[Alegas] Mes Critiques en 2016

[Alegas]

A partir du moment où l'évolution de Stallone se ressent dans celle de Rocky, ça ne me dérange pas : il y a forcément quelque chose d'intéressant à dire, même si le film est juste bon, voire moyen.
Maintenant que le flambeau est passé à quelqu'un d'autre, il faudrait clairement que ça se termine.

[Alegas]

The Hateful Eight (Les Huit Salopards) de Quentin Tarantino
(2015)

Un nouveau film de Tarantino, ça se célèbre forcément. Quand bien même on aimera le film ou pas, on sait qu'on aura en face de nous une proposition originale, voire extrême, et que ça sentira l'amour du cinéma au moindre plan projeté sur l'écran. The Hateful Eight ne déroge pas à la règle. On pourra dire ce que l'on veut sur la proposition casse-gueule du métrage, à savoir un western en huit-clos de plus de 2H30 où huit personnages sont enfermés dans une cabane, le tout en plein milieu du blizzard et tourné en Panavision, il faut bien avouer que Tarantino ne s'enferme pas dans la facilité et ose quelque chose de sacrément couillu, quitte à perdre en cours de route son public. Car clairement, son huitième film n'est pas forcément le plus accessible. De par sa proposition évidemment, de par les gimmicks tarantinesques (violence graphique, dialogues étirés, situations décalées) poussés à l'extrême, ou encore par l'amour du cinéma qu'il dégage (Tarantino évoque tour à tour Leone, Carpenter et Corbucci, le tout en vantant les mérites de la pellicule et des entractes en salles), The Hateful Eight est un film admirable mais destiné à diviser. A ma grande surprise, le film aura tenu le cap de la revision, ce qui n'était pas gagné car si à première vue le film peut paraître comme un long, violent et verbeux défouloir, il dévoile peu à peu des subtilités assez étonnantes en terme de mise en scène ou d'écriture et ce notamment à travers la façon de dépeindre une époque particulièrement peu réjouissante de l'Amérique seulement à travers des personnages.

Ainsi, là où Tarantino revisitait la Seconde Guerre Mondiale dans Inglourious Basterds, ainsi que l'esclavagisme dans Django Unchained, il n'est ni plus ni moins question ici que de la Guerre de Sécession, en évoquant la période suivant la reddition sudiste. Vengeance des noirs, opposition aux préjugés toujours vifs, brigands devant apprendre à vivre de nouveau dans un pays sans guerre, tels sont les sujets d'un film historique déguisé en pièce de théâtre (parallèle loin d'être gratuit, certains personnages étant des acteurs, et la pièce possédant un souffleur symbolique caché que l'on élimine rapidement pour éviter de dicter la suite du récit à sa convenance), se concluant sur une image forte : la lecture et destruction d'une lettre servant de laisser-passer à un noir, entre deux êtres que tout oppose mais qui doivent faire face à l'avenir ensemble. En cela, The Hateful Eight est certainement le film le plus politique du réalisateur jusqu'ici, dans le sens où il questionne même des situations sociales actuelles à travers une des périodes les plus déplaisantes de l'histoire américaine. Rythmé au son d'une composition d'Ennio Morriconne pas forcément mémorable, mais servant toujours le film jusqu'au bout, ce Tarantino n'est peut-être pas l'un des meilleurs de son auteur, mais possède clairement les atours d'une œuvre marquante qui passera très bien le cap des années.

8/10

[Jed_Trigado]

Ça fait plaisir de lire ça.

[Chuck Chan]

Je viens de lire ta retrospective 007 (t'as mis du temps à la boucler, la période Moore et Quantum of Solace ont méchamment freiné ton envie même si tu le trouves pas si pourri, il t'a fallu des mois pour enfourner la galette) et c'était très sympa d'avoir ton avis de A à Z. Mais tu avais vu Skyfall avant de t'y mettre, et ta note est vraiment hors norme par rapport au reste, alors est-ce que tu as surnoté parce que tu n'étais pas dans l'enchaînement des épisodes, ou est-ce que tu le trouves à ce point réussi ? Tu l'as revu depuis ?

