[Alegas] Mes Critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Eve - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 21 Mar 2016, 23:17

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All about Eve (Eve) de Joseph L. Mankiewicz
(1950)


Globalement un peu déçu vu l'énorme réputation du film, considéré un peu partout comme l’œuvre majeure de la filmographie de Mankiewicz. Alors clairement All about Eve est un bon film, qui se permet de traiter un sujet assez osé à l'écran, mais le fait est que c'est très loin d'être le meilleur film de son auteur, et c'est surtout loin d'être un chef-d’œuvre à mon sens, alors que le film est réputé pour être un très gros morceau de cinéma. Déjà il faut reconnaître que le sujet est vraiment bien choisi, et permet à Mankiewicz de dresser un portrait franchement pas très glorieux du monde du spectacle, qui est ici totalement dicté par la loi du plus fort, et où il faut sans cesse mentir, tromper et manipuler pour atteindre ses rêves. D'ailleurs, cet aspect du métrage est amené de façon vraiment réussie, avec un personnage féminin qui va se révéler peu à peu pour finalement montrer sa véritable nature. Le problème vient du fait que le film s'étire un peu trop une fois cette étape passée, et pire encore All about Eve devient totalement prévisible dans son dernier acte, une fois la nature des personnages assimilée.

C'est dommage car il y avait vraiment possibilité de livrer un film ultime sur le sujet, et au final je trouve presque que le film est trop gentil dans son final, et que la morale reste sauve. Un final bisounours qui ne sied guère à Mankiewicz donc, et sur lequel le film perd beaucoup de points. Heureusement, la qualité du film se trouve aussi dans son casting, très convaincant dans l'ensemble, mention spéciale à Bette Davis qui possède un rôle très intéressant dans son évolution. Enfin, niveau mise en scène, c'est du Mankiewicz efficace mais peut-être un peu trop sage à mes yeux : c'est académique dans le mauvais sens du terme, et peu d'idées de mise en scène sont décelables. Un film qui vole sa réputation de classique à mes yeux, mais qui n'en reste pas moins intéressant.


6,5/10
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Brooklyn - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mar 22 Mar 2016, 16:41

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Brooklyn de John Crowley
(2015)


Sympathique ce petit film. Bon, ça ne mérite peut-être pas une sortie cinéma tant ça ressemble à du téléfilm, et surtout ça ne mérite pas une nomination à l'Oscar du meilleur film (face à Revenant et Mad Max c'est quand même un très très large fossé), mais ça reste sympa et fonctionnel. C'est bête que le film ne soit pas plus ambitieux, car on sent un véritable attrait pour la communauté des immigrés. Au détour de quelques plans et thématiques, ça fait forcément un peu penser à des scènes-clés de Once upon a time in America et Gangs of New-York, mais à côté de ça la forme est vraiment pauvre et ça transpire à chaque scène le manque de budget, que ce soit dans la multiplication de scènes en intérieur ou dans le rendu hideux d'un océan en CGI. Finalement, avec sa mise en scène handicapée, Brooklyn trouve sa force dans l'écriture solide de sa première moitié (dès le retour en Irlande, on perd clairement en subtilité, et on a même le personnage de Domnhall Gleeson qui est très sous-exploité), dans la sincérité de son propos (l'histoire d'amour avec le jeune italien fonctionne très bien) mais aussi et surtout dans son interprétation. Sur ce point, le film s'en sort avec les honneurs, Saoirse Ronan trouve là l'un de ses plus beaux rôles, pendant que les seconds rôles, Gleeson et Broadbent en tête, sont tout aussi convaincants. Un petit film plein de promesses qui, hélas, préfère jouer la carte du trop peu, quitte à décevoir.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Milkshake » Mar 22 Mar 2016, 21:23

All about Eve le film le plus surcoté de Mankiewicz, c'est comme un Birdman ça parle de la profession donc ça a tout raflé aux Oscars, nombrilisme de la profession inside.

