[Alegas] Mes Critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Desierto - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 28 Avr 2016, 11:17

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Desierto de Jonás Cuarón
(2016)


Après avoir acquis une certaine popularité en co-écrivant le script de Gravity, ainsi qu'en réalisant un court-métrage spin-off au film de son père, Jonás Cuarón en profite pour signer son second long-métrage, après un premier essai expérimental difficile à visionner qui serait apparemment une relecture du concept de La Jetée de Chris Marker (à savoir, une suite de photogrammes pour raconter une histoire). Pas d'ambition majeure cette fois, puisque contrairement à Gravity, avec lequel il partage une certaine affinité avec le genre du survival, Desierto se veut être un récit extrêmement simple, presque dépourvu de réel propos, et qui se contente donc de raconter son histoire de A à Z sans aucun bouts de gras. C'est à la fois la force et la faiblesse du métrage, puisque si ce dernier en devient sacrément efficace, il a peine à marquer durablement l'esprit, et risque d'offrir peu d'intérêt à une revision. Néanmoins, l'important est qu'il fasse son effet, même si c'est pour une seule et unique fois, et de ce côté là le pari est franchement réussi avec pourtant un sujet souvent traité au cinéma qui est celui de l'immigration clandestine, mais cette fois traitée toujours à hauteur d'homme et surtout, à travers le prisme du film de genre.

Clairement, l'idée de mêler un tel sujet au survival pur et dur s'avère être une idée excellente qui permet surtout de poser un personnage un peu plus complexe qu'il n'en a l'air en la personne de l'antagoniste, plus ambiguë et nuancé que les autres et qui possède l'évolution la plus intéressante (difficile de ne pas ressentir un minimum d'empathie pour lui dans l'acte final, quand bien même ses actes précédents ont été odieux). Desierto faiblit rarement en terme de rythmique, chose essentielle pour un survival mais manque néanmoins de morceaux de bravoure pour être marquant, idem pour la mise en scène qui se veut au plus proche des personnages mais à qui il manque un aspect que possède celle de Cuarón-père, à savoir de ne pas avoir peur de faire dans l'entertainment visuel. En l'état, Desierto est un petit survival efficace qui souffre un peu de son manque d'ambition, mais c'est aussi un essai particulièrement encourageant pour un jeune réalisateur qui pourrait surprendre à l'avenir.


6/10
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Five - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 28 Avr 2016, 16:16

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Five de Igor Gotesman
(2016)


A la base, un film avec Pierre Niney, j'ai plutôt tendance à le fuir, mais la promo était plutôt réussie alors pourquoi pas. Alors clairement, ce n'est pas le renouveau de la comédie française comme on peut le lire parfois sur le net, c'est certes bien plus drôle que la grande majorité des soi-disant comédies que l'on a chaque année (pas compliqué ceci dit) mais c'est typiquement du film à vision unique. Pour un premier long-métrage, c'est franchement pas mal du tout, le bonhomme a un sens certain pour la comédie, et possède des références plus pointues que la plupart des autres réals du genre (on sent bien l'influence du cinéma d'Apatow et de Klapisch) et ça apporte un côté dépaysant pas déplaisant du tout, à l'heure où la comédie française se regarde le nombril depuis pas mal de temps. Enfin, ce qui fait surtout plaisir, c'est que c'est un film de jeunes pour les jeunes. On est loin d'être devant une comédie à côté de la plaque, et ça cerne plutôt bien une tendance actuelle avec des gags bien réussis qui n'ont pas peur du potache (le caca sur le paillasson :eheh: ).

Dommage du coup que l'histoire fasse vraiment prétexte, et soit aussi prévisible autant dans son déroulement que dans sa conclusion. C'est encore plus regrettable quand on constater que globalement, les relations entre personnages marchent vraiment et ce, malgré des rôles qui ont beaucoup moins à défendre que d'autres : à part montrer des nanas à poil, le black ne sert pas à grand chose, ceci dit ça permet de voir Oksana pour la première fois dans un film conventionnel depuis Truands :mrgreen: (et à poil en plus :love: ). Bref, ça se regarde gentiment, mais c'est quand même vite oublié. En revanche, je garde un œil sur le réal, s'il pouvait relancer une tendance de comédies à la qualité plus élevée, ça serait pas du luxe.


