[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mar 15 Mar 2016, 10:46

Mr Jack a écrit:T'en parles bien, du coup je suis étonné de la note relativement basse pour un film de cette profondeur, c'est linéaire qu'en apparence parce que ça brasse beaucoup de thèmes en étendant le récit au maximum. Avec la BO d'anthologie et les dialogues de fous, ça en fait à mes yeux le film le plus cool du monde. Y'a rien à jeter dans ce film, pas une minute, malgré les 2h30 (contrairement à Pulp Fiction qui parle beaucoup, voir un peu trop, et qui tire un peu en longueur et s'éparpille un peu dans des délires pas forcément utiles dans la construction narrative principale).


Je comprends ce que tu veux dire. C'est toujours assez compliqué dans un cycle d'un grand cinéaste d'établir des notes : si j'ai mis 9,5 à Pulp, qu'est-ce que je mets à Jackie ? J'ai eu les mêmes soucis avec Kurosawa ou Kubrick.
En fait, je trouve qu'il y a quand même des longueurs dans celui-ci, alors que dans Pulp, à l'exception de la nuit entre Butch et Fabienne, je vois personnellement rien à jeter, parce que c'est toujours drôle et original.
Mais il a pour lui d'être plus émouvant et de construire des personnages avec une réelle épaisseur. Alors oui, je suis plus proche du 8 en fait.
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Infiltrés (Les) - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Mar 15 Mar 2016, 11:04

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Hysteria of violence

La cinéphilie, c’est comme toute passion : ça peut régulièrement devenir encombrant. Les infiltrés fait partie de ces films qui en pâtissent. Qu’on regarde le film pour ce qu’il est au moment de sa sortie, et l’on passera un bon moment, ravis de ce scénario malicieux croisant deux taupes, jeu géant de chats et de souris entre les flics et les mafieux. Tout est convoqué pour nous plaire : le portrait d’une ville, Boston, une BO rutilante à grands coups de classiques des Stones, et des têtes d’affiches qui jubilent à croiser leurs performances.
Les infiltrés est un film poseur, souvent dans le meilleur sens du terme. Sur de ses effets, il s’impose, par sa longueur, par son sens du montage alterné, par sa virilité à la lisière de la caricature, par le portrait dévorateur du parrain local, un Nicholson qui semble rattraper presque au dernier moment la filmographie d’une maitre qu’il n’avait pas encore à son tableau de chasse.
Puis, on pense au fait qu’il s’agit là d’un remake, d’un très bon, vif et inventif film asiatique (qu’il va falloir à tout prix revoir). Et enfin, surtout, que Scorsese est aux commandes. Et pour peu qu’on connaisse un peu le bonhomme, on a du mal à faire l’économie de sa plantureuse œuvre pour juger cet opus.
Scorsese et la mafia, c’est une longue histoire : d’un regard attendri et brut de Mean Streets à la complaisance lucide de l’indispensable diptyque Affranchis / Casino, c’est l’épanchement d’un forme de lyrisme unique : des films qui suscitent à la fois l’admiration et l’effroi, qui fouillent l’intimité humaine du gangster pour en faire une figure complexe, légendaire et faillible, redoutable et minable.
De cette ampleur, Scorsese garde ici la forme : le montage est dosé avec un sens de la dynamique particulièrement percutant, la musique épouse les séquences à la perfection, et l’on retrouve son talent pour les scènes de sommaire qui permettent de constituer un univers sur la durée, particulièrement dans la mise en place des taupes dans leur univers respectif. Mais il semble s’arrêter là. Les infiltrés est un film performant : grands acteurs, intrigue bien menée, morceaux de bravoure. Des téléphones à clapets aux caméras de surveillances, de la technologie de l’image à celle de l’écoute, le regard omniscient de Scorsese se fait clairement avec jubilation, au service d’un thriller de haut vol. Mais ses personnages ne dépassent pas leurs fonctions, leurs rapports sont assez limités, à l’image de ce triangle amoureux qui relève plus du surlignage des enjeux chez les hommes que d’une finesse ajoutée.
Certes, Scorsese s’engonce un peu dans une forme d’académisme depuis une vingtaine d’année, mais le plus récent Loup de Wall Street témoigne de sa capacité à saisir la sauvagerie d’un sujet, son potentiel passionnel et répulsif.
Les infiltrés est efficace, bien troussé, mais frustrant : à l’image de ses personnages, son réalisateur semble y jouer undercover.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mr Jack » Mar 15 Mar 2016, 19:12

