Dernier domicile connu, de José Giovanni (1970) L'histoire : Un policier décoré de la Légion d'honneur se retrouve muté dans un petit commissariat de quartier après avoir arrêté le fils d'un avocat influent pour conduite en état d'ivresse. Il finit par faire équipe avec une auxiliaire de police débutante et tous deux partent à la recherche d'un témoin disparu...José Giovanni à la mise en scène et à l'écriture, Lino Ventura en flic obstiné en froid avec sa hiérarchie et Michel Constantin en second rôle menaçant : on pouvait espérer un polar à la papa, sans grande originalité, mais
au moins efficace... Hélas, c'est raté. La faute tout d'abord à la fausse bonne idée d'associer Lino Ventura et Marlène Jobert. Cette dernière, dans le rôle d'une jeune coéquipière débutante, naïve et volontaire n'apporte pas le contrepoint et la fraîcheur espérés. Etre mignonne ne suffit pas, encore faut-il savoir jouer un minimum... Or, rien ne semble naturel chez elle, ni sa façon de parler (elle ne joue pas, elle récite), ni sa façon de marcher, ni ses expressions. Il a fallu du temps à la mère d'Eva Green, beaucoup de temps, pour comprendre qu'actrice, ce n'était pas vraiment son métier et se recycler en conteuse pour enfants. Résultat, elle tire chaque scène où elle apparaît (la plupart des scènes du film en fait) vers le bas... Et ce ne sont pas les seconds rôles qui rattrapent le tout, bien au contraire. Lorsqu'on réalise que Michel Constantin les surclasse tous, on mesure l'étendue du problème. On suit donc deux flics qui passent d'un lieu à un autre pour retrouver un témoin important, afin de garder un criminel sous les verrous... Une enquête de porte à porte guère trépidante, malgré la menace apportée par les hommes du criminel et la vision critique d'une police et d'une justice déshumanisées. La bande-originale de François de Roubaix aurait pu être un plus, mais elle se révèle répétitive et colle peu aux images. Dommage,
écoutée indépendamment, elle produit son petit effet... Ajoutons un certain je-m'en-foutisme (de nombreux piétons, au cours d'une scène, reconnaissent Lino Ventura et Marlène Jobert dans la rue et se retournent sur leur passage), des détails un peu nanars (les pervers dans le cinéma, la fille nunuche du témoin) et l'on se retrouve avec un polar qui bande mou. Reste la classe de Lino, bien évidemment.
Note : 4,5/10