6/10
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Ratatouille - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 29 Avr 2016, 15:31

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Ratatouille de Brad Bird
(2007)


Pas revu la sortie salle donc forcément j'avais un peu peur de le revoir à la baisse, et en fait pas du tout, c'est toujours bel et bien l'un des Pixar que j'affectionne le plus et qui posait définitivement Brad Bird comme un maître du film d'animation. Pourtant, en regardant le parcours du studio Pixar depuis sa création, et malgré son succès certain, Ratatouille est loin d'être le plus cité parmi les grands films du studio, alors qu'à mon sens le métrage possède clairement des qualités que les autres œuvres du studio n'ont pas toujours forcément, et notamment un grand sens de la mise en scène. Attention, je suis loin de dire que les films du studio sont mal réalisés, ce serait totalement faux, mais le fait est qu'il y a peu de films Pixar dont la mise en scène exploite pleinement les possibilités que peuvent offrir un film d'animation 3D, à la manière de ce que George Miller fait sur le diptyque Happy Feet par exemple. Du coup, avec sa mise en scène survolté, son montage millimétré et ses mouvements de caméra gracieux et vertigineux, Ratatouille fait clairement office d'exception dans le paysage Pixarien, et rares sont les films du studio à offrir tant d'idées de mise en scène à la minute.

Après The Incredibles où son sens visuel se faisait déjà ressentir, Brad Bird exploite pleinement la technologie qu'il a entre les mains et livre un divertissement de premier ordre que l'on sent très personnel, notamment dans sa relation avec la cuisine et le paysage francophone. On pourra toujours regretter une histoire sans surprises, et forcément prévisible, mais cela n'empêche pas la réussite de l'entreprise, d'autant que les péripéties sont particulièrement bien enrobées, pendant que les personnages sont attachants. Enfin, l'autre point du film qui fait plaisir, c'est de constater que Ratatouille pourrait très bien parler de cinéma, et de l'art en général, à travers son récit culinaire. Difficile de ne pas faire de transposition avec la critique cinématographique via le personnage d'Anton Ego, à la tirade finale particulièrement inspirée. Bref, à mon sens l'un des meilleurs films du studio, et clairement celui dont la mise en scène explose le plus à l'écran. Un film d'animation hautement recommandable donc.


"In many ways, the work of a critic is easy. We risk very little, yet enjoy a position over those who offer up their work and their selves to our judgment. We thrive on negative criticism, which is fun to write and to read. But the bitter truth we critics must face, is that in the grand scheme of things, the average piece of junk is probably more meaningful than our criticism designating it so. But there are times when a critic truly risks something, and that is in the discovery and defense of the new."


8/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Alegas » Dim 01 Mai 2016, 11:19

BILAN AVRIL 2016


Films vus :

Moyenne générale : 6,79

USA : 11
France : 6
Japon : 5
UK : 2
Pologne : 1
Canada : 1
Russie : 1
Mexique : 1


84 : Nóż w wodzie, Roman Polanski, 1962, Ciné VOST : 3/10
85 : Quiz Show, Robert Redford, 1994, Truc VOST : 7,5/10
86 : Kumo no Sujō, Akira Kurosawa, 1957, Truc VOST : 3,5/10
87 : Waking Sleeping Beauty, Don Hahn, 2009, TV VOST : 7/10
88 : Remember, Atom Egoyan, 2016, Ciné VOST : 6,5/10
89 : Shichinin no samurai, Akira Kurosawa, 1954, Truc VOSTA : 7/10
90 : Repulsion, Roman Polanski, 1965, Ciné VOST : 5/10
91 : Voici le temps des assassins, Julien Duvivier, 1956, Ciné VF : 6,5/10
92 : Oliver Twist, David Lean, 1948, Blu-Ray VOST : 7,5/10
93 : 13 Hours: The secret soldiers of Benghazi, Michael Bay, 2016, Ciné VOST : 7/10
94 : Beauty and the Beast, Gary Trousdale & Kirk Wise, 1991, Blu-Ray VF : 8,5/10
95 : La Belle équipe, Julien Duvivier, 1936, Ciné VF : 7,5/10
96 : Yojimbo, Akira Kurosawa, 1961, Ciné VOST : 5/10
97 : The Revenant, Alejandro Gonzáles Iñárritu, 2015, Ciné VOST : 10/10
98 : Hardcore Henry, Ilya Naishuller, 2016, Ciné VF : 2/10
99 : Truands, Frédéric Schoendoerffer, 2007, DVD VF : 1/10
100 : Rashōmon, Akira Kurosawa, 1950, Truc VOST : 5/10
101 : Desierto, Jonás Cuarón, 2016, Ciné VOST : 6,5/10
102 : Five, Igor Gotesman, 2016, Ciné VF : 6/10
103 : Ratatouille, Brad Bird, 2007, Blu-Ray VOST : 8/10
104 : Everybody wants some !!, Richard Linklater, 2016, Ciné VOST : 6,5/10
105 : Pocahontas, Mike Gabriel & Eric Goldberg, 1995, Blu-Ray VF : 7/10
106 : Two Lovers, James Gray, 2008, Blu-Ray VOST : 9/10
107 : True Lies, James Cameron, 1994, DVD VOST : 7,5/10
108 : The Adventures of Robin Hood, Michael Curtiz & William Keighley, 1938, Ciné VOST : 6/10
109 : La Fin du jour, Julien Duvivier, 1938, Ciné VF : 7/10
110 : Panique, Julien Duvivier, 1947, Ciné VF : 7,5/10
111 : Tengoku to jigoku, Akira Kurosawa, 1963, Truc VOST : 6,5/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :


