[Alegas] Mes Critiques en 2016

[Waylander]

Bah quand même, quand tu fais un film ou que tu écris un livre, même si au départ ça vient d'une motivation perso , si derrière tu fais tout pour qu'il sorte dans les bacs, c'est bien que tu veux partager ton truc donc tu crois forcément à un public potentiel et c'est avant tout le partage qui compte. Si ce n'est QUE pour toi, autant le laisser dans ton tiroir.

[Mark Chopper]

Si tu le laisses dans ton tiroir, tu auras envie d'y revenir, de le retravailler...

A moins de t'appeler George Lucas, une fois l'oeuvre livrée au public, tu apprends à t'en libérer et tu peux enfin passer à autre chose.

[Alegas]

On en lit des conneries ici !
Depuis quand un art est censé plaire à un public ?

Bah en l’occurrence, le cinéma n'est pas juste un art, c'est aussi une industrie de taille. Tu peux pas décemment ignorer ce point.

[Jack Spret]

Attention, c'est devenu une industrie !
Les premiers à s'y être essayés ressemblaient davantage à des artistes comme on l'entend au sens pictural du terme.
Ils y voyaient là une nouvelle manière de modeler, transfigurer le réel, aller plus loin dans la proposition d'un instant qui, de figé devient mobile.
Je suis davantage d'accord avec Mark et Way sur le fait qu'une oeuvre, une fois terminée, doit être partagée.
Mais ça n'est pas forcément un partage conscient à la première seconde de la création de cette oeuvre.
Quand j'ai écrit mon bouquin, aussi perfectible soit-il encore aujourd'hui, maintenant que je m'en suis libéré en le mettant à dispo, je n'ai aucune raison d'y revenir car ça serait comme le peintre qui, après un vernissage, revient sur ses oeuvres pour les corriger, les modifier ou les améliorer.

Mais ce côté business du 7ème art, il est né avec Hollywood, avec ce besoin d'adorer de nouvelles idoles, celles qui nous permettent d'échapper à notre quotidien, nous faire rêver.
En ça, le cinéma est un art aux atouts puissants que bien d'autres lui envient à mon sens.
Mais ta conception du cinéma Alegas, elle est trop moderne à mon sens.
Tu ne t'en détache pas assez pour voir ce qu'il y a derrière. Et c'est en ça que tu n'arrives pas à accrocher au style de Lynch.

[Alegas]

Nan mais le truc c'est que je suis à fond d'accord avec toi. Pour moi aussi le cinéma est un art avant d'être une industrie, mais ça n'empêche pas que Lynch, à partir du moment où il contactait des financiers pour un long-métrage à destination du cinéma, se dirigeait clairement vers une œuvre qui allait, quoi qu'il arrive, avoir un public.
Après, que certains aiment les trucs hyper expérimentaux et au propos plutôt obscur, je le conçois tout à fait (il y a bien des gens qui pensent que Inland Empire est un bon film, à partir de là tout est possible ), mais c'est juste que moi j'ai beaucoup de mal avec ces œuvres qui ne tournent qu'autour des psychés de leur auteur, au point d'être des objets refermés sur eux-mêmes.
C'est peut-être con hein, mais genre Inland Empire, pour le citer à nouveau, c'est typiquement un film qui, pour moi, aurait plus sa place dans un musée d'art contemporain, projeté dans une salle dédié, plutôt que dans un cinéma. Pour Eraserhead, j'irais pas jusque là vu qu'il y a quand même un fil conducteur à suivre, mais ça m'empêche pas de le trouver très extrême (ce qui est pas déplaisant non plus hein, si j'ai mis 4,5 c'est que je lui trouve des qualités indéniables).

[Jack Spret]

J'avais vu l'oeuvre d'une artiste qui avait une salle entière pour elle plongée dans le noir.
C'était pendant une exposition sur le racisme.
Ça s'appelait Colors, ça diffusait des spectres un peu psychédéliques de couleurs avec en fond sonore un film.
Il m'a fallu quelques temps et quelques répliques pour me rendre compte que c'était bel et bien le film Colors avec Dennis Hopper qui servait de base à l'oeuvre.
J'ai adoré cette manière de se réapproprier le cinéma comme une véritable oeuvre d'art plastique.
Pas besoin d'y balancer toute son âme, toutes ses pulsions, pour que le cinéma devienne vivant à la même échelle que la peinture ou la sculpture.
Ça naît le plus souvent de notre rencontre avec l'oeuvre qui va ou non fonctionner et que l'on va pouvoir se réapproprier. Même un film qui ne tente rien d'expérimental peut le devenir si on le regarde avec les bons yeux. Tu n'étais peut être juste pas dans le mood pour Eraserhead

