Republic enemy.
J’ai toujours eu une petite tendresse presque inexplicable pour Captain America. Je parle des films davantage que du personnage, entendons nous, dont le charisme, rappelons-le, est proche de celui d’un pancake ayant dépassé sa date de péremption.
Un côté vintage fun dans le premier volet, une ambiance complotiste boum boum dans le second parvenait à conjuguer la surenchère propre à Marvel avec quelques singularités un peu amusantes.
Il y avait tout de même fort à craindre de ce nouvel opus qui se présentait davantage comme un nouveau chapitre d’une méga franchise avec casting all-stars, au risque de nous rejouer le tapis rouge vif des Avengers.
Marvel reste fidèle à lui-même : grosses bastons entrecoupées d’INTERMINABLES scène de dialogues largement dispensables, devisant sur un nouveau sujet qui, en creux, dessine tout de même une propagande assez tendancieuse : soit la question des dommages collatéraux, question pour le moins épineuse à l’endroit des USA/maîtres du monde. Les victimes innocentes reprochent, en gros, aux justiciers bourrins d’avoir été dans l’œil de leur cyclone, d’où cas de conscience et résolution de passer sous le contrôle de l’ONU. Sans que le dilemme soit vraiment réglé à la fin, on nous explique tout de même avec des arguments lestés de béton, de vibranium et Cie que bon, voilà, c’est quand même grâce à eux et leur sens de l’initiative au-dessus des lois qu’on vit encore dans un monde libre. Hum.
Ces débats occasionnent tout de même une réflexion méta plutôt intéressante de la Vision sur la surenchère à laquelle se condamne l’écurie Marvel : les héros se multiplient de façon exponentielle et sont autant de défis à des convoitises de méchants mal intentionnés : pas d’Avengers, en somme, pas de menace, et un monde peut-être plus en paix. Jolie variation sur l’adage selon lequel les peuples heureux n’ont pas d’histoire.
Sur le plan psychologique, on passera notre chemin, que ce soit dans les motifs à répétition du duel au sommet ou ceux, encore plus poussifs à coups de pseudo twists, du « méchant » de l’histoire, prétexte cousu de fil blanc et sans grand intérêt.
La réalisation quant à elle est très souvent catastrophique et gâche tout le boulot des chorégraphes et scénographes par un montage au hachoir accouchant d’une bouillie presque illisible, sans aucune appréhension de l’espace ou du rythme.
On le sent bien, la préoccupation première est de justifier le grand consortium et la création de deux camps. Reconnaissons une certaine habileté dans le tissage des intrigues qui brassent à peu près tout ce que le MCU met en place depuis 8 ans, et surtout, hormis les question évoquées plus haut, une petite fraicheur dans l’absence de trop grand sérieux.
Le meilleur exemple en est l’introduction de Spiderman, l’une des réussites du film, assez drôle, décalée et aussi vive qu’est volatile son représentant.
C’est là ce qui le sauve du naufrage total : Civil War est un grand bac à sable, un concours de teub un soir de biture du mois de juin où l’on se demande qui pisse le plus loin. A ce titre, la scène de l’aéroport sort agréablement du lot : à la lisière de la parodie, c’est le grand déballage, l’orgie des héros qui joue sur la combinatoire des combats avec un plaisir communicatif. Un bon petit quart d’heure sur 2h27.
Inutile d’espérer voir véritablement évoluer ces personnages, en retrouvant les aspérités qu’ils ont apparemment dans les comics, ou leur donnant de quoi se torturer réellement l’esprit, comme ce fut le cas dans le sombre Watchmen : le soupe Marvel ne s’encombre pas de tels épices.