Voici le temps des assassins de Julien Duvivier
(1956)
(1956)
Premier film de Duvivier que je découvre et c'est plutôt pas mal même si le film est clairement perfectible. Voici le temps des assassins est clairement un film frustrant de par sa qualité en dent de scie, car autant la majorité du métrage est vraiment convaincante, autant le dernier tiers donne vraiment la sensation de voir quelque chose de poussif, comme si Duvivier se sentait obligé de terminer son récit sur quelque chose de marquant au point de casser le réalisme ambiant qui entourait jusque là les situations et les personnages. Le film se découpe donc en trois parties plutôt bien distinctes, la première s'apparentant à un drame se focalisant sur les petites gens et les relations entre eux. Ce premier tiers, qui est à mon sens le meilleur du film, fait même parfois penser à du Carné dans l'écriture des personnages, dans cette vision réaliste du monde qui donne pourtant l'impression d'être magnifiée (la relation touchante entre Gabin et son protégé, le restaurant à l'ambiance familiale, la bonne qui est une seconde mère pleine de conseils) ou encore dans la reconstitution d'un Paris évocateur (ici, le décor des Halles, parfaitement retranscrit, un travail qui fait penser à celui d'Alexandre Trauner).
Pourtant, le script laisse rapidement place à un film de manipulation (à laquelle je m'attendais puisque j'avais été hélas spoilé il y a peu par la bande-annonce de restauration du film), et ce sans créer de rupture avec ce qui a précédé (la chose peut même se voir venir via quelques dialogues) et c'est là où le film dévoile le meilleur de l'écriture psychologique de ses personnages, que ce soit à travers un Gabin qui veut retrouver sa jeunesse et prouver au monde qu'il tient son destin en main, ou une Danièle Delorme qui, derrière sa personnalité machiavélique, souhaite simplement ne pas connaître la même vie que sa mère dépravée. Au final, côté écriture dans ces deux parties, seul le personnage de Gérard Blain donne l'impression d'être trop léger : difficile de croire qu'une femme, aussi jolie soit-elle, puisse le tourner aussi facilement contre son père de substitution qui est tout pour lui. Mais le gros problème du film, qui l'empêche de faire partie de ces métrages que l'on conseille sans hésitation, tient véritablement dans son ultime acte. Dès que Gabin découvre le pot-aux-roses, le script perd toute notion de réalisme avec une séquestration qui n'a pas l'air de déranger grand monde ou encore un chien vengeur qui donne l'impression d'être une énorme facilité d'écriture, comme si Duvivier ne savait comment conclure sa tragédie. Reste que le film est bien sympathique et qu'il dispose de nombreuses qualités (Gabin y est, comme à son habitude, excellent) mais c'est loin d'être dénué de défauts.
Pourtant, le script laisse rapidement place à un film de manipulation (à laquelle je m'attendais puisque j'avais été hélas spoilé il y a peu par la bande-annonce de restauration du film), et ce sans créer de rupture avec ce qui a précédé (la chose peut même se voir venir via quelques dialogues) et c'est là où le film dévoile le meilleur de l'écriture psychologique de ses personnages, que ce soit à travers un Gabin qui veut retrouver sa jeunesse et prouver au monde qu'il tient son destin en main, ou une Danièle Delorme qui, derrière sa personnalité machiavélique, souhaite simplement ne pas connaître la même vie que sa mère dépravée. Au final, côté écriture dans ces deux parties, seul le personnage de Gérard Blain donne l'impression d'être trop léger : difficile de croire qu'une femme, aussi jolie soit-elle, puisse le tourner aussi facilement contre son père de substitution qui est tout pour lui. Mais le gros problème du film, qui l'empêche de faire partie de ces métrages que l'on conseille sans hésitation, tient véritablement dans son ultime acte. Dès que Gabin découvre le pot-aux-roses, le script perd toute notion de réalisme avec une séquestration qui n'a pas l'air de déranger grand monde ou encore un chien vengeur qui donne l'impression d'être une énorme facilité d'écriture, comme si Duvivier ne savait comment conclure sa tragédie. Reste que le film est bien sympathique et qu'il dispose de nombreuses qualités (Gabin y est, comme à son habitude, excellent) mais c'est loin d'être dénué de défauts.
6,5/10