[Alegas] Mes Critiques en 2016

[Alegas]

Midnight Meat Train de Ryuhei Kitamura
(2008)

J'avais un peu d'espoir sur une incursion de Kitamura sur une commande occidentale, un projet qui lui aurait permis de retenir un peu plus sa fougue habituelle qui part dans tout les sens, et surtout qui l'obligerait à utiliser sa mise en scène inventive au service d'un récit, et non pas le contraire comme la plupart de ses précédents métrages. Manque de bol, Midnight Meat Train n'est pas totalement le film escompté. Certes, Kitamura y prouve une nouvelle fois qu'en terme de cinéma de genre, il est l'un des réalisateurs actuels qui peuvent créer beaucoup à partir de rien, c'est visuellement chiadé comme rarement dans un film de ce style, mais autant le pitch de départ donne quelque chose de très intriguant, avec une analyse intéressante de la puissance de l'image, qu'elle soit photographique ou en mouvement, autant le script montre rapidement ses faiblesses après une demi-heure de métrage et donne encore l'impression de regarder un court-métrage étiré pour pas grand chose. Écriture des personnages au rabais (cette femme qui change d'avis comme de chemise), final intéressant mais qui arrive comme un cheveu sur la soupe, gros ventre mou avant le climax final, Midnight Meat Train est assurément un film mal foutu côté écriture (dommage par exemple que le milieu du métro ne soit pas plus exploité que ça, à l'instar de Creep), et il a beau assurer le spectacle visuellement, Kitamura n'en cède pas moins à la gratuité la plus totale, avec des plans m'a-tu-vu rigolos mais qui ne servent concrètement à rien, à l'image d'un plan POV où la caméra est placé dans la tête d'une personne que l'on décapite. Un plan à l'image du film, plaisant sur le coup, mais qui révèle très vite ses limites.

4,5/10

[Mark Chopper]

Je n'y crois pas... Tu as maté du Mizoguchi.

Le doute n'est plus permis, tu es bel et bien masochiste.

[Alegas]

Je fais de la place sur les étagères.

Et au moins désormais je peux cracher dessus en toute légitimité.

[Mark Chopper]

Tu sais qu'il y a des vieux films japonais sympas sinon ?

Comme le Zatoichi sur tes étagères.

[Alegas]

Ah mais il va y passer un jour t'en fais pas (je crois même que c'est le seul film jap qu'il me reste à voir dans mes dvd), mais là j'ai tendance à me focaliser sur les films dont je suis à peu près certain que je ne les aimerais pas, pour pouvoir les jarter avant l'été et me permettre de faire de la place.
Donc voilà, ne vous étonnez pas s'il y a pas mal de mauvaises notes qui arrivent dans les jours à venir.

[Val]

pour pouvoir les jarter avant l'été et me permettre de faire de la place.

T'es en retard là.

[Alegas]

Mon année n'est pas encore terminée, l'été commence en juillet pour moi.

[Alegas]

Donnie Darko de Richard Kelly
(2001)

J'aurais donc découvert la courte filmographie de Richard Kelly dans le désordre, Donnie Darko étant le seul qu'il me restait à voir. Cette vision, longtemps repoussée, me conforte dans tout le bien que je pense du réalisateur/scénariste, comprenant très bien ce qu'on peut lui reprocher, mais adhérant totalement à ses différentes propositions de cinéma. Donnie Darko, c'est un peu l'image même du petit film culte du début de siècle, un premier long-métrage qui fera un flop financier à cause d'une actualité mouvementée (un film qui évoque la fin du monde en pleine banlieue américaine, moins de deux mois après les attentats du 11 septembre, pas étonnant) et qui sera pourtant, peu à peu, célébré comme une œuvre majeure (le film fera même un score autrement plus satisfaisant lord d'une seconde sortie trois ans plus tard) et lancera définitivement la carrière d'un réalisateur prometteur. A la vue du film, le premier constat qui s'impose est que c'est sacrément impressionnant pour un premier film. Non seulement Kelly évite les erreurs de départ souvent faites, mais il livre un long-métrage cohérent du début jusqu'à la fin et qui se refuse à céder à la facilité, notamment en mélangeant la chronique adolescente avec le film fantastique, tout en développant un propos sacrément intense sur la difficulté de l'adolescence dans une Amérique où l'on tente de garder tout sous contrôle.

Un premier film exemplaire donc, à la fois ambitieux et sincère, qui montrait déjà toutes les qualités de Kelly derrière la caméra, que ce soit pour créer des ambiances uniques (ce montage sur Mad World, c'est juste dingue ) ou pour permettre à des acteurs de briller à l'écran (tout le casting est bon, du plus jeune au plus vieux). A ma grande surprise, là où beaucoup de personnes ayant vu Donnie Darko m'avaient vendu un film difficile à comprendre, je trouve au contraire que c'est clairement l’œuvre la plus limpide de Kelly. Une fois la révélation finale faite, il suffit de repenser à des détails ou à des scènes particulières pour percevoir la cohérence de la chose (c'est fou à quel point le film se tient de bout en bout, le final est même annoncé à plusieurs reprises sans jamais être prévisible) et de ce côté là j'aurais presque envie de dire que c'est le film de Kelly le mieux écrit (mais je pense revoir ses deux autres prochainement pour vérifier). Du coup, je vais me faire sous peu la Director's Cut, et y trouverais peut-être des raisons pour aimer encore plus ce film et augmenter ma note. Une chose est sûre, c'est sacrément dommage que Kelly ne fasse plus de films, un mec comme lui manque sacrément au paysage cinématographique américain.