[Mark Chopper]

Nan mais le truc c'est que je suis à fond d'accord avec toi. Pour moi aussi le cinéma est un art avant d'être une industrie, mais ça n'empêche pas que Lynch, à partir du moment où il contactait des financiers pour un long-métrage à destination du cinéma, se dirigeait clairement vers une œuvre qui allait, quoi qu'il arrive, avoir un public.

Eraserhead c'est un film qui a commencé comme un court-métrage à l'université (la fac l'a financé au vu d'un scénario de 21 pages)... Finalement, vu le matos à sa disposition et son imaginaire en roue-libre, c'est devenu un long-métrage.

Le coup des financiers, le long-métrage à destination du cinéma : non, non.

Lui a mis du pognon dedans et Catherine Coulson (femme de l'acteur principal et future dame à la bûche) aussi. C'est un projet personnel qui l'a totalement dépassé, jamais il ne pensait y passer autant d'années.

[Alegas]

J'avais vu l'oeuvre d'une artiste qui avait une salle entière pour elle plongée dans le noir.
C'était pendant une exposition sur le racisme.
Ça s'appelait Colors, ça diffusait des spectres un peu psychédéliques de couleurs avec en fond sonore un film.
Il m'a fallu quelques temps et quelques répliques pour me rendre compte que c'était bel et bien le film Colors avec Dennis Hopper qui servait de base à l'oeuvre.
J'ai adoré cette manière de se réapproprier le cinéma comme une véritable oeuvre d'art plastique.
Pas besoin d'y balancer toute son âme, toutes ses pulsions, pour que le cinéma devienne vivant à la même échelle que la peinture ou la sculpture.
Ça naît le plus souvent de notre rencontre avec l'oeuvre qui va ou non fonctionner et que l'on va pouvoir se réapproprier. Même un film qui ne tente rien d'expérimental peut le devenir si on le regarde avec les bons yeux. Tu n'étais peut être juste pas dans le mood pour Eraserhead

Ah bah après on peut dire ça d'un tas de film, de mon âge lorsque je le découvre, etc... Genre est-ce que j'aurais aimé 2001 en le découvrant à 10 piges, et est-ce que j'aimerais plus Eraserhead dans X années. Mais bon toujours est-il que ce que je pense du film, je le pense réellement, mais j'en fais pas une finalité quoi. Si un mec me dit que c'est un film trip ultime et que c'est l'une de ses plus grandes expériences de cinéma, je le croirais sur parole et serais content pour lui.

Mark, pour le coup tu m'apprends quelque chose. Je m'explique un peu mieux ce que j'appellerais le côté "foutraque" du film, avec ces séquences très différentes les unes des autres qui s'enchaînent comme si on ne regardait plus le même film.

[Mark Chopper]

Pense à l'acteur qui a dû conserver sa coupe de cheveux pendant 5 ans

L'une des grandes craintes de Lynch pendant cette période, c'était que Jack Nance commence à perdre ses cheveux.

[Alegas]

J'avais pas pensé à ce détail.

[Mark Chopper]

Je m'explique un peu mieux ce que j'appellerais le côté "foutraque" du film, avec ces séquences très différentes les unes des autres qui s'enchaînent comme si on ne regardait plus le même film.

Là encore, on peut dire la même chose pour Mulholland Drive

(Vu sa production en deux temps, d'abord avec l'idée d'en faire un pilote de série, puis de bricoler un film à partir des bouts tournés.)

[Alegas]

Mulholland de mémoire il n'y avait que la scène du dinner qui m'avait choqué sur ce point.

[Mark Chopper]

La scène où le mec qui joue Jacob dans Lost (je ne sais plus son nom) se retrouve à buter plusieurs personnes à cause d'une balle qui passe à travers un mur aussi...

Ou Robert Forster qui n'a qu'une scène (vu comment son personnage est filmé, je suis sûr qu'il aurait dû revenir dans d'autres "épisodes").

[Val]

Tu as donc vu Lost jusqu'au bout Mark ? (Mark Pellegrino au fait, pour être précis).

[Mark Chopper]

Bah oui.