"Fantômes en fête" de Richard Donner - Etats-Unis - 1988 - DVD
Entre deux épisodes de L'arme fatale, Richard Donner prend le temps de réaliser un film de Noël au sentimentalisme écœurant. Une récréation qui lui permet de souffler entre les deux films de sa saga culte ? Loin s'en faut tant Donner et Bill Muray ne pouvait pas s'encadrer durant le tournage. De là à penser que la présence de Bill Muray ne serait alors justifiée que par le fait qu'il ait incarné un chasseur de fantômes dans le film d'Ivan Reitman quelques années plus tôt, il n'y a qu'un pas (surtout lorsqu'on voit la tagline américaine). Revisitant en profondeur le conte de Charles Dickens mettant en scène l'avare Scrooge connu de tous les petits et les grands, la Paramount tenait là un sujet en or massif s'assurant la venue en salles d'un nombre incalculable de spectateurs nourris depuis le biberon au format familial et moralisateur de cette histoire. En ayant comme toile de fond la production difficile d'un programme télé, Paramount se permet également d'innombrables clins d’œils à ces productions passées, présentes et à venir, à l'instar des trois fantômes hantant le Noël de Scrooge (la tenue d'Indiana Jones, un poster de L'arme fatale 2,...). On en arrive donc à une mise en abîme intelligente, véritable char d'assaut médiatique porté par un Bill Murray en pleine possession de son talent comique.
La présence de Karen Allen ajoute une touche de fraîcheur au film, son charme faisant ressortir le côté Droopy de l'acteur principal. Côté effets spéciaux, on est bien loin de Fantômes contre fantômes mais c'est loin d'être minable, surtout dans les transitions entre les époques et les décors. Ce qui est écœurant, c'est cette avalanche de bons sentiments, de poudre aux yeux, le cinéaste reniant complètement son personnage introductif cynique pour le transformer en une sorte de bouffon dévoué à la cause de Noël. On peut comprendre aisément que le cinéma et la télévision aient besoin de ses films obligatoires afin de mettre du beurre dans les épinards chaque année. Mais ici, la fin est confondante de bêtise et fait perdre tout intérêt à une relecture parfois habile, parfois maladroite du fameux conte.
5/10