[Alegas] Mes Critiques en 2016

[Mark Chopper]

Peu importe le genre, ça reste une recette vieille de plusieurs siècles.

[Alegas]

J'entends bien, mais en l’occurrence, pour un biopic de cet acabit, Sorkin expérimente avec quelque chose qui existait déjà. Je n'ai pas souvenir d'un film de ce style qui dépeint la vie d'un homme à travers seulement trois moment de sa vie.

[pabelbaba]

Les débuts difficiles, la gloire, la chute?

Moi non plus...

[Mark Chopper]

Si on prend, dans un genre différent, Le Premier jour du reste de ta vie, c'est tout de même plus ambitieux.

Structure en cinq actes classiques qui correspondent à cinq jours, mais avec à chaque fois un déplacement de point de vue et le développement de cinq personnages.

Le biopic, c'est un peu comme le film de super héros : à force de bouffer de la merde qui photocopie la recette habituelle, on a tendance à surévaluer les films qui tentent autre chose. Mais pour un mec qui vient du théâtre comme Sorkin, c'est quand même facile de reprendre les codes du théâtre classique.

[Alegas]

Les débuts difficiles, la gloire, la chute?

Moi non plus...

Bah non justement, le film évite cette construction.

[Mr Jack]

La construction du récit ça rend le film moins chiant, c'est tout. Rien de révolutionnaire. Et comme le dit Mark, Sorkin venant du théâtre c'est encore moins surprenant.

[Alegas]

Nan c'est pas une question de moins chiant ou non, c'est surtout que ça prouve que raconter toute la vie d'un homme ne sert pas tant que ça, à partir du moment où l'on saisit l'importance de moments décisifs.
Après j'ai jamais dit que c'était révolutionnaire hein, t'emballes pas, j'ai juste dit que Sorkin évitait le piège du biopic wikipedia en lui donnant une formule inédite pour le genre. Après qu'il vienne du théâtre ou non, j'en ai rien à cirer, pas besoin d'avoir bossé dans ce milieu pour savoir comment est construite une pièce classique et de la retranscrire dans un genre filmique.

[Waylander]

Ouais et puis bon, si quelque chose existe déjà dans un art, ce n'est pour autant que ce sera pas innovant voir révolutionnaire pour un autre.

[Mark Chopper]

Tiens, voilà le post le plus stupide de la semaine.

[Waylander]

Quand je ne suis pas d'accord , j'argumente, je ne taxe pas mon adversaire de "stupide".

Ceci étant, les arts sont différents les uns des autres et oui je persiste à dire que ce qui a été innovant pour l'un un jour n'empêche pas les autres d'utiliser la même innovation un jour mais sous une forme forcément différente. Et on ne pourra pas dire " ça existait déjà donc ce n'est pas innovant" vu que ça n'aura pas forcément la même gueule , pas utilisé pareil etc... Ou comme la naissance d'un genre (ex : sf) en littérature et 100 ans après au ciné : cette nouveauté sera tout autant révolutionnaire pour le cinéma. Pas révolutionnaire tout court. Mais faut faire la part des choses quoi. Je ne vois pas ce qui est stupide. Une manière de taffer déjà existante mais quasiment jamais utilisée, ça fait du prochain qui l'utilisera non pas un mec révolutionnaire mais innovant oui surtout s'il se sert d'une innovation venant de la peinture pour le cinéma ou la photo..... C'est la rareté qui fait l'innovation (et le mélange de genres, mélange de savoir faire etc...). Toi tu vois toujours le passé : " ça existait déjà "ouais ok on a bien compris et ? On innove parfois en retournant voir un coup dans le passé. La vraie innovation, je crois bien qu'elle n'a jamais existé si ? On ne fait que réinventer des choses, les transformer mais toujours sur les mêmes bases.

Tout date de l'antiquité ou presque. Si on réinvente le passé, on innove. Que tu le veuilles ou non. Je vais encore faire une comparaison à la con mais si tu crois que l'invention de la roue ne fut pas une révolution pour un peuple parce qu'un autre l'avait déjà inventé là je peux rien pour toi.....(surtout que plusieurs inventions seraient nées plus ou moins en même temps donc pour la paternité à untel ou untel on reviendra et je suppose que c'est pareil pour pleins de choses : pleins de "genres" style sf fantasy et cie on ne pas vraiment qui a inventé puisque plusieurs écrivains, dans la même période, ont écrit là dessus et entre la sortie qui officialise et le temps de travail estimé....)

