[oso] Ma prose malade en 2016

Modérateur: Dunandan

Moine d'acier (Le) - 7,5/10

Messagepar osorojo » Ven 26 Fév 2016, 19:37

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LE MOINE D'ACIER

Sammo Hung | 1977 | 7.5/10
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Il est surprenant de constater que, dès son premier film, Sammo Hung imposait déjà son style, à savoir un mélange énervé de comédie légère et d’ultra-violence osée, au sein duquel la mort s’impose comme une étape nécessaire vers l’accomplissement personnel, puisque c’est elle qui motive l’énergie de la vengeance. Ici l’histoire est d’une simplicité insolente, mais permet au chubby sur ressort de tirer une belle énergie de toute ses chorégraphies, même si, premier essai oblige, on l’a connu bien meilleur par la suite à ce niveau là.

Vraiment, ce qui marque dans ce moine d’acier, et qui force le respect, c’est sa tonalité extrême. Il n’est pas évident d’assumer une telle orientation alors qu’on réalise son premier film ; filmer un viol plein cadre, sans détourner l’objectif une seule seconde, parce que c’est ce moment précis qui justifie le massacre final, est loin d’être anodin. Sammo a réfléchi son histoire, possède déjà un contrôle total des thématiques qui l’intéressent et abuse d’un schéma narratif empruntant aux plus badass des revenge movies qui fonctionne à tous les coups : quand les salopards en prennent plein la tronche, le public jubile. Certes l'homme se cherche un peu dès qu’il s’agit de mettre en valeur sa pratique martiale, mais dans l’ensemble c’est sacrément convaincant, ses idées font mouche, en témoigne le dernier duel à 8 jambes lors duquel les participants s’échangent leurs adversaires respectifs.

Audacieux, c’est certainement le mot qui qualifie le mieux ce premier film d’un cinéaste qui a prouvé, à de multiples reprises par la suite, qu’il était l’homme sur qui pouvaient compter les amateurs de Kung-fu radical. Au début des années 70 quand il façonne cette première pierre de sa filmographie, il n’était certainement pas monnaie courante de voir des actrices dénudées se faire maltraiter par leurs homologues masculins — quelle belle image de la femme vous nous proposez encore maître Sammo ( :p)— dans un film de Kung Fu vendu aussi pour ses inserts comiques généralement associés aux péloches plus familiales. Et aujourd’hui encore, alors que les démonstrations d’ultra-violence sont sur tous les écrans, Le moine d’acier fait son effet parce que sa violence est totalement inattendue au vu du contexte. Le sentiment de révolte qui en découle est d’autant plus intense, comme l’envie qu’elle génère chez le spectateur de voir se précipiter les événements menant au final qui les libérera enfin de leur frustration.
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Creed : L'héritage de Rocky Balboa - 4/10

Messagepar osorojo » Dim 28 Fév 2016, 01:04

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CREED

Ryan Coogler | 2016 | 4/10
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Oh mon dieu, ils ont tué Rocky

Je ne sais pas vous, mais moi ça me fout les boules de voir Rocky, le héros de mes 14 ans, perdre son souffle, faire des monologues devant des pierres tombales et ne plus pouvoir enchaîner trois directs du droit parce que le pauvre homme est cancéreux. Comment peuvent-ils mettre au rebut cette figure paternelle qui m’a fait frissonner alors que je la voyais foutre au tapis le grand Appolo Creed, renvoyer dans les cordes un Mister T effrayant ou encore casser les dents de Drago, la marmule made in Russia, par l’unique force de son coeur.

Rocky, en 2016, n’est plus qu’une vieille affiche toute fripée qui pendouille au mur, un rebut prêt à être débarrassé, il le dit lui-même. La relève, elle, met ses fiches d’entraînement sur le Cloud, casse les oreilles à ses voisins toutes les nuits et tente plus ou moins de faire comme les anciens. Au lieu de vendre des colliers pour toutous, cachée derrière des lunettes ringardes, la nouvelle Adriane a un problème d’audition et fait des concerts perchés en boîte de nuit, la même fêlure… en apparence seulement. Sa relation avec le nouveau roi des gants n’atteint jamais le 5ème de ce qui se jouait dans le vieil appart miteux de l’étalon italien. La faute à un script qui ne laisse jamais s’exprimer la jeune femme, uniquement présente comme faire valoir au charme rugueux de Creed junior.