Mais ça fait parti des films les plus faible du réal alors qu'il a facilement fait au moins une dizaine de films bien au dessus mais au propos et traitement beaucoup moins lisse, mièvre et académique.
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Brève rencontre - 8,5/10

Messagepar Alegas » Mer 23 Mar 2016, 12:23

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Brief Encounter (Brève rencontre) de David Lean
(1945)


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"There'll come a time in the future when I shan't mind about this anymore, when I can look back and say quite peacefully and cheerfully how silly I was. No, I don't want that time to come ever. I want to remember every minute, always, always to the end of my days."

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Jusqu'ici, David Lean signifiait pour moi des grandes fresques épiques, à la fois concentrées sur des personnages complexes mais s'étendant très largement sur un contexte historique pertinent. Du coup, j'allais en total terrain inconnu en découvrant un de ses premiers longs-métrage, conçus bien avant que Lean n'atteigne sa renommée hollywoodienne que tout le monde retiendra. Je m'attendais à une qualité évidente, mais rien ne m'avait préparé à un tel niveau, au point que je considère, jusqu'à preuve du contraire, Brève rencontre comme le meilleur film de Lean avec son Lawrence d'Arabie, deux films qui sont les deux faces d'une même pièce représentative de la carrière du cinéaste, capable à la fois d'embrasser un sujet large, mais aussi capable de jouer la carte de l'intimisme et de l'émotion dans un petit drame à la puissance étonnante. Brève rencontre, c'est un peu David Lean qui fait Sur la route de Madison avant l'heure, à savoir un récit mélodramatique où une femme, heureuse en mariage, va tomber subitement amoureuse d'un inconnu, et va devoir choisir entre deux destins possibles, deux trains à prendre.

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Ce qui étonne tout d'abord, c'est la façon de Lean de commencer son récit, qui dévoile son couple star d'une manière tout à fait inhabituelle, à savoir le présenter comme un couple parmi tant d'autres, anonyme, relégué au second plan. Pourtant, la logique de mise en scène frappe très rapidement, puisque le film commence par sa séquence quasi-finale, à savoir la séparation du couple, et la totalité du film va se jouer donc sur un récit en flash-backs. Un procédé étonnant et risqué qui fait clairement ses preuves, tant ce n'est pas le destin du couple qui intéresse (il est inévitable) mais pourquoi la femme que l'on suit est à ce point bouleversée par cette rencontre. Loin de moi l'envie de spoiler le contenu du métrage, mais le fait est que cette formule fonctionne de façon assez incroyable, au point que lorsque la séquence finale se répète, on a réellement l'impression de voir une scène inédite. Les angles de caméra sont différents, les valeurs de plan aussi, mais l'action reste pourtant la même, mais Lean rappelle qu'un plan ne veut rien dire s'il n'y a pas de signification derrière, et forcément, après avoir appris l'histoire, la fameuse scène ne s’interprète plus de la même manière.

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Brève rencontre est donc une pure leçon de mise en scène et de storytelling, en plus d'être l'une des plus belles histoires d'amour qu'il m'ait été donné de voir sur un écran de cinéma. Un bijou qui doit beaucoup au caractère minimaliste du métrage (quasiment tout le film se déroule dans la gare, à l'ambiance poétique proche d'un film de Carné, même si je doute que l'influence soit là), à son côté prude (le seul contact physique intime au-delà du baiser sera finalement celui qui déclenche la rencontre) mais aussi à son formidable duo d'acteurs, dont Trevor Howard que je découvre ici et qui est remarquable de retenue. Un grand film ponctué de moments sublimes (le premier baiser, la fuite sous la pluie ou encore la réplique finale qui m'a mis les larmes aux yeux) qui prouve l'aisance de Lean dans l'intime, autant que dans le spectacle.


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"Thank you for coming back to me."


8,5/10
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Docteur Jivago (Le) - 8,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 24 Mar 2016, 10:55

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Doctor Zhivago (Le Docteur Jivago) de David Lean
(1965)


