Modérateurs: Dunandan, Eikichi Onizuka
Val a écrit:
La marchande d'enfants, Gabrielle Wittkop (2003 (publication posthume))Quelques jours avant la réunion des Etats Généraux en juin 1789, Louise L. et Marguerite Paradis entament une correspondance dont seules les lettres de la seconde nous seront révélées. Maquerelle d'un bordel d'enfants à Paris, elle va livrer à sa correspondante, qui désire ouvrir semblable commerce à Bordeaux, les secrets et les petits tracas du métier. Comment dénicher la marchandise (comprenez, les enfants ou nourrissons) idéale, comment en faire des amants exquis, comment se débarrasser des corps de ceux qui ne survivent pas à un vit fatal,...
Inutile de préciser que le livre est souvent horrible, insupportable et plonge le lecteur dans un profond malaise comme sans doute aucun autre livre ne l'a fait jusqu'alors. En digne héritière de Sade, Gabrielle Wittkop dépeint un monde où la cruauté semble la seule vertu. On suffoque, on a la nausée et, pourtant, il faut bien l'admettre on reste fasciné par l'objet littéraire que l'on est en train de lire. Il faut bien l'admettre, l'écriture de Wittkop est magnifique, d'une fluidité et d'une ampleur rare et on se retrouve donc face à un paradoxe : un livre horrible et qui pourtant se lit presque « avec plaisir » (il faudrait pouvoir augmenter à l'infini le nombre de guillemets). L'autre grand attrait du livre est son aspect historique : couvrant la période 1789-1793, La marchande d'enfants offre une description saisissante d'un monde qui est sur le point de disparaître et qui le sent certainement, ce qui explique sans doute une partie de son hyper-violence. Cette société d'Ancien-Régime décadente et où, littéralement, les bourgeois et nobles deviennent des ogres se confronte bientôt à la Révolution dont le déroulement nous est présenté comme des événements lointains, une toile de fond et, pourtant, on y est pleinement. Il y a à un moment une description de la guillotine que l'on installe et en quelques lignes, Gabrielle Wittkop lui donne un côté irréel en la dotant d'une aura presque mystique.
On ne peut probablement pas « aimer » ce livre, mais sa lecture est une expérience troublante, révoltante et fascinante et, en tout cas, sans doute inoubliable.
osorojo a écrit:J'y pense beaucoup depuis que je l'ai fini en tout cas. Il y a vraiment quelque chose à part la dedans. Il n'a pas écrit beaucoup d'autres romans avant de tirer sa révérence ( ) d'après ce que j'ai pu voir, je suppose que tu les as lus, sont ils de la même trempe ?
Jack Spret a écrit:Je peux te faire un retour tout de suite si tu veux.
C'est long et ennuyeux à mourir
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