : ce silence oppressant, cette absence de débat imposée par le père, et que toute sa famille prend pour argent comptant, et les élans de vie d’un des fils qui entame une vie active et sociale (sport, petite amie, profession…) qui pourrait exister sans le crime. Sur cette tension, le film joue une partition convaincante : loin d’un manichéisme facile, il montre l’emprise de l’un comme les lâche compromis de l’autre, tissant un écheveau inextricable dont l’issue ne peut être que tragique. Le fait d’annoncer très tôt le dénouement par un flash forward ne fait que renforcer cet étouffement généralisé, accentué par une photographie jaunie et naturaliste, privilégiant les intérieurs surcadrés et les extérieurs nuits.
Si le récit s’attache à faire état de cette neutralité malaisante, particulièrement bien rendue dans le visage glacial de Guillermo Francella, ou dans le montage alterné entre les séquences de rapt et de vie quotidienne, il sait aussi ménager une tension croissante des criminels pris à leur propre piège : coups de téléphone, regards permanents dans le rétroviseur attestent de la fin imminente d’un règne silencieux.
Sans révolutionner le genre ni se révéler mémorable en terme de mise en scène, El Clan est un film d’atmosphère, qui sait tirer de sa neutralité apparente une charge dénonciatrice, particulièrement dans le rôle dévolu à la mère. Presque inexistante, effacée, dénuée de tout discours, elle est celle qui sait et s’accommode : une figure familière de la banalisation du mal.
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Chantons sous la pluie - 10/10

Messagepar Nulladies » Ven 01 Juil 2016, 05:39

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L’illusion rythmique

“If you've seen one you've seen them all.” : Affirmée par les trois personnages, cette sentence sans appel sur le film de l’âge d’or hollywoodien peut évidemment s’appliquer à la comédie musicale dans son ensemble : une intrigue cousue de fil blanc, prétexte au lien entre des numéros chantés et dansés exaltant la victoire de l’amour et du technicolor.
Tout cela est vrai. Comment expliquer, dès lors, que Singing in the rain soit restée la plus célèbre d’entre elles ?
Pour commencer, l’intelligence de son écriture. Le métadiscours n’est pas une révolution dans le genre, il en était déjà largement question dans Tous en scène : les artistes parlent avant tout de la façon dont ils travaillent leur performance artistique. Mais dans cet opus, il est moins question de musical que de cinéma : lorsque l’âge d’or de 1952 se penche sur la naissance du parlant en 1927, c’est l’occasion d’un regard attendri et enthousiaste sur les coulisses de l’usine à rêve : incidents techniques, gestion d’une révolution qui bouleverse la production (demandez à Chaplin ce qu’il pensait des talkies…) et gag en cascade émaillent le récit.
Mais l’abandon du muet génère aussi une mise au jour de tout ce qui était tu jusqu’alors. Singing in the rain est en cela un film sur la supercherie : en dévoilant ce que disaient les acteurs lors des tournages, en expliquant le système du doublage et de la synchronisation, le cinéma admet être un mensonge virtuose. Tout le film explore cette notion, dès la première biographie révisionniste de Don Lockwood, double à peine masqué de la star Gene Kelly, à la fausse carrière dramaturgique de Kathy ou les idées illusionnistes de Cosmo : la légende dorée se construit sur du toc, à l’image du couple de stars idéalisé qui s’oppose à celui d’amants qui ne cessent de s’écharper pour accéder à la vérité de l’autre.
Vertige infini, le film creuse cette double idée : en dévoilant les supercheries, on accède à la vérité (Don démasque Kathy, Cosmo lève le rideau sur elle et sa voix) ; mais en en créant, on rend cette vérité plus belle encore : par le doublage, la création d’un spectacle, le ballet Broadway Melody, fantasme à l’intérieur duquel on va jusqu’à créer un rêve, la danse avec Cyd Charisse et son voile aussi long que ses jambes son sveltes. On notera à ce sujet que la voix de Jean Hamon, jouant l’horrible Lina Lamont, était à ce point suave que c’est elle qui double Debbie Reynolds (jeune actrice de 18 ans dont l’accent texan était assez malheureux) lors de la scène où elle lui prête sa voix !