Oui après ça dépend du ressenti et de ce qui nous prend dans le style de Tarantino. Y'a deux écoles, je pense. Ceux qui aiment quand il est plus sobre, concis et cool, et ceux qui préfèrent quand il assomme tout avec son style et joue à l'ado provocateur. Perso j'aime les deux mais j'ai un penchant pour la première école. :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mer 16 Mar 2016, 06:31

Mr Jack a écrit:Oui après ça dépend du ressenti et de ce qui nous prend dans le style de Tarantino. Y'a deux écoles, je pense. Ceux qui aiment quand il est plus sobre, concis et cool, et ceux qui préfèrent quand il assomme tout avec son style et joue à l'ado provocateur. Perso j'aime les deux mais j'ai un penchant pour la première école. :mrgreen:


J'aime les deux aussi... Et j'aime particulièrement le fait qu'il arrive à jouer sur plusieurs tableaux à la fois.
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Kill Bill : Volume 2 - 8/10

Messagepar Nulladies » Mer 16 Mar 2016, 06:32

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Oraisons et sentiments

Au moment d’aborder le seconde volet d’un diptyque, les alternatives sont les suivantes : continuité ou complémentarité. C’est clairement cette deuxième tendance que privilégie Tarantino dans le volume 2 de Kill Bill.
Alors que l’exécution de Beatrix ouvrait le premier film, le second revient sur l’avant : un bon quart d’heure de discussion sans fond réel, dont le spectateur connait l’issue et ressent l’oppression croissante. On retrouve ici ce qui fera le sel du prologue d’Inglorious Basterds, ou de toute la très longue première partie des 8 salopards.
L’heure est au dialogue, presque à la gueule de bois. Les suivants sur la liste ont compris ce qui les attend, et le baroque ostentatoire laisse place à une atmosphère plus sombre, à l’image de l’exposition du statut déchu du personnage de Madsen. Crade, gras, désabusé, l’homme dans toute sa splendeur. Les exécutions seront moins flamboyantes, les espaces réduits : un cercueil, une caravane, une hacienda, un jardin d’hiver…
On finirait par croire à une structure prise à l’envers, prenant à rebours la dynamique traditionnelle de la gradation : l’éclat du bouquet final pour le premier volet, le temps de la maturation par le dialogue pour le deuxième.
Bien plus long, s’attardant davantage, le récit épaissit encore davantage les personnages, notamment par le retour sur l’initiation et le sillon chinois creusé avec plus d’insistance, par le rite initiatique, passage obligé de la tradition Kung-Fu. Moins de morts, plus de souffrance. Moins de coups, plus d’expression.
Puisqu’il s’achemine vers la réalisation de son titre, Kill Bill volume 2 tient beaucoup du requiem : pour bien des personnages, il s’agit de prononcer ses dernières paroles, oraisons funèbres avant le grand tabula rasa.
C’est la raison pour laquelle Beatrix, désormais dotée d’un nom, arrive trois quart d’heure avant la fin chez Bill : il ne s’agira pas à proprement parler d’un combat (même si on jouera avec ses promesses, assis, à coups de fourreaux ou de penthotal), mais d’une joute verbale, avec pour ligne de fond la fascinante définition de l’héroïne.
Bill, splendide David Carradine, figure masculine honnie et attendue, le mari, le maitre, le père.
Beatrix est revenue de tout : de la mort, du coma, d’une initiation en bonne et due forme, et même d’un enterrement, sortie de terre comme un zombie. Son destin, lui explique Bill, est lié à son talent : il lui a refusé le droit à quitter son statut d’héroïne pour devenir Mme tout le monde.
Dans chacun de ses films, Tarantino place la figure du puppet master, mise en abyme de son omnipotence à l’écriture. Par l’entremise de Bill, il s’interroge ici sur les sévices qu’il a fait subir à son héroïne dont l’unique quête est de quitter l’écran, quitte à effacer, avant son départ, tous ceux qui y brillaient avec elle. Raison pour laquelle le plus beau face à face sera celui d’une découverte, celle de la fille, qui joue à tuer la mer, s’écroulant au sol dans des larmes nouvelles.
Parcours initiatique, Kill Bill va donc voir la femme tuer le père pour pouvoir redevenir mère, par une affirmation d’indépendance fondée sur le gimmick absolu que le maitre lui-même n’était pas parvenu à apprendre : the five point palm-exploding heart technique, caresse définitive, adieu et déclaration d’amour simultanée.
Il aura donc fallu une chrysalide de sang pour que se déploient les ailes protectrices d’une femme nouvelle : pour sa seule véritable exploration de la filiation dans sa filmographie à ce jour, Tarantino parvient à toucher sur tous les plans : éclabousser la rétine et faire chavirer les cœurs.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar kouteii-remau » Mer 16 Mar 2016, 18:03