Alors oui, il reste une émotion latente directement associée à la fine nostalgie que trimbale, en boitant, le père Stallone. Le voir lutter, sous perfusion, aux côtés du fils de son alter égo décédé, c’est forcément émouvant. Mais la corde sensible est à tel point sollicitée qu’elle se rompt avant la fin pour laisser place à une gêne réelle. Voir Rocky arranger les peines de cœur de son combattant, Creed junior pardonner à son papa de l’avoir envoyé en foyer d’accueil ou maman Johnson faire de l’humour devant sa télévision, c’est usant.

Et puis, sérieusement, Hollywood Creed ? Un nom de combattant aussi inspiré que la manière avec laquelle ce remake, approuvé par Mr Rocky lui-même, recycle les terres qu’il ose profaner : autant le dire sans détour, c’est d’une mise en jachère sauvage dont il est question. L’apogée du vide inspirant cette mauvaise parodie étant certainement le cortège motorisé qui tente de rendre hommage à la montée des marches ayant rendu le personnage de Rocky si charismatique. Difficile de ne pas défaillir devant les Wheeling sauvage qui accompagnent le shadow-boxing ridicule auquel se livre mini Rocky pour montrer à son papounet d’adoption combien il l’aime.

Dommage pour Michael B. Jordan qui signe une performance physique impressionnante. Le challenge est pour lui relevé, on croirait voir Appolo danser. Mais il y a fort à parier qu’il aurait pu s’exprimer davantage dans un film détaché d’une saga dont les codes se font trop présents à l’écran. A tel point qu’ils musellent le poulain prometteur, l’étouffent même : pas d’alternative, il est contrait de rejouer le combat de boxe le plus célèbre de l’histoire du film sportif. Avec un petit twist cependant : le rendre pompeux et sans surprise. Un combat dont l’apogée est certainement la trogne d’Appolo qui offre une nouvelle vie à sa progéniture alors qu’elle est en train de manger le tapis…

Mais outre toute cette copie new school laborieuse, le pire dans cette histoire, c’est qu’on est certainement à l’aube d’une nouvelle saga. On peut s’attendre à voir le nouveau Creed remonter sur le ring pour défendre le titre qu’il a conquis en seulement 2 combats (ça vous rappelle quelqu’un ?) et le sensei Sylvester passer six pieds sous terre devant les caméras dans Halloween Creed II, la revanche du fils prodige.

Monde de merde, comme dirait l’autre.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Val » Dim 28 Fév 2016, 01:05

Comment tu vas te faire défoncer à la récré !!! :chut:


:mrgreen:
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar osorojo » Dim 28 Fév 2016, 01:07

Franchement, quand je vois comment la plupart rage (à raison) devant les remakes merdiques et encense celui-là. Tu vires Stallone, tout le monde crie à l'arnaque mondiale.

En 20 minutes, j'en pouvais déjà plus, entre la romance miel et les abeilles, et les vannes next gen de B. Jordan, c'était plié. Le pauvre Stallone à pu boiter tout ce qu'il a pu, j'ai jamais pu remonter à bord.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Val » Dim 28 Fév 2016, 01:09

Perso, je n'ai toujours pas vu la saga originale (mais je compte y remédier).
En l'état, j'ai trouvé le film sympa et assez émouvant.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar osorojo » Dim 28 Fév 2016, 01:10

Oui, il y a de l'émotion. Voir Rocky crever à petits feux, ça m'a fait chialer, mais j'avais pas envie de voir ça.

Ils ont prévu de nous faire un rambo 6 tu crois ? Avec papy stallone et sa poche urinaire qui entraîne des commandos marine en déambulateur ?
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Criminale » Dim 28 Fév 2016, 11:40

Je serai là à la Récré Oso.

