Straight Outta Compton - F Gary Gray (2015)
Retour sur ce qui fut pour moi la vraie surprise de l'année ciné 2015, Straight Outta Compton ou l'hagiographie au burin d'un groupe fondateur de l'histoire du gangsta rap, NWA. Rien ne me donnait vraiment envie là dedans a l'annonce de la chose, même la vision du trailer façon gros clip de rap (mensonger sur le contenu du film) et la présence du technicien doué F Gary Gray n'y faisait rien, je sentais a des kilomètres le truc bien racoleur et enjolivé, étrangement si mes craintes étaient bien fondées, le résultat final est déconcertant dans le bon sens du terme : on a l'impression en permanence d'avoir un biopic qui se fout royalement de l'authenticité des faits mais qui en retour dégage un fun de tout les instants, une célébration de la hood culture comme peu de films ont su le faire. Jamais du long de ses 2h40 de projection, je n'ai senti une faiblesse rythmique grâce au talent indéniable d'entertainer de Gray, c'est généreux a souhait, superbement mis en scène (c'est un euphémisme de dire que les passages musicaux sont orgasmiques au possible, surtout pendant les concerts) et très bien dirigé, les acteurs pratiquement tous des inconnus sont pour la plupart vraiment crédibles et touchants (mention spéciale au fils d'Ice Cube et l'acteur qui joue Eazy-E). De plus , les trajectoires des différents personnages sont toutes intéressantes, entre Dre qui évolue d'un stade de petit DJ a celui d'architecte musical de renom, Ice Cube qui part dans un trip d'émancipation hardcore et E qui va se mettre a dos ses potes pour des querelles d'égo, tout se tient de bout en bout sans forcément inventer la poudre non plus.
Un film qui certes a plein de défauts, notamment par le choix de Gray a la réal qui est plus que légitime par son passif de clippeur mais son copinage avec les membres du groupe fait qu'il évite promptement les sujets qui fâchent (quid des violences conjugales de Dre et ses problèmes de boisson ? Dre qui va voir Eazy-E mourant a l’hôpital ? Bref c'est vraiment le perso le plus édulcoré du film a tous points de vue) et ne fait en fin de compte qu'illustrer son sujet au lieu de le questionner, en effet tout était là pour analyser les raisons pour lesquelles le rap est devenu une musique aussi populaire alors qu'elle n'était a la base qu'un genre d’initiés écouté essentiellement venus des ghettos américains. J'ai donc revu le film une seconde fois, cette fois-ci dans sa version director's cut, force est de constater que malgré 20 minutes de métrage supplémentaires, cette dernière ne change pas vraiment la donne mis a part crédibiliser toutes les orgies sexuelles du groupe avec enfin de la nudité frontale, là où la version ciné était assez prude en fin de compte. Au final, Straight Outta Compton est en quelque sorte un fantasme de zikos accouché a l'écran qui gomme ses aspérités pour n'en garder que la façade clinquante et jouissive, le fan ne sera pas dupe mais saura apprécier le bon moment qu'on lui aura apporté.
7/10