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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar pabelbaba » Dim 01 Mai 2016, 11:36

Et la critique de True Lies, elle a piscine? :chut:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Alegas » Dim 01 Mai 2016, 11:39

Je suis quasiment le seul mec du forum qui critique encore systématiquement tout ce qu'il mate, évidemment que ça arrive. :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar pabelbaba » Dim 01 Mai 2016, 11:42

Je mets la pression, je te voyais venir avec tes Duvivier.... :voleur:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Everybody wants some !! - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 01 Mai 2016, 13:11

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Everybody wants some !! de Richard Linklater
(2016)


J'étais plus que curieux de voir comment Linklater allait rebondir après le succès de son précédent film, Boyhood, qui l'a clairement mis sous les projecteurs alors que, jusqu'ici, son nom n'évoquait pas grand chose au grand public. Belle surprise : au lieu de signer sous la tutelle d'un gros studio ou de partir sur un projet ambitieux, Linklater revient d'une certaine façon à ses sources en souhaitant réaliser une suite spirituelle de Dazed and Confused, ce même film qui, plusieurs années plus tôt, lui avait permis d'entreprendre une belle carrière de réalisateur. Plus qu'un hommage/suite à son film, Everybody wants some est surtout l'occasion pour Linklater de proposer sensiblement la même intention tout en la transposant dans les glorieuses années 80. Résultat : un film qui donne l'impression d'être un souvenir fantasmé du réalisateur qui retranscrit à merveille cette période où la jeunesse avait toutes les cartes en main sans pour autant se préoccuper de son avenir.

Encore une fois, le style Linklater se fait clairement ressentir, le film n'étant finalement qu'une succession de tranches de vie qui s'avèrent néanmoins passionnantes par le réalisme qu'elles dégagent, par l'attachement certain pour les personnages ou encore par la capacité de Linklater à proposer du vrai cinéma tout en lorgnant de près avec une approche quasi-documentaire. Sans être un des meilleurs films de son auteur, Everybody wants some s'impose comme du Linklater pur jus, dont le seul réel défaut serait celui de ne pas proposer une véritable fin en soi, comme si Linklater avait encore quelque chose à proposer pour ces personnages tout en le gardant sous le coude. Du pur feel-good movie en somme, à la bande-originale inspirée (My Sharona en ouverture du film, forcément génial :love: ) et à la sincérité évidente. Vivement le prochain Linklater.


6,5/10
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Pocahontas, une légende indienne - 7,5/10

Messagepar Alegas » Lun 02 Mai 2016, 17:30

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Pocahontas (Pocahontas, une légende indienne) de Mike Gabriel & Eric Goldberg
(1995)


En plein milieu des années 90, la section animation de Disney connaît son plus grand âge d'or, en multipliant les succès artistiques et financiers. Si Pocahontas est loin d'être un film à la hauteur du meilleur de ce qu'a pu produire le studio durant cette décennie, il n'en reste pas moins une œuvre qui, à l'instar du Bossu de Notre-Dame ou de Mulan, arrive encore aujourd'hui à se distinguer de par le choix risqué de son sujet, ainsi que de son orientation qui nous rappelle que les dessins-animés Disney, c'était quand même bien mieux avant. Si la légende de Pocahontas est connue de tous (en particulier grâce à ce film), il était tout de même risqué pour Disney de produire un long-métrage se déroulant intégralement dans une période meurtrière de l'histoire des États-Unis, en pleine colonisation et éradication des peuples autochtones. Pourtant, il en ressort un beau film sur la différence et la discrimination raciale (Disney n'a pas attendu Zootopia pour en parler), qui n'épargne pourtant pas aux plus jeunes la violence certaine d'une telle période.