Sinon c'est exactement la critique que j'aurai pu faire (si j'en écrivais). :super:
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar osorojo » Lun 29 Fév 2016, 19:05

Merci du soutien ! :mrgreen:
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Propriété, c'est plus le vol (La) - 6,5/10

Messagepar osorojo » Lun 29 Fév 2016, 19:15

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LA PROPRIETE C'EST PLUS LE VOL

Elio Petri | 1973 | 6.5/10
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Comme à son habitude, Elio Petri continue sa dissection critique d’une Italie à deux vitesses, en s’engageant à nouveau -ci dans l’illustration directe d’une lutte des classes impitoyable. Deux personnages la portent avec beaucoup de cynisme : un employé de banque sans le sou décide d’inverser la vapeur en s’improvisant voleur de métier : sa seule victime, l’un de ses clients, est un banquier richissime confortablement installé dans une vie qui ne lui refuse rien.

S’il est amusant, dans un premier temps, d’être témoin de cette inversion des rôles croustillante, et d’assister au désarroi d’un homme de pouvoir habitué à être le métronome des pauvres ouailles qui vivent pour le servir au quotidien, au bout d’un moment la démonstration patine un peu. Elio Petri fait ce qu’il fait de mieux, à savoir pointer du doigt vices et corruption sans prendre de gant, mais sur la distance, peine à renouveler le sujet qui l’intéresse : des problèmes de rythme que certaines coupes judicieuses, notamment la trame de l’inspecteur de police, auraient certainement pu régler.

Cela étant dit, les thématiques que corrode Petri avec sa plume assassine parleront à beaucoup, d’autant plus qu’elles sont illustrées avec intelligence : un employé de banque qui se gratte parce qu’il est allergique à l’argent, c’est une idée qui fait autant sourire qu’elle est forte de sens. Le cinéaste pousse également le concept de femme objet jusqu’à la rupture, provoquant le malaise à diverses reprises. Daria Nicolodi impressionne, totalement privée de sa singularité d’être humain. Objet de désir, possession matérielle, elle devient inexistante, statique, un accessoire d’intérieur qui peut éventuellement servir de monnaie d’échange.

Grinçant, dérangeant, La propriété c’est plus le vol poursuit la charge revendicatrice caractérisant la filmographie d’Elio Petri. En s’attaquant à la répartition des richesses, en montrant du doigt les grands propriétaires terriens qui s’enrichissent sur le dos de la classe populaire, le cinéaste enfonce certes quelques portes ouvertes, mais il le fait avec une sincérité évidente et une rage jamais tempérée qui lui sont caractéristiques et rendent son œuvre nécessaire.
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J'irai au paradis car l'enfer est ici - 7/10

Messagepar osorojo » Dim 13 Mar 2016, 17:53

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J'IRAI AU PARADIS CAR L'ENFER EST ICI

Xavier Durringer | 1997 | 7/10
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Même s’il est ampoulé par une morale scabreuse qui s’exprime trop fortement dans son final manqué, ou maladroit lorsqu’il s’agit de teinter sa trame mafieuse d’un soupçon de réalité romantique, *J’irai au paradis car l’enfer est ic*i est une belle proposition qui mérite assurément le coup d’œil.

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Un film noir de truands à la française qui trouve son impact en s’ancrant dans un réalisme brutal. Lorsque les flingues percutent, que les petites frappes se mettent en action, que les marionnettistes d’une organisation changeante font glisser les pions sur un échiquier à plusieurs dimensions, le malaise se fait féroce. Au royaume des salopards, nul n’est à l’abri d’une traitrise salace. D’honneur, il n’est finalement jamais question dans le film de Xavier Durringer, et c’est bien d’ailleurs ce qui fait sa singularité. Même les deux brebis égarées, pour lesquelles la rédemption est encore à portée de canon, pressent la détente sans état d’âme.

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Dans sa trame mafieuse, J’irai au paradis car l’enfer est ici est une proposition solide, mais dès qu’il s’en éloigne, Xavier Durringer perd un peu pied. Son final rédempteur maladroit fait l’effet d’une excuse pour les incorrections qui l’ont précédé et sa trame romantique bancale, qui n’a d’intérêt finalement que la belle plastique d’une Claire Keim qui cache bien son jeu, empêche l’ensemble de transformer tout le potentiel en présence.

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A commencer par des acteurs impliqués qui n’hésitent pas à tomber le bas quand il est question de marquer les esprits et une recherche constante de réalisme qui frappe lorsque les esprits s’échauffent : le premier interrogatoire musclé à coup de Zippo annonce d’entrée de jeu la couleur. Et la suite transformera les promesses d’une telle séquence : de violence, il est plus que question, et elle est parfaitement maîtrisé, ni trop outrageuse, ni trop romancée.