[Alegas]

Revu plusieurs fois même, je l'avais maté pendant ma "pause" en pleine rétro et je l'ai revu lors d'une rediffusion ciné il y a quelques semaines et pour moi c'est vraiment le Bond au-dessus du lot (avec Casino Royale pas très loin derrière), déjà par sa mise en scène, mais aussi parce qu'il a un statut de film somme. En plus d'être un hommage à la saga (tout ce que n'était pas Meurs un autre jour avec ses clins d’œils mal intégrés) c'est surtout un film qui remet en lumière la place de Bond en tant que personnage, du coup ça donne un film à la fois tourné vers le passé et vers l'avenir, et c'est vraiment ça qui me fascine.
D'où la déception Spectre, qui vient contredire le propos de Skyfall à vouloir trop refaire le Bond d'antan.

[Scalp]

Skyfall c'est surtout une putain d'anomalie dans la saga.

[Milkshake]

C'est Deakins l'anomalie de la saga. Dès qu'il est plus là que ça soit chez Mendes, Niccol, Jolie ou Villeneuve on sent toute suite la différence en terme de réal.

On peut aussi noter un John Logan dont le script original a pas été trucidé sur Skyfall contrairement à Spectre.

J'espère que Mendes va vraiment passer à autre chose pour son prochain film.

[Waylander]

C'est Deakins l'anomalie de la saga.

[Scalp]

Ouais enfin un chef op a jamais transformé un mauvais film en bon film

[Milkshake]

ça on est d'accord là mon propos était plutot de dire pour certain réal tu leur enlève le bon chef op (et par extension l'equipe technique qui va avec) d'un coup il y a un enorme gouffre qualitatif dans la réal à tous les niveaux.

Bon après bien sur il y a d'autre facteur en jeu le sujet, les acteurs, le budget mais parfois c'est à se demander si c'est pas Deakins ou d'autre chef Op très talentueux qui ont pris en main le tournage des bon films de certain réal qui ont du mal à confirmer dans le reste de leur filmo sans eux après. Cela montre que c'est aussi histoire de collaboration avant tout.

Comme contre exemple on peut prendre les Coen (pour avoir rematé une bonne partie de leur filmo récemment) même sans Deakins ou avant de bosser avec lui, ils ont toujours fait du gros taff niveau réal même si je suis pas fan des choix esthétique d'un Inside Llewyn Davis.

[Alegas]

Veteran de Ryu Seung-wan
(2015)

C'est finalement un cycle qui se répète : pendant que le cinéma de divertissement coréen s'auto-parodie ou tente de singer le cinéma américain, quitte à perdre son identité, il faut attendre les grands réalisateurs pour remettre les pendules à l'heure. S'il n'est pas un grand réalisateur à proprement parler, Ryu Seung-wan fait clairement partie de ces irréductibles cinéastes qui pensent que le cinéma coréen doit continuer à proposer de la qualité, quand bien même la Nouvelle Vague coréenne paraît déjà très loin. Encore une fois, le bonhomme ne livre pas un grand film, mais un divertissement tellement bien foutu et assumé qu'il surpasse de loin la majorité de la concurrence de ces deux dernières années. Après deux longs-métrage s'intéressant à deux approches différentes du cinéma d'espionnage, Ryu Seung-wan revient à ses premiers amours de cinéma, à savoir le polar teinté de comédie. Si la première demi-heure, placée sous le signe du rire, peut laisser craindre un film proche de Crazy Lee, on se rend vite compte que Veteran est finalement bien plus proche d'un City of Violence qu'autre chose, puisqu'il partage ce même équilibre entre action généreuse et humour très visuel.