MAJ 28/07/16 : Vu en DC et je suis un peu partagé. Autant j'apprécie beaucoup le fait de voir certains persos clairement plus approfondis (notamment la grand-mère trompe-la-mort), autant la DC a un côté surexplicatif qui me gêne un peu, le film original n'ayant pas réellement besoin d'explications supplémentaires pour être compris à mon sens. Et j'ai aussi l'impression qu'il y a quelques effets de montages différents, parfois réussis, parfois kitchs par rapport à l'original. Bref, j'ai un peu de mal à dire que c'est LA version à privilégier, je crois que je préfère de peu la version ciné, et c'est bien dommage car la plupart des scènes ajoutées valent vraiment le coup.

9/10

[Mark Chopper]

Pour moi c'est un one hit wonder, Kelly.

Southland Tales s'effondre sous le poids de son ambition (le film est incompréhensible sans avoir lu la BD/prequel) et The Box a tout du long-métrage tourné avec une simple idée de court-métrage (on aurait pu en tirer un bon épisode de La Quatrième dimension).

Tout ça pour dire que Kelly a creusé tout seul le trou dans lequel il est aujourd'hui.

[Alegas]

Pourtant de mémoire tu considères que Southland Tales est son meilleur film, non ?

[osorojo]

J'ai un grand souvenir de Donnie Darko, j'étais sorti du film complètement fasciné, et pourtant je n'ai jamais osé le revoir. Tu me donnes envie de me le refaire

Jamais vu Southland tales alors que j'ai le BR, à priori c'est quitte ou double celui là ^^

[Mark Chopper]

C'est le plus intéressant, mais c'est un chef-d'œuvre raté qui oublie le spectateur en cours de route.

Il y a des trucs de fou (la scène musicale avec Timberlake) mêlée à de la merde (le casting est quand même pété, même si j'aime bien Seann William Scott à contre-emploi).

Je n'ai vu ses films qu'au moment de leurs sorties respectives et je crains de les revoir.

[Chuck Chan]

Du coup, je vais me faire sous peu la Director's Cut, et y trouverais peut-être des raisons pour aimer encore plus ce film et augmenter ma note.

Alors je m'étais dit la même chose, mais ce director's cut est clairement inférieur, la trame n'est pas vraiment développée, le film s'attarde sur des scènes peu intéressantes et le rythme est cassé. En fait, c'est à douter de la vision de Kelly de son propre film, à croire que celui qui a monté la version ciné a mieux compris le film que lui.

[helldude]

Oui faut pas regarder le director's cut ça nique tout le film.

[Alegas]

The Ladykillers (Ladykillers) de Joel & Ethan Coen
(2004)

Je n'en gardais pas un souvenir désagréable, et quand bien même je revois aujourd'hui le film à la baisse, on est quand même loin de film catastrophique pointé du doigt par certains. Alors oui, c'est clairement un film plus que mineur dans la filmographie des Coen (surtout quand on voit le film qu'ils feront après) mais ça reste quand même bien plaisant et très ancré dans l'univers des frangins. Drôle d'idée de la part des Coen que de se diriger vers le remake d'une comédie, à croire que l’œuvre est une totale commande qu'ils ont parasités de l'intérieur en partie pour en faire un film purement coennien. Malheureusement, le mélange ne prend pas toujours, et si on retrouve des personnages et scènes qui s'inscrivent parfaitement dans le ton des précédents films des réalisateurs, il faut avouer que d'autres aspects ont du mal à prendre, en témoigne le personnage de Marlon Wayans, dont l'idée n'est pas mauvaise en soi, mais qui fait le yoyo entre séquences rigolotes et passages embarrassants.

Au final, The Ladykillers se repose principalement non pas sur son histoire, peu surprenante, mais bien sur des gags précis (la façon dont chaque membre va mourir de façon imprévisible, le tableau du mari défunt) et surtout sur des personnages dans la pure mouvance coennienne, et principalement Tom Hanks, J.K. Simmons et Irma P. Hall qui volent les meilleures scènes du film (la première scène du second, avec le chien, est bien sympa et permet d'avoir un caméo de Bruce Campbell), et le passage avec Hanks qui réclame des gaufres me fera toujours rire aux éclats). Si la BO est excellente, la mise en scène en revanche est très en retrait, à l'instar du précédent film des Coen, à croire que ces deux comédies ne demandaient pas une grande implication de leur part. Ni un film recommandable, ni un film honteux, The Ladykillers souffre surtout d'être un tout petit film coincé dans une filmographie qui regorge de grands moments de cinéma.

5,5/10