Tout cela sans avoir parlé de la danse et des chants : ceux-ci se passent de mots.
Singing in the rain est l’incarnation absolue de la joie. Sur ce canevas magique de la comédie musicale, qui veut que certains indices d’une scène vécue conduisent à la construction d’une partition musicale et de pas chorégraphiés à la perfection, le film procède par extension : avec lui, on saura faire rire, dire bonjour, déclarer sa flamme, tourner en dérision l’enseignement trop rigide de la diction et faire de la pluie son alliée. Ce n’est pas pour rien si cette scène mythique est devenu l’une des plus emblématiques du 7ème art : elle matérialise le ruissellement émotionnel du personnage qui sait avec une grâce unique au monde contaminer le réel de sa félicité.
Dans un monde où l’on tombe du ciel directement dans une voiture, où l’on surgit d’un gâteau ou traverse les murs, le bondissement est l’expression reine : le trio gagnant nous prend par la main et nous entraine dans une course folle, où l’on subjugue par les prouesses chorégraphiques tout en vous donnant cette illusion suprême d’être synchrones avec votre propre danse émotionnelle.

“If you've seen one you've seen them all” : peut-être : mais s’il n’en reste qu’un ce serait celui-là.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Alegas » Ven 01 Juil 2016, 08:31

Normal. 8)
Cette dernière phrase...tout est dit. :super:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Ven 01 Juil 2016, 09:03

C'est ici le rendez-vous des fillettes ?

Ptain, on est pas loin de voir fleurir des avatars Les dieux du stade les mecs, j'vous le dis, l'heure est grave.
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Truman - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 04 Juil 2016, 05:59

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Suivre et laisser mourir.

Sur un sujet aussi délicat que l’euthanasie, c’est par la délicatesse qu’on peut éviter bien des pièges. Quand Julian décide d’arrêter les traitements qui prolongent de peu sa vie face à un cancer incurable, son ami de longue date, Tomas, revient du Canada : pour lui dire adieu ou le faire changer d’avis, rien n’est déterminé. Tout se joue grâce à la posture de ce dernier : après quelques rappels à l’ordre, il accepte de se taire et se contente, « en visiteur », d’accompagner son ami qui commence à prendre ses dispositions : prévoir son enterrement, placer son chien éponyme, et tenter d’annoncer la nouvelle à son entourage.
Alors qu’on servait le débat sur un plateau d’argent, le récit botte en touche : il ne s’agit pas d’opposer des camps, mais de voir des personnages assumer des choix. A une amie qui lui demande s’il a réussi à faire réfléchir Julian, Tomas répond « Je manque d’arguments ». «Je ne savais pas qu’il en fallait pour continuer à vivre », lui répond-elle. Cette remarque cinglante pourrait se suffire à elle-même, mais tout ce qui suit la dément : à de nombreuses reprises, Cesc Gay prend le contrepied de ce qu’on pensait établi pour remettre la balle au centre, comme le fait Farhadi dans bon nombre de ses films. La grande différence réside dans l’empathie qu’il a pour ses personnages. Julian pourrait, en sage proche de la mort, devenir le sentencieux qui débite des leçons de vie : c’est ce qu’il fait au restaurant, lorsqu’il va humilier des connaissances qui font semblant de ne pas l’avoir vu. À cette victoire répond un écho inversé où l’on viendra à lui, par empathie et dans une logique de pardon : il ne s’agit pas ici de lui rendre cette humiliation, mais de lui faire gagner en humilité, voire de lui redonner goût à l’humanité qu’il prévoit de quitter.
Julian aime la surprise, et ménage régulièrement ses entrées ou ses déclarations. Le récit consiste, par le biais du témoin silencieux, à le préparer à en avoir lui-même : face à son fils, face à ce chien par le prisme duquel tout le grand voyage prend son sens. Tomas est le pivot du récit : il paye, il suit, il ne juge pas. La leçon de générosité qu’il offre passe par les regards, un humour discret, et un soutien que lui-même peine à formuler par des déclarations.
Pas de discours, pas d’effusion. Une musique aussi délicate que ces visages qui tentent, dans un sourire digne, de faire avec un inacceptable qu’on a généralement la chance de ne pas avoir à planifier.
Impeccablement joué, distillant une émotion aussi authentique que réfléchie, Truman est avant tout une leçon de tolérance face à la fragilité humaine, faisant de la déclaration de Julian sa devise :
« Chacun meurt comme il peut ».
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Lun 04 Juil 2016, 06:02

Alegas a écrit:Normal.
Cette dernière phrase...tout est dit.



Les vrais savent.

osorojo a écrit:C'est ici le rendez-vous des fillettes ?

Ptain, on est pas loin de voir fleurir des avatars Les dieux du stade les mecs, j'vous le dis, l'heure est grave.