Enfin vu cette grande fresque épique de David Lean dans les meilleures conditions possibles, et même si je me doutais bien que j'allais apprécier le film je ne pensais vraiment pas voir une histoire dans ce genre. A ma grande surprise donc, contrairement à Lawrence d'Arabie, où l'on suivait une figure héroïque qui tente de changer le monde, c'est bien plus une histoire sur des personnes dont le destin est mené par leur époque qu'autre chose. Quasiment rien d'héroïque, presque aucun acte de bravoure, la seule volonté des personnages est de survivre à un changement politique et social majeur, et d'essayer de préserver une histoire d'amour qui ne tient finalement sur pas grand chose. A ce titre, Le Docteur Jivago est une grande tragédie sur un homme qui fera tout son possible pour connaître le bonheur, mais qui ne le vivra que par de courtes bribes avant de nouveaux malheurs, le tout dans une Russie filmée à hauteur d'hommes, en pleine transition chaotique. Ce qui surprend avec ce film, c'est la manière très intéressante dont Lean filme la Russie. Pour une production en pleine Guerre Froide, le regard donné sur la naissance de la nation soviétique est fait avec beaucoup de justesse. Tout n'est pas rose (le retour à Moscou) mais tout n'est pas noir non plus, et les personnages secondaires étoffent parfaitement cette période historique très intéressante.

Le seul défaut que je trouve préjudiciable au film se situe du côté de sa longueur, et notamment dans son premier acte, qui introduit lentement, mais sûrement, la majorité des personnages, et je pourrais aussi pinailler sur l'absence de conclusion pour certains personnages, comme celui de Strelnikov, présenté comme important mais qui ne débouche finalement sur par grand chose. En revanche, dès que la Révolution commence, le film est captivant de bout en bout, et s'avère être, comme toujours chez Lean, une leçon de mise en scène. Difficile d'évoquer toutes les scènes marquantes du métrage, mais rien qu'une séquence comme celle de l'enterrement de la mère de Jivago illustre bien la puissance évocatrice du montage de Lean. Pour le reste, tout est réussi, de la production design de qualité à la musique de Maurice Jarre, en passant par le casting (et pourtant Omar Sharif et Alec Guiness en russes, ce n'était pas gagné d'avance). Un grand film dont le seul réel défaut est de souffrir légèrement de la comparaison avec le film précédent de Lean.


8,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Jeu 24 Mar 2016, 11:09

Je fais un tel blocage sur la littérature russe (avec ses longueurs) que je n'ai même pas le courage de regarder une telle adaptation malgré sa réputation.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Alegas » Jeu 24 Mar 2016, 11:30

Jamais lu le bouquin mais ouais, moi aussi de bouquins russes que j'ai lu j'ai du mal. Ceci dit, une fois passée l'introduction de celui-là, impossible de s'ennuyer, ça pue le cinéma à chaque plan et le récit romanesque/géo-politique fonctionne super bien. Je peux comprendre que la durée fasse un peu peur, mais je ne peux que conseiller de sauter le pas. :wink:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 24 Mar 2016, 12:17

Jivago ça défonce, puis bon un film cité par Clarence dans True Romance ne peut pas être mauvais. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Jeu 24 Mar 2016, 12:41

On reparle des Sonny Chiba ? :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Heatmann » Jeu 24 Mar 2016, 12:42

+ 1 a tous , Jivago c'est 15/10 , mais sinon l'intro putain ca defence , c'est du high level niveau narration , comment ca pose les enjeux , les perso , le context et y a des moment de folie de pur mise en scene , putain l enterrement ...
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 24 Mar 2016, 12:59

Mark Chopper a écrit:On reparle des Sonny Chiba ? :mrgreen:

Ben justement, The Streetfighter ça démoule. 8)
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Jeu 24 Mar 2016, 13:07

Il aime même le 2 :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 24 Mar 2016, 13:22

Ah ça, c'est un autre problème. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Val » Jeu 24 Mar 2016, 13:25

Faudrait que je retente un jour ce Jivago. Sur le papier, il y a tout pour que j'aime et au final, je me suis bien ennuyé. A aucun moment je n'ai cru à l'amour de Jivago pour Lara qui naît bien trop rapidement (pratiquement au premier regard). Et puis on a l'impression que Sharif va se mettre à chialer à chaque plan. A trop vouloir en faire dans le pathos, je trouve que ça finit par affadir les sentiments que l'on tente de provoquer.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2016

Messagepar Alegas » Jeu 24 Mar 2016, 14:50

Heatmann a écrit:putain l enterrement ...


Mais carrément, cette scène, avec l'intro de Guiness intrigante, a finit de me plonger totalement dans le film.
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