Superbe critique mais, et surtout en lisant ta phrase de conclusion, je me dis qu'un "simple" 8/10... :x
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Ven 18 Mar 2016, 06:07

kouteii-remau a écrit:Superbe critique mais, et surtout en lisant ta phrase de conclusion, je me dis qu'un "simple" 8/10... :x


Toujours le même dilemme quand on joue dans la cour d'un grand... :mrgreen:
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Midnight Special - 8/10

Messagepar Nulladies » Ven 18 Mar 2016, 06:08

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Duplicity ligths

Il faut un certain temps pour mettre le doigt sur l’emprise générée par Midnight Special. Parce qu’il est accidenté, parce qu’il n’est pas exempt de défauts, le trajet qu’il propose nous embarque dans une singulière odyssée, éclectique et modeste, ambitieuse et retenue ; un trajet, surtout, à contre-courant de la production actuelle.
Contrairement à ce qu’on pourra dire, c’est un film court : 1h50, sur un tel sujet, et avec toutes les ramifications qu’il propose, relève aujourd’hui de l’acte militant. Jeff Nichols a clairement taillé dans le vif pour n’extraire de son récit qu’une substantifique moelle, dévolue à son angle dramatique, au sens étymologique du terme : le mouvement.
La séquence d’ouverture, absolument saisissante, ne dit pas autre chose : pas d’exposition, mais une fuite en avant : ce bolide vrombissant, venu d’un autre temps, et dont on éteint les phares dans la nuit, initie une course obscure d’une tension redoutable. En parallèle, il est question d’échéances dont on ne saurait définir les limites : la fin d’une secte, la préparation d’un avènement, la chasse d’un enfant par plusieurs instances. Les béances de la mise en place contaminent jusqu’à l’époque du film, curieusement vintage, dans les véhicules comme les habits, les comics ou la posture des services secrets. Ce hors-temps, particulièrement souligné par la secte du Ranch, contamine un réel qui semble ne pas parvenir à faire le point sur sa propre époque, de la même façon que l’enfant, au cœur de tous les enjeux, devrait faire connaissance avec son identité et son appartenance.
Dans cette obscurité, les flashes de la SF surgissent : effrayants, souvent, faisant de l’enfant à la fois un monstre (superbe scène de crise dans la voiture) et une victime, exploitée par ceux qui veulent s’abreuver de son aura, dans une brutalité qui a tout du viol, mais par le regard. L’une des grandes intelligences de Midnight Special provient de cette belle idée de concentrer les attributs « magiques » sur la lumière : celle, paranormale, qu’on doit occulter ; celle, du jour, qu’on doit cacher à l’enfant parce qu’il semble s’y abimer. Celle, enfin, de la vérité vers laquelle convergent toutes les trajectoires.
Sur ce canevas mêlant les manques et l’ostentatoire, Jeff Nichols atteste d’un remarquable sens de l’équilibre : le thriller est distillé avec pertinence, au rythme de la chasse, et occasionne des séquences d’une grande tension, particulièrement celle de la découverte de la voiture des ravisseurs dans les embouteillages, et plus encore la chute du satellite sur la station-service. On attendait depuis si longtemps ce genre de scène, spectaculaire et digne d’un blockbuster, mais servie par un véritable enjeu : ici, le potentiel de l’enfant, sa capacité à provoquer une magie visuelle (on pense, au départ, à un feu d’artifice) qui peut dévier en cataclysme, le tout sur fond de communication et de libération : des autres, et notamment l’espionnage militaire à grande échelle. A ce titre, le personnage d’Adam Driver est au diapason : représentant d’une force éculée dans les thrillers, la NSA, il fait preuve de cette même quête de vérité qui l’humanise, et renvoie fortement, (notamment par son patronyme très francophone) à Truffaut dans Rencontre du 3ème type, une référence qui hante tout le film.
Car si l’on questionne cette étrange alchimie, c’est pour mettre au jour cette autre acception, plus commune, du terme dramatique : dont le mouvement renvoie à nos sentiment, et provoque ainsi l’émotion.