Va voir Billy Elliott, ça contient des leçons de vie édifiantes qui pourraient t'aider à avancer dans la vie.
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Witch (The) - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 04 Juil 2016, 06:04

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La lisière sans retour

Dans la production pléthorique de films d’horreur et d’épouvante, on nous en sort au moins par an qui pourrait franchir le cercle des amateurs et accéder à la dignité d’un véritable film. L’année dernière, c’était It Follows, cette année, on insiste beaucoup sur The Witch, dont le pitch anémique, que le seul titre suffit à résumer, n’excitait pourtant pas outre mesure.
Dans une Amérique naissante qui évoque beaucoup The Village, Robert Eggers opère une série de choix qui permettent à son récit de véritablement s’installer. Tout d’abord, l’exclusion de la famille à la lisière d’un bois, et loin de la communauté, pour des motifs qui semblent religieux : les longues scènes du quotidien laborieux, l’entre-soi de cette famille est le nœud de toutes les angoisses. Car si l’une des premières séquences nous permet d’accorder du crédit à la thèse surnaturelle (à grand renfort de ces insupportables violons grinçants, inhérents au genre depuis…que le son existe) celle-ci cède le pas à un film naturaliste et psychologique. Soit l’aliénation croissante d’un groupuscule qui ne sait définir d’où provient le mal : de l’inconnu sylvestre ou du mystère insondable des individus qui le composent.
C’est sur cette durée que le drame fonctionne : l’attention portée aux détails, l’obsession fanatique avec laquelle on traque la propension de chacun à se compromettre dans le péché, et qui rend plus préoccupante la disparition d’une tasse en argent que du petit dernier, diffusent une paranoïa assez malsaine. La photographie, très soignée, prend le relai de cette ambiance étouffante : des intérieurs splendides, éclairés à la flamme, où l’intimité devient mortifère, alterne avec une vision laiteuse de l’extérieur, passée au filtre d’une inquiétante étrangeté.
La perversion du regard rend menaçant les éléments les plus anodins : les comptines des enfants, leurs rires un peu trop vifs, l’attitude du bouc ou le regard d’un lapin, la vigueur avec laquelle on fend des bûches… Sur ce terrain, le film tient clairement ses promesses, et n’est jamais aussi efficace que dans ses ambiances mutiques.

La progression a le mérite de ne pas trop jouer la carte éculée du twist, et de conduire la famille à incarner l’enfer dans lequel elle erre depuis longtemps. Ce qui intéresse, c’est de considérer le massacre généralisé comme une sorte de libération, une catharsis collective qui permettrait aux êtres de se révéler. On aurait pu souhaiter une lecture plus ambigüe du surnaturel, et que la séquence initiale reste probablement onirique, propre aux contes populaires dont le film prétend s’inspirer. Le reste des événements n’aurait été imputable qu’au fanatisme des colons, que ce soit celui de leur religion ou de leurs craintes, qui se rejoint si souvent. Mais l’image finale, cette belle élévation circulaire, achève aussi cette démonstration d’une apocalypse au sens propre du terme : la révélation d’une part obscure de l’homme et de son individualité bestiale, que nul dogme ne peut réellement entraver.



Petit film assez prometteur, The Witch ne brille pas par son originalité, mais parvient à construire son piège pour enfermer ses personnages. Au spectateur de se positionner, à l’image du père qui affirme avec autant d’autorité que de panique : « I will not play the fool in this children game ! »
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Batman v Superman : L'Aube de la Justice - 3/10

Messagepar Nulladies » Mar 05 Juil 2016, 06:00

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Les arcanes du blockbuster, chapitre 24