[Alegas]

Carol de Todd Haynes
(2015)

Une bien jolie surprise que voilà pour cette première incursion dans le cinéma de Todd Haynes, d'autant que je m'attendais à du mélodrame sirupeux et sans grand intérêt hormis son duo d'actrices. Finalement, derrière ces atours de drame classique pour festivals, Carol a bel et bien quelque chose à défendre, et notamment dans l'implication de son réalisateur à travers ce récit certes prévisible mais qui fait mouche. Que ce soit à travers la reconstitution flamboyante de l'Amérique des années 50 (gros boulot de ce côté là, on a vraiment l'impression d'y être) ou dans la façon de retranscrire l'émotion dans une romance lesbien de façon prude et sincère, Haynes se révèle particulièrement conscient de la difficulté de son sujet, et évite ainsi les pièges du mélodrame habituel qui, sans ses actrices, n'arriverait pas à exister. Alors forcément, Cate Blanchett et Rooney Mara ont beaucoup de mérite dans le succès du film, le couple à l'écran possédant énormément de force grâce à elles, mais le fait est que l'écriture est très réussie et fait passer sans mal la difficulté de posséder une telle sexualité à l'époque où tout devait être lisse et rentrer dans la norme. Sans être un chef-d’œuvre, ni même un grand film, Carol est une jolie petite réussite , visuellement travaillée et indéniablement touchante et qui traite son sujet de façon admirable. Au milieu des films à Oscars sans saveurs, cette découverte rafraîchissante est bienvenue.

7/10

[Alegas]

The Thief of Bagdad (Le Voleur de Bagdad) de Ludwig Berger, Michael Powell & Tim Whelan
(1940)

Je le savais d'avance, ce n'était clairement pas un film devant lequel j'allais particulièrement m'emballer, ce genre de films fantastiques me rebutant assez naturellement d'office. Pour autant, je me surprend à avoir apprécié le voyage, non sans quelques défauts, notamment une durée beaucoup trop longue pour un récit aussi simple (on pourrait facilement enlever 10-15 minutes sans que ça gêne le déroulement de l'histoire), mais le fait est que le plaisir était au rendez-vous. Déjà, ça fait plaisir de voir un tel conte se contenter de raconter son histoire. Pour le coup, c'est un pur divertissement qui ne cherche pas à péter plus haut que son cul, et ça s'aide en plus d'un savoir-faire technique indéniable, que ce soit à travers les effets visuels (forcément datés aujourd'hui, voir le génie immobile voler devant un fond mouvant ça fait forcément sourire, mais l'ambition pour l'époque force le respect) ou la mise en scène. Ne connaissant pas les détails de qui a fait quoi sur le film, difficile d'évaluer la part de mérite qui revient à Michael Powell. Néanmoins, vu la façon dont est utilisé le Technicolor, je me plaît à croire que sa patte est aisément reconnaissable à travers cet aspect. Un choix judicieux qui permet de rendre le conte visuellement haut en couleur et qui permet d'en prendre plein les yeux. C'est étonnant de constater à quel point ce film possède une véritable influence encore aujourd'hui, et on sent bien que c'est l'inspiration directe d'un film comme Aladdin, ce dernier ayant repris la plupart des aspects comme le génie, le tapis volant, Jafar, le sultan qui retombe en enfance ou le voleur au grand cœur en guise de héros. Un film qui doit indéniablement plaire plus quand on l'a découvert jeune, à un âge où l'on pourrait lui pardonner ses défauts pour se concentrer sur sa nature de conte exotique divertissant.

6,5/10

[Mr Jack]

notamment une longueur beaucoup trop longue

Dit comme ça, ça donne pas envie

[Alegas]

J'étais fatigué hier soir apparemment, je corrige ça de suite.

[Alegas]

Anomalisa de Charlie Kaufman & Duke Johnson
(2015)

Premier film que je découvre de Charlie Kaufman en tant que réalisateur et je suis globalement très mitigé, et même carrément déçu par le script dans lequel je ne retrouve pas la patte que je pouvais déceler dans un certain film de Michel Gondry ou de Spike Jonze. Un peu à la manière de ce que j'avais pu dire sur Eraserhead il y a quelques temps, j'ai encore une fois l'impression de voir un film au propos tellement opaque que seul son auteur sera capable de le déceler. Autant le sous-texte sur l'uniformisation, ou plutôt sur la capacité d'un homme a être tellement imbu de lui-même qu'il en vient à voir la même identité dans les personnes qui l'entourent, est clair comme de l'eau de roche, autant tout ce qui mène au final laisse clairement son spectateur sur le bas-côté, limite on croirait qu'il manque une scène pour clarifier la chose. Ceci dit, d'un autre côté, le film est beaucoup trop long pour ce qu'il raconte, et je n'ai été guère étonné d'apprendre après la vision que Anomalisa était à la base un moyen-métrage qui a été transformé en long pour une exploitation en salles. Autant toute la partie dans l'hôtel se tient et fait partie d'un tout qui fonctionne, autant ce qui l'entoure ne sert strictement à rien, mention spéciale à la scène du taxi, interminable, ou ce qui touche à la statuette japonaise. C'est dommage car Anomalisa possède de vraies idées de mise en scène, notamment tout ce qui touche au casting vocal, deux acteurs incarnant un personnage pendant qu'un tiers s'occupe de l'ensemble des personnages secondaires. Une idée qui peut paraître un peu idiote à première vue mais qui sert très bien le propos. Quand à l'animation, conçue par l'homme qui était derrière le fameux épisode de Noël de Community en stop-motion, c'est vraiment de l'excellent boulot avec quelques prouesses dans la façon dont la caméra se balade de la même manière qu'un film-live. Sur ce point, le film mérite au moins quelques éloges, mais c'est regrettable que le script ne suive pas, à croire que Kaufman a besoin d'écrire pour quelqu'un d'autre pour livrer le meilleur de lui-même.

5/10