Je n'en gardais pas un souvenir extraordinaire, au mieux celui d'un honnête divertissement, et donc belle surprise que de le revoir et de se rendre compte que c'est un des derniers blockbusters d'aventure qui mérite mon admiration. Il y a vraiment un petit côté
Pirates des Caraïbes avant l'heure dans ce
Mask of Zorro (sûrement dû au fait que l'on retrouve les mêmes scénaristes derrière les deux projets), ce qui lui donne un côté pas déplaisant du tout. C'était l'heure où Disney faisait encore du bon gros divertissement grand public, et ne cherchait pas absolument à transformer n'importe quel film en franchise à gros budget. Bref, pour quiconque aime le personnage de Zorro (ce qui est mon cas, ayant grandi devant le visionnages des VHS de la série télévisée), ce film aux accents de reboot sera du véritable pain béni. Car bien plus qu'une origin story,
The Mask of Zorro est surtout un renouvellement intelligent du héros, qui rappelle certains arcs scénaristiques d'un Batman. Ainsi, le film débute sur un Zorro vieillissant, soucieux de mettre le costume de côté pour s'occuper pleinement de sa famille, et qui va finalement tout perdre avant de rencontrer un potentiel remplaçant à Zorro, qu'il formera non seulement pour continuer le combat, mais aussi et surtout pour obtenir sa vengeance. On est donc loin du film opportuniste à souhait : si l'un des objectifs du film est de redéfinir Zorro pour le grand public, le traitement est toujours respectueux du personnage d'origine, tout en lui donnant une épaisseur supplémentaire via le passage de relais qui transforme Zorro en icône intemporelle, et arrive même à le moderniser via un humour bien senti et des séquences d'action spectaculaires mais jamais grandiloquentes.
Vous l'aurez compris, le maître mot du film est bien l'Aventure avec un grand A, et même si je pourrais reprocher au film une durée un poil excessive, il faut reconnaître que le film est d'une générosité qui ridiculiserait beaucoup de films de même genre plus récents. Anthony Hopkins est vieux mentor s'impose comme une évidence (bien plus que Sean Connery qui était envisagé, et qui, à mon sens, aurait trop pris le pas sur le personnage), Antonio Banderas a clairement le flegme et le tempérament pour ce genre de rôle, Stuart Wilson en bad-guy assure, quand à Catherine Zeta-Jones, elle a beau ne pas être parfaite en terme de jeu, elle pose à merveille devant la caméra (et puis bon, quand on sait que Shakira devait prendre le rôle, on se dit qu'on a échappé à bien pire
). La composition de James Horner, sans égaler ses grandes œuvres, est de très grande qualité, mais la grosse surprise du film vient de la mise en scène de Martin Campbell. Lui qui a longtemps été un yes-man sans réel saveur, il livre ici un travail de faiseur assez exceptionnel (exploit qu'il renouvellera plus tard avec
Casino Royale) avec une réalisation lisible et super classe dès qu'il s'agit d'iconiser ses personnages. Même une simple séquence de danse devient aussi dynamique qu'une scène de combat, c'est dire à quel point Campbell fait du très bon boulot sur ce film. Du très bon divertissement d'aventure qui fait plaisir à voir, surtout à l'heure où l'on évoque un reboot du personnage dans un univers futuriste.