Résultat, Pocahontas est un film qui contient des morts en plein cadre, où le moindre excès de violence est redoutablement mis en scène, et surtout où le script n'hésite pas à évoquer directement les tensions raciales (la chanson ouvrant le climax final est clairement la plus sombre jamais produite par Disney, avec celle de Frolo dans Le Bossu de Notre-Dame). Entre ça, l'aspect épique assumé, son final sans concession et la poésie de certains cadres, Pocahontas avait tout pour s'imposer comme un des chef-d’œuvres, ce qui n'est finalement pas le cas à cause de défauts bien trop prononcés. En premier lieu, l'humour Disney imposé est ici particulièrement inutile avec des sidekicks animaliers qui n'apportent rien, si ce n'est un surlignage du propos dont le film n'avait certainement pas besoin, et enfin le dessin commençait déjà à l'époque à évoluer vers un style simpliste qui fera grand défaut aux productions Disney des années suivantes. Dommage car le potentiel était là pour faire un grand film, mais Pocahontas reste clairement dans le haut du panier de ce que Disney a pu produire durant son histoire, ne serait-ce que pour sa note d'intention des plus culottées.




7,5/10
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Two Lovers - 9/10

Messagepar Alegas » Jeu 05 Mai 2016, 12:37

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Two Lovers de James Gray
(2008)


Après le triplé gagnant Little Odessa/The Yards/We own the night, James Gray n'a plus vraiment grand chose à prouver en tant que metteur en scène, si ce n'est peut-être sa capacité à gérer tout aussi bien des gens différents. Peut-être est-ce pour ce souci de diversité qu'il a souhaité enchaîner tout de suite après le tournage de son troisième film sur ce drame romantique, Two Lovers restant encore aujourd'hui le film de Gray le plus rapidement bouclé en terme de production, là où le bonhomme préfère généralement prendre son temps. Mais plus que pour un souci de diversité, tout laisse à croire que Two Lovers est surtout un moyen pour Gray d'exposer quelque chose de plus personnel que ses précédents films. On y retrouve évidemment une trame propre à la tragédie, style de récit que Gray affectionne tout particulièrement, mais on est ici face à un film dont le rythme et l'intérêt est bien différent de ce que le réalisateur avait pu proposer jusqu'ici. Nul doute que Two Lovers rebutera certains fans de Gray, pendant que d'autres seront conquis, mais on ne peut enlever au bonhomme une tentative réussie et plus qu'honorable de mettre en lumière une autre partie de sa personne, aussi bien en tant que cinéaste qu'en tant qu'homme.

Loin d'être le film d'amour cul-cul que pourrait laisser présager son affiche française (et qui, à mon avis, avait rebuté pas mal de monde à l'époque), on est plus ici face à un pur drame où deux solutions amoureuses s'avèrent vénéneuses chacune à leur façon. Devant le schéma classique de la raison et de la passion comme choix décisif, Gray y apporte une densité rarement vue auparavant, comprenant que chacune des solutions proposées est, d'une certaine façon, une condamnation définitive qui scellera le destin de Leonard, le personnage le plus hitchockien de la filmographie du réalisateur (il suit les femmes dans la rue comme dans Vertigo, il les espionne par la fenêtre comme dans Rear Window, et surtout il souffre d'un véritable complexe maternel, subtilement amené par la caméra de Gray). Beaucoup pourront reprocher un rythme presque léthargique, mais il est pourtant à l'image de son protagoniste dont la caméra épouse l'émotion du moment (le seul moment heureux et dynamique du métrage se trouvera dans une courte séquence de boîte de nuit), et c'est surtout le moyen pour Gray de développer une ambiance pessimiste à souhait, où les couleurs renferment les personnages dans le décor.