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J’irai au paradis car l’enfer est ici est un film qu’on aimerait adorer, qui inspire une belle dose de sympathie. L’envie de proposer une œuvre truande choc y est sincère et à plusieurs moment Xavier Durringer parvient à associer ses optiques à la mesure de son ambition. Mais malheureusement, à vouloir trop en dire, il ne coupe jamais les câbles qui privent son film de l’envol vers les références du genre. Épuré de sa trame sociale bancale, et de la vingtaine de minutes qu’elle implique, J’irai au paradis car l’enfer est ici aurait pu être autrement plus impactant.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Scalp » Dim 13 Mar 2016, 18:12

Je l'avais commencé en streaming (dur à trouver ce film), et c'était la seule et unique fois que je matais comme ça, je savais donc pas qu'a la moitié du film ça s''arrête qu'il faut attendre 2h pour voir la suite, du coup jamais vu la suite mais le début était pas emballant.
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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Dim 13 Mar 2016, 18:21

Ouais on me l'avait vendu comme une perle méconnue, j'avais trouvé ça bien sans plus. :chut:
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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Re: [oso] Ma prose malade en 2016

Messagepar osorojo » Dim 13 Mar 2016, 18:45

C'est clair que c'est pas une perle oubliée, c'est loin d'être un grand film, mais vu la compétition en matière de polar français post 1990, c'est un film qui mérite le coup d'oeil. Ni plus, ni moins ;)
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Warriors Two - 7,5/10

Messagepar osorojo » Mar 15 Mar 2016, 20:42

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WARRIORS TWO

Sammo Hung | 1978 | 7.5/10
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Du label Sammo garanti sans bout de gras qui file un gros smile et assure le spectacle. Au menu, des combats nourris à la nitroglycérine, des exécutions salaces qui n’épargnent personne et une once d’humour parfaitement distillée pour éviter à Warriors Two de se prendre trop au sérieux. Tout ce qui fait le succès du cinoche du flic de Hong Kong en somme.

Le gros point fort du bonhomme, c’est de réussir à entretenir un rythme endiablé du début à la fin de ses films. Ici, sa recette fait encore merveille et même lorsque son histoire paraît se terminer trop tôt, il parvient à la relancer pour élever encore d’un cran le niveau des prouesses martiales qu’il met en scène. La dernière demi-heure est assez folle, un gros morceau irradié par l’énergie dingue qui anime toutes les chorégraphies martiales mises en scène.

Sans atteindre la percussion du fils prodige réalisé l’année suivante, Warriors Two est une valeur certaine de la Kung-Fu comédie, un gros moment de récréation qui n’oublie pas de ponctuer rigolades et déboitages de tibias d’une morbidité redoutable. Les gentils, comme les salauds, passent aisément l’arme à gauche, dans la douleur et les cris, une caractéristique de l’œuvre de Sammo qui fait toujours son effet. Même une jolie jeune fille courageuse, porteuse d’une certaine innocence, n’est pas à l’abri de finir en brochette orientale, c’est dire si l'homme est bien loin de se laisser happer par un quelconque idéal manichéen qui élargirait le public cible de ses bobines.

Mais le plus impressionnant dans tout ça, c’est que ce genre de film passe l’épreuve des années avec les honneurs. Si l’on excepte certains bruitages un peu trop typés cartoon, près de quarante ans plus tard, Warriors Two n’a rien perdu de sa superbe et parvient, sans aucun mal, à écarquiller les yeux d’un public pourtant tristement blasé.
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Green Room - 6,5/10

Messagepar osorojo » Sam 19 Mar 2016, 12:43

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GREEN ROOM

Jeremy Saulnier | 2016 | 6.5/10
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Après le prometteur Blue Ruin qui ravivait les couleurs d’un cinéma de genre endormi depuis trop longtemps, Jeremy Saulnier récidive en s’attaquant au survival viscéral. Troquant la couleur bleue pour un vert bouteille esthétiquement glauque, il continue de construire son gimmick que deux traits en particulier caractérisent, avec talent, mais maladresse aussi : une photographie splendide et une narration en dents de scie.