(la suite contient des spoilers)
Face au mystère de l’enfant, tout le monde est dépassé, personne ne comprend : il n’est ni une arme, ni un sauveur : raison pour laquelle ce fameux Ranch, dont on aurait aimé approcher davantage les arcanes, semble disparaitre en cours de route. Collé à son personnage au risque d’occulter ceux qui le traquent, le cinéaste décape une partie des enjeux pour se concentrer sur l’essentiel : la place d’un enfant, et son départ imminent.
On peut regretter que trop de mots viennent expliciter son appartenance, que trop d’images matérialisent son univers : ce final de synthèse reste pour moi problématique, car à rebours de toute la poésie suggestive de ce qui précède. Mais l’essentiel n’est pas là, la véritable magie ne se loge pas dans ces séquences. C’est bien de foi qu’il s’agit, non tant dans le don exceptionnel d’un individu (occasionnant d’ailleurs des scènes assez comiques) que dans le don face à un individu : ceux qui se trompent sur Alton le font parce qu’ils l’envisagent dans leur intérêt propre, tandis que ses parents (Shannon et Dunst, impeccables) agissent pour lui, et doivent se rendre à l’évidence : le laisser partir. Peu prolixe, leurs échanges se limitent souvent à une question récurrente : « Are you OK ? ». Jusqu’à la réponse fatidique, soulagement et douleur simultanée : « You won’t have to worry about me. »

Pour comprendre cette emprise, un personnage nous guide, le plus mutique d’entre tous : Lucas. Arrivé après les autres, et pourtant là dès le début. Qui sait, mais dont on ne voit pas l’initiation. Bouleversé, engagé, dans une empathie totale, secondant père et mère, effleurant leur émotion et se lançant à corps perdu sur la route, en dépit de la nuit : une figure du spectateur.
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Boulevard de la mort - 7/10