Loin d'être un film de mise en scène, Two Lovers est pourtant à bien des égards ce que Gray a pu faire de mieux jusqu'ici, avec un véritable sens du cadre, du rythme, et surtout une capacité à signer de grandes scènes qui, pourtant, reposent sur des bases très simples, à l'image de cette introduction à l'atmosphère unique, ou surtout de ce final bouleversant où Joaquin Phoenix montre l'étendue de son talent et y trouve, à mes yeux, le plus beau rôle de sa carrière. Un grand film trop souvent sous-estimé qui prouve bien que Gray n'est pas seulement un grand du polar, mais un grand tout court.


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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar elpingos » Ven 06 Mai 2016, 08:15

:super:
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True Lies - 7,5/10

Messagepar Alegas » Ven 06 Mai 2016, 21:43

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True Lies de James Cameron
(1994)


Revision un poil à la baisse, dans mes souvenirs c'était plus ultime que ça, mais ça reste pour autant clairement un excellent divertissement signé par un Cameron qui livre là un de ses films les plus mineurs (mais vu la qualité de sa filmographie, un film mineur chez Cameron c'est un niveau que beaucoup aimeraient atteindre sans jamais y arriver). A la revision, je suis plus que surpris de constater le peu de sérieux du ton, moi qui me souvenais d'un film bien plus terre à terre alors qu'au final, c'est bigger than life dans sa représentation de l'espionnage ou de l'action en général (l'ami Pabel évoque un Last Action Hero sans le côté méta, c'est totalement ça tant on a l'impression de retrouver Slater dans une de ses aventures). Alors c'est du Cameron où l'on sent que le bonhomme est bien moins impliqué que ses grandes œuvres plus personnelles, et c'est certainement un film qu'il a fait à la fois pour faire plaisir à son ami Arnold ainsi que pour aider au financement de Titanic, mais pour autant c'est sacrément carré dans la forme. Ce n'est jamais virtuose certes, mais c'est efficace à souhait et plutôt bien géré en terme de rythme.

La grande force du film au final, plus que ses scènes d'action et son traitement second degré total, c'est clairement son côté comédie d'espionnage qui entoure le duo Schwary/Jamie Lee Curtis (sacrément bien mise en valeur, la scène de strip-tease fait toujours son petit effet), un couple improbable sur le plan physique qui fonctionne totalement à l'écran. Au final, True Lies possède bel et bien ses défauts, comme des effets visuels pas toujours du niveau habituel d'un Cameron, ou encore d'un climax final clairement moins inspiré que la séquence du pont, mais pour peu que l'on prenne le film comme un pur divertissement sans prise de tête, le métrage remplit parfaitement ses objectifs. Et dieu sait que ça partait de loin vu le film original de Zidi.


7,5/10
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Aventures de Robin des Bois (Les) - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 09 Mai 2016, 10:32

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The Adventures of Robin Hood (Les Aventures de Robin des Bois) de Michael Curtiz & William Keighley
(1938)


J'ai découvert ce film plus par curiosité que par réelle envie, me doutant bien que ce genre de fresque d'aventure en Technicolor n'est pas forcément le genre de productions dont je raffole, chose qui se confirme ici donc mais avec quelques bonnes surprises à la clé néanmoins, notamment celle de découvrir la base cinématographique de Robin des Bois, au point que les adaptations faites depuis ont forcément, chacune à leur façon, payé leur tribut au film de Curtiz. Pour une des premières super-productions hollywoodiennes de l'histoire du cinéma, il faut quand même avouer que ça surprend de par son côté divertissement familial totalement assumé sans pour autant se sacrifier sur l'autel de la péripétie pour la péripétie. Ici donc, peu d'action (on pourrait même dire que c'est assez avare, avec Robin des Bois on s'attend un minimum à du fight avec des archers et ici c'est limite si Robin utilise pas plus son épée ou ses poings), mais une histoire qui se laisse suivre de façon assez agréable et sans surprise (encore que le retour de Richard avant le dernier acte est assez inattendu pour le coup). C'est plein d'humour (Flynn s'approprie totalement le rôle), jamais ennuyeux et malgré un côté cheap il faut quand même avouer que c'est assez ambitieux pour l'époque. Mais le point le plus étonnant à mon sens est vraiment de constater à quel point l'adaptation de Disney et de Reynolds ont repris plusieurs éléments du métrage pour finalement proposer quelque chose de différent (j'étais étonné de retrouver tout le délire du concours d'archers, persuadé que c'était propre à l'adaptation Disney). Bref, c'est clairement pas transcendant à mon sens, j'ai bien conscience de pas être le public cible de ce genre de divertissement, mais ça fait assurément bien le job et ça doit sûrement plaire aux plus jeunes.