- Gros boulot les bulots. La suite de Superman, mais vous connaissez le principe de la MCU, on…
- Euh chef là c’est DC Comics.
- C’est vrai, trouve un nom avant la fin de ma phrase, et donc on commence par mêler toute l’écurie en stock pour ensuite décliner jusqu’en 2030 la franchise.
- DCEU ? DC Extended Universe ?
- Ça claque ma caille. Prends du punch. Allez, je veux du pitch.
- En fait, chef, on a que Batman en stock.
- C’est vrai aussi.
- Batman vs Superman, donc ?
- Voilà.
- Comme chez Marvel en fait avec Captain Am…
- Oui mais ta gueule. On fait pareil, on est d’accord, genre les dommages collatéraux des combats de l’un pètent les couilles à l’autre, d’où concours de teub à l’échelle cosmique. Mais nous ce sera une PUTAIN de tragédie. Zack est formel. Depuis qu’il a tâté du grec dans 300 et de la psychologie dans Sucker Punch, monsieur a des ambitions.
- J’avais pensé à faire vieillir un peu Batman. Genre Clooney, mais qui fait des tractions avec des gros pneus.
- Et Superman, il fait des œufs au plat torse nu, mais il prend son bain habillé. Héros torturé.
- Genre. Et faut qu’on parle de Dieu.
- Ouais, comme dans le premier c’était déjà Jésus, on continue.
- Voilà. Un truc sur l’idolâtrie, le crépuscule des idoles, tout ça. Le méchant, c’est qui déjà ?
- Lex Luthor.
- Vous lui foutez plein de fois le mot dieu dans ses discours. Et des tics genre psychopathe.
- Et pouvoir. Il manque un truc.
- L’amour ? Le méchant pourrait prendre en otage la petite amie du…
- T’as raison. Mais arrête-moi si je me trompe, ça aurait pas déjà été fait ?
- Attendez chef, je sens le truc de dingue : le rapt n’est qu’un leurre vers le rapt ultime, l’amour de sa vie, LA femme irremplaçable !
- Wonder Woman ?
- Ah, oui, elle aussi, mais mieux, j’avais pensé à sa maman en fait.
- Mais VOILA. Foutez-moi des mères, ça humanise les dieux. Souvenez-vous de Marie, elle s’est pas privée en ce qui concerne le succès posthume, la coquine.
- Putain, ils vont pas le voir venir ça. Comme en plus celle de Batman elle est déjà morte, ça peut leur faire un motif de réconciliation.
- Mais grave.
- Bien vu les mecs. Bryan, on oublie quand même pas qu’il faut nous emballer tout ça dans un beau paquet de pixel. Tu nous dis quoi ?
- Je vous dis comme à chaque fois, chef, toujours plus. J’ai divisé en deux : les resucées et le nouveautés. Dick s’est chargé de la première catégorie.
- Oui, donc : pour Batman, on s’est dit grosse armure comme Iron Man qui affronte Hulk dans Avengers 2. Pour Superman, ils peuvent lui nucléariser la gueule dans le ciel comme Iron Man dans Avengers. Pour la musique, on veut des nouveaux Poooooooooin, un peu plus style, et le même motif que pour Mad Max 4.
- On a déjà acheté l’ordi qu’avait fait la B.O.
- Et sinon, ben comme on a dit. On fout un peu partout des bandes annonces des prochains personnages qui finissent en man. Aqua, Wonder Wo, tout ça, et des visions du futur avec des rêves apocalyptiques.
- Et les nouveautés ?
- Ah, ben c’était qu’est-ce que je viens de dire.
- Bref, on s’en branle. Niveau action, je vous rappelle que c’est Snyder aux commandes. Le vegan du numérique, le fondamentaliste du pixel.
- On a chef. On était emmerdés au début, parce que bon, les balles et les explosions, nos deux héros s’en foutent pas mal.
- C’est vrai. Donc ?
- Ben on en a mis quand même. Mais genre plein.
- Et chaque fois qu’ils tombent, ils garantissent l’avenir du BTP dans le monde. Pas un mur ou une colonne qui tienne, ça va être le domino cascade des buildings.
- Mais on a pas de méchant ? Parce que quand ils nous font leur Œdipe musclé, là on fait quoi ?
- On a bien un truc informe qui peut pas mourir, mais c’est pas vraim…
- Foutez-le. Et les mecs, je le gardais pour la fin parce que même pendant la réunion, je voulais pas spoiler, mais j’avais dit tragédie ou pas tragédie ?
- Tragédie, chef.
- On fait crever un personnage.
- Oh putain chef. La deuxième mère ?
- Non.
- La meuf ?
- Même pas.
- …
- Putain, même vous vous êtes pas prêts. Bon, on va travailler l’idée. Genre un truc DE DINGUE mais en fait non juste à la fin, mais indice tout petit comme des grains de terre.
- Z’êtes trop en avance sur votre temps, chef.
- Evidemment bande de fiottes. Et c’est pour ça qu’on va cartonner.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 05 Juil 2016, 12:19

:eheh:

J'ai tenu 45 minutes pour ma part. Je ne sais si j'aurai un jour le courage de le voir en entier.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Mar 05 Juil 2016, 12:38

J'ai personnellement lancé le film un vendredi soir alors que je voulais me mater un truc nobrain. J'ai cliqué à 4 endroits dans la timeline, vu que ça durait 2h30 :shock: et refermé aussi sec :mrgreen:
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