Du talent, le jeune cinéaste en a à revendre. Formellement parlant, Green room est un véritable tour de force, une leçon de photographie et de gestion de la lumière. A son aise lorsqu’il place ses caméras, qu’il compose ses ambiances, il manque toutefois la transformation de l’image fixe au mouvement, et la plupart des séquences chocs de son film se contentent d’être furtives, l’homme n’est pas à l’aise lorsqu’il s’agit de filmer l’action à proprement parler.

Si dans Blue Ruin, cette gestion statique de l’image était de circonstance — elle épousait la lente agonie vengeresse de son protagoniste—, dans le cas du survival morbide qu’est Green Room, ses limites se font ressentir, comme le côté poseur de cette plastique trop parfaite que l’on aimerait plus rugueuse lorsqu’elle dépeint la violence. Car même si ma voisine de siège, si j’en crois ses petits cris stridents réguliers, a jugé très crédibles les saignées régulières à l’arme blanche orchestrées par des timbrés du caisson sur leurs pauvres victimes, je n’ai pu m’empêcher de les trouver trop propres, trop fonctionnelles. Comme si Jeremy Saulnier était trop appliqué et perdait un peu l’objectif premier du genre qu’il s’approprie, à savoir la fougue d’une poursuite, et l’ingéniosité éphémère d’une proie aux abois qui essaye de s’en sortir par tous les moyens à sa disposition.

Point de traque ici, ou elle est peu inspirée. Alors que le potentiel est bien là, laissant espérer une explosion radicale, elle n’arrive jamais vraiment. Certes les corps jonchent le sol à la fin, mais ils tombent tous les uns après les autres comme s’ils avaient été dézingués par une chaîne de production industrielle trop bien huilée. Un sentiment en grande partie causé par une gestion du rythme chaotique. Alors que la phase d’exposition est réussie —le décor est rapidement posé, et l’acheminement des victimes vers le peloton d’exécution parfaitement orchestrée–, dès que les masques tombent et qu’il est l’heure de rougir les lames, que la tension devrait logiquement s’accroître, elle retombe au contraire pour laisser s’évaporer le suspens. Les faibles proies mutent en prédateurs, retrouvent le sourire et se réservent même le droit de tirer leur révérence sur une boutade malvenue.

Pour autant, je n’ai pas détesté Green Room, bien au contraire, il est à mon sens l’un des plus dignes représentant du cinéma de genre actuel. Et même si cette bafouille laisse penser le contraire, c’est parce qu’en gros mangeur de bisseries radicales, j’attendais beaucoup de Jeremy Saulnier, après un Blue Ruin qui avait su me charmer malgré son côté poseur. Mais son nouveau film se fait à nouveau l’écho d’un cinéma de genre trop modernisé qui loupe un peu le coche en laissant malheureusement, ce coup-ci, la porte ouverte à un humour pince sans rire —ce qui n’était pas le cas de Blue Ruin et qui a pour conséquence ici de dédramatiser beaucoup trop la violence frontale qui l’entoure —, mais aussi et surtout, en privilégiant l’esthétisme à l’expérience proprement dite.

Green Room est un film carré mais tellement maîtrisé qu’il perd presque sa fonction première : émouvoir, malmener son spectateur, l’essorer et surtout lui donner le sentiment qu’il peut tristement croire à ce qu’il voit. Or ici, tout est propret, du lieu en lui-même qui est si esthétisé qu’on s’attend à voir une figure de mode venir y poser, aux acteurs qui portent gracieusement leurs membres déchiquetés — Imogen Poots y est tout sauf à sa place à mon sens—, qu’il est difficile de se laisser remuer. Certes les entailles chirurgicales sont réussies, la violence est bien de circonstance, et rien que pour cela, le déplacement en salle est récompensé, mais il manque indéniablement quelque chose… ce soupçon de brutalité, à la fois narrative, visuelle et motrice, qui ont permis à des films craspecs comme Maniac, Massacre à la tronçonneuse, Délivrance ou encore toute la production Rob Zombienne plus récemment, de marquer plus durablement les esprits.

Mais malgré toutes ces réserves, la séance a été plus que rafraîchissante, et le grognon que je suis sera, sans aucun doute, de la partie pour la prochaine fournée, parce que se faire servir un slasher/survival, certes un peu gauche, mais aussi bien gaulé en salle, est foutrement appréciable.
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