50 nuances de Grey
C’est non sans grande appréhension que j’ai lancé le film, on ne va pas se mentir, on a entendu tout et n’importe quoi sur ce dernier et je voulais le voir loin de la hype ou de la hate qu’il générait au moment de sa sortie et qu’elle fut ma surprise de tomber sur une œuvre qui égale ni plus ni moins que la puissance émotionnelle d’un Shame.
Entendons nous bien le sujet est en soi très différent de ce dernier, la ou Shame attaque frontalement l’addiction sexuelle, 50 nuances lui traite d’un couple sexuelle ou l’un imposera à l’autre sa condition d’être humain.
Car oui c’est un portrait d’homme auquel on a le droit, un homme tourmenté par ses démons dont l’écriture serait l’équivalent au cinéma d’un Proust avec l’éternelle recherche du temps perdu, ici symbolisé par un sexe que cet homme n’a jamais su satisfaire pleinement, ce n'est d'ailleurs pas un hasard si il s'appelle Grey.
On pourrait aussi évoquer Steinbeck avec cette lutte des classes en filagramme, ici la classe supérieur enculant littéralement la classe populaire, le film dénonce et dénonce fort se rapprochant du cinéma d’auteur Français très attaché à son côté social car oui 50 nuances est également un grand film social et féministe sur l’ascension des classes. Ici la femme ayant pour but d’être l’égale de l’homme dans sa supériorité économique, on pourrait aussi évoquer Marx ou Adam Smith mais le film est plus intelligent que ca, ne tombant jamais dans le bête jeu des références, non il invente ses propres théories économiques, allant même jusqu’à à révolutionner un mode de consommation qu’on croyait établi.
Il serait aussi difficile de parler du film sans évoquer son duo d’acteur, Dakota Johnson est une révélation, je ne comprends pas comment l’oscar a pu lui échapper au dépends de Brie Larson, elle donne littéralement tout dans ce rôle face à un Jamie Dornan électrique et animal qui est mon plus gros coup de cœur depuis Michael Fassbender.
Deux petits mots sur la réalisation, avec cette leçon de cinéma, c’est bien simple depuis Michael Mann personne n’avait réussi à aussi bien filmer la ville, un tel talent est juste insolent.
Pour conclure je ne comprends pas la réception tiède de ce chef d’œuvre qui est, n’ayons pas peur des mots un classique instantané que j’ai déjà hâte de me refaire. Vivement la suite.
10/10