6/10
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Fin du jour (La) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 10 Mai 2016, 14:21

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La Fin du jour de Julien Duvivier
(1939)


Parmi la sélection des films de Duvivier restaurés cette année, La Fin du jour était certainement celui qui me tentait le moins, de par son sujet le moins étonnant (la vie d'une maison de retraite pour anciens acteurs de théâtre) ou son casting qui me laissait moyennement attiré (autant j'adore Louis Jouvet, autant le jeu de Michel Simon a souvent tendance à m'insupporter). Au final, c'est franchement une belle surprise que ce petit film qui ne paye pas de mine mais qui arrive à se révéler très pertinent sur les deux sujets qu'il embrasse. A la fois éloge de la vieillesse et éloge du métier d'acteur, La Fin du jour est une véritable lettre d'amour à ceux laissés sur le côté malgré le fait que, comme le souligne une longue et fabuleuse tirade de Michel Simon, ces derniers ont eu le mérite de faire oublier au public leurs tracas l'espace d'une représentation.

Le film se concentre sur de nombreux visages, dont trois en particulier qui permettent à Duvivier de développer un joli récit tragique comme il en a le secret, entre un acteur raté qui cherche les applaudissements du public, un amoureux jaloux gardant une rancœur vieille de plusieurs années ainsi qu'un homme imbu de lui-même qui court derrière les jupons et l'argent sans se rendre compte du mal qu'il fait autour de lui. La force du film se trouve à la fois dans ce script à la qualité inattendue, mais aussi et surtout dans son casting convaincant jusque dans les troisièmes rôles, mention spéciale évidemment à Louis Jouvet (la grosse classe comme toujours, et il m'a bien fait rire sur sa première réplique à Michel Simon, surtout quand on sait que les deux ne se supportaient pas) mais aussi à Michel Simon que je trouve vraiment bon pour le coup avec ce personnage qui refuse la vieillesse qui est clairement le plus émouvant du métrage, notamment dans le dernier tiers. Bref, une jolie surprise signée Duvivier qui mérite clairement le coup d’œil.


7/10
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Panique - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Mai 2016, 15:36

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Panique de Julien Duvivier
(1947)


Sans surprise, c'est très bien, ça mérite clairement sa jolie réputation et c'est pas loin d'être le meilleur film de Duvivier que j'ai pu voir jusqu'ici. Pourtant, avec Michel Simon en personnage principal, ce n'était pas gagné mais à l'instar de La Fin du jour, l'acteur m'étonne par sa prestation qui est ici la meilleure que j'ai pu voir du bonhomme. Étonnamment, et je ne me l'explique pas, Panique me fait penser à un bon complément du Jour se lève de Carné, avec qui il partage une vision très pessimiste du monde, une tendance au réalisme poétique (chose étonnante pour un film d'après-guerre) ainsi qu'un acte final à peu près similaire (j'extrapole peut-être un peu sur ce point, mais le fait est que la scène de la foule regardant en l'air et attendant la mort d'un homme m'a clairement fait pensé au film de Carné). Sans être particulièrement révolutionnaire (on est dans un jeu de manipulation pour créer le tord autour d'un faux-coupable), le script de Panique est une petite merveille d'efficacité qui repose à la fois sur ses personnages réussis, mais aussi sur le propos que le métrage délivre de façon sous-jacente.

Le film ayant été réalisé dans une France sortant tout juste de l'Occupation, difficile de ne pas y voir une certaine parabole avec la France de Vichy qui crée la zizanie au sein d'une bourgade pour mieux imposer sa vérité en plein chaos (et accessoirement, c'est le personnage à la psychologie la plus pertinente qui va subir les foudres du petit peuple réduit à l'état de moutons ignorants). La morale a beau être sauve dans les ultimes plans du film, Panique est sans conteste un récit pessimiste à souhait où même les personnages les plus sympathiques ont d'étranges tendances (Michel Simon a beau être le protagoniste, ça ne l'empêche pas d'être manipulateur et voyeur), le reflet d'une France défigurée que Duvivier avait sans doute du mal à reconnaître à son retour de sa période américaine. Une nouvelle preuve que le cinéma français des années 30-40 a tout de même peu d'équivalent, un film que je conseille donc ardemment s'il n'a toujours pas été découvert.


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