Messagepar Nulladies » Ven 18 Mar 2016, 06:11

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Asphalt rumble

Bien entendu, on peut considérer Death Proof comme une parenthèse dans la filmographie de Tarantino, et ne pas trop chercher, fort de notre très française politique des auteurs, à déceler puissance et symboles dans cette joyeuse bouffonnerie.
Mais il apparait assez rapidement qu’en s’amusant, le cinéaste ne fait rien d’autre que poursuivre ce qu’il a entamé alors depuis une quinzaine d’année : la création d’un objet hybride, jouissif et habité.
A ce stade de sa carrière, Tarantino donne déjà le sentiment de se citer, ce qui ne manquera pas de donner à ses détracteurs (qui lui reprochent depuis toujours de ses contenter de faire références aux autres) des os gorgées de moelle. Dans cet exercice de style sur le concept des films d’exploitation avec son pote Rodriguez, le cinéphile injecte ses manies : dialogues interminables, un fétichisme du pied qui irriguait déjà Pulp Fiction, Jackie Brown et Kill Bill, girl power et un sens de l’hommage appuyé à toute une frange du cinéma bis.
La structure en écho pourrait lasser : deux groupes de copines enclines à la biture, leurs discussions à bâtons rompus, puis leur confrontation à un psychopathe, splendide Kurt Russel qui porte avec lui toute la magnificence du bad guy cinématographique.
La première différence avec le cinéma que pastiche Tarantino réside dans le jeu impeccable de ses comédiennes ; les dialogues sont impeccables, les réparties imparables, avec pour provocation ultime de ne quasiment rien dire : c’est le libre cours donné à la joute des filles entre elles, souveraines avant de morfler – ou de rendre les coups.
La seconde est celle du sérieux avec lequel le cinéaste prend son sujet en main : certes, les sauts de séquence, les fausses rayures sur la bobine ou l’exploration des basfonds de l’Amérique nimbent d’une certaine authenticité son film de seconde zone. Mais la rigueur de l’écriture, la construction des plans séquences (notamment sur les tours de table du deuxième groupe) et la maestria de la course poursuite finale distillent ce plaisir de voir que la forme ne sera pas indexée sur la désinvolture du sujet. La construction dichotomique des belligérants en est un exemple : une voiture noire, dont le capot est surmonté d’un canard métallique fatal, et où siège un mal sadique, s’oppose à des voitures claires, saturées de femmes débordantes de vies, l’une d’elle (Zoé Bell, cascadeuse et doubleuse d’Uma sur Kill Bill interprétant ici son propre rôle) prenant place sur le capot pour affirmer la puissance féminine et vitale d’un éclat de rire ordalique.
Le film, on le sait, semble une lente convergence vers les attendues cascades. C’est d’abord un massacre gore assez génial, et qui opère une tabula rasa remettant les compteurs à zéro de façon plutôt inattendue. C’est ensuite et surtout une longue course où les rôles s’inversent, le prédateur devenant la proie de walkiries du bitume. Un film qui prend pour référence ultime Vanishing Point ne peut déjà que susciter l’adhésion, d’autant qu’il opère une gradation de Duel à Mad Max dans son traitement du fracas, avec une maitrise indéniable de la mise en scène.
Mineur, peut-être, par la construction archétypale des personnages et la légèreté assumée de son intrigue, en témoigne ce final insolent. Mais toujours aussi sincère dans sa démarche, enthousiaste dans son partage : peu de films, surtout sur ce genre de sujets, peuvent en prétendre autant.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 18 Mar 2016, 06:38

Je rejoins complètement tes avis sur les QT. Beau boulot!


Totalement rassuré par ton avis sur Midnight Spécial (je surkiffe Nichols) et ce que l'ai lu de ta critique. (J'ai arrêté avant que tu ne spoiles), c'est exactement ce que j'en attends. Vivement dimanche!
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Ven 18 Mar 2016, 08:52

Ca fait plaisir de lire ce genre d'avis sur Deathproof, il s'en prend régulièrement plein la tronche alors qu'il est à mon avis une récréation décomplexée particulièrement réussie :)

Et je me rappellerai toujours de la première mise à mort, qui m'avait complètement transporté au cinoche, le truc que tu vois pas trop venir et qui fait méchamment son effet :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 18 Mar 2016, 09:05

Pas revu depuis le ciné (sur les terres de Comics et Choppy :mrgreen: ), j'avais mis 8.5 à l'époque mais je n'ai jamais osé le revoir. Comme plein de films d'ailleurs, que je préfère parfois cantonner à un bon souvenir.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jack Spret » Ven 18 Mar 2016, 09:12

Jimmy Two Times a écrit:Vivement dimanche!


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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 18 Mar 2016, 09:29

:3:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Sam 19 Mar 2016, 11:03

Jimmy Two Times a écrit:Je rejoins complètement tes avis sur les QT. Beau boulot!


Totalement rassuré par ton avis sur Midnight Spécial (je surkiffe Nichols) et ce que l'ai lu de ta critique. (J'ai arrêté avant que tu ne spoiles), c'est exactement ce que j'en attends. Vivement dimanche!


Le film ne convainc pas autant tout le monde, cela dit, j'ai hâte de voir vos réactions.

osorojo a écrit:Ca fait plaisir de lire ce genre d'avis sur Deathproof, il s'en prend régulièrement plein la tronche alors qu'il est à mon avis une récréation décomplexée particulièrement réussie :)

Et je me rappellerai toujours de la première mise à mort, qui m'avait complètement transporté au cinoche, le truc que tu vois pas trop venir et qui fait méchamment son effet :mrgreen:


Oué, y'a une posture délicate sur ce film : si tu aimes pas, on peut te dire que t'es passé à côté. Si tu aimes, que tu es un fan boy qui pratique à outrance la politique des auteurs.... QT lui-même semble étonné de l'engouement des français pour ce film, c'est peut-être aussi pour ça qu'il leur rend tellement hommage dans Inglorious ! :mrgreen:
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