Encore une fois, Veteran n'a rien d'une grande œuvre, c'est même un film qui possède ses défauts, notamment sa tendance à être trop verbeux et à étirer un peu trop son enquête, ce qui alourdit le rythme, mais le fait est que cela reste un film qui se suit bien, jamais ennuyeux et toujours super bien foutu formellement, notamment dès qu'il s'agit de faire parler l'action (la baston du début dans le garage c'est bourré d'idées ludiques et de mouvements de caméra gracieux). Et puis le film permet de mettre en lumière le très bon Hwang Jung-min, super dans son rôle d'inspecteur vénère qui ne lâche jamais sa proie. Ça fait vraiment plaisir de voir un tel réalisateur connaître un tel succès (troisième plus gros succès de l'histoire en Corée), et je croise les doigts pour que ça lui permette des ambitions à la hauteur de son talent (ça a l'air bien parti puisque avant les suites de Veteran et Berlin File, on aura un film de guerre/espionnage).

7/10

[Alegas]

Robin Hood : Prince of Thieves (Robin des Bois, prince des voleurs) de Kevin Reynolds
(1991)

Encore un film de mon adolescence que subit les foudres d'un revisionnage. Dans un premier temps, je tiens à préciser que j'ai revu le film dans sa version longue, la seule disponible en HD, et j'aurais clairement dû m'en tenir à mon vieux dvd. C'est bien simple, ça n'améliore en rien le film, bien au contraire, et en plus de souligner des défauts déjà présents (le personnage de la sorcière qui obtient une bonne dizaine de minutes en plus au montage) elle se permet d'en créer de nouveau. Ainsi, on apprend que le Shérif de Nottingham n'est ni plus ni moins que le fils biologique de cette même sorcière, et on a un personnage secondaire à qui on coupe la langue en début de film, qui devient donc muet par la suite, mais qui parle comme par miracle dans le climax final lors d'une scène déjà présente dans le cut cinéma. Je doute fortement que ce soit un montage approuvé par Reynolds et/ou Costner, et je sens plutôt que ce sont de vieilles scènes coupées ajoutées au montage pour créer un sentiment de nouveauté afin de booster les ventes. Malheureusement, passé cette parenthèse pour le moins gênante, il n'en reste pas moins que ce Robin des Bois, prince des voleurs est le genre de blockbuster 90's qui vieillit affreusement mal.

Alors certes, c'est toujours plus rythmée et iconique que la récente version de Ridley Scott, mais ça pique les yeux de voir à quel point l'ensemble du film fait cheap. J'en gardais un souvenir de divertissement visuellement classe, et je suis carrément tombé de haut lorsque j'ai vu la pauvre reconstitution de Jérusalem dans un hangar, le château du père de Robin où il n'y a que trois habitants, l'attaque des Celtes avec une trentaine de figurants qui font croire qu'ils sont une armée entière. A la limite, si la mise en scène cachait habilement la chose, ça aurait pu le faire, mais là encore c'est la désillusion : hormis quelques plans isolés (le ralenti sur la flèche enflammée ou le moment dans le brume où Robin et Marianne se quittent, bref les deux plans sur l'affiche en fait ), la réalisation de Reynolds est du niveau d'un téléfilm, avec de l'action jamais mise en valeur et une caméra épaule intrusive là où un côté plus poseur aurait largement été appréciable. Même le jeu d'acteur fait peine à voir dans l'ensemble. Si Costner et Freeman se débrouillent bien (et le caméo de luxe qu'est Sean Connery, assez improbable d'ailleurs comment ça arrive ), Rickman est au summum de son surjeu (le rôle veut ça mais par moment c'est assez abusé) et je ne parle même pas de Christian Slater ou de la sorcière, ça serait taper sur des cibles faciles. La seule chose qui n'aura pas changé vis à vis de mes souvenirs, c'est finalement le score, plutôt classe dans son genre. Le film dans sa globalité possède toujours un petit charme propre aux divertissements 90's, mais je suis bien moins étonné désormais quand je vois qu'il a bien été descendu à sa sortie.

6/10

[Jack Spret]

Je préférerais revoir le Mel Brooks que celui là !

[Val]

Idem, je l'ai pas mal vu quand j'étais gamin lors de diff télé mais curieusement, je n'en ai quasiment plus de souvenirs. Je serais tout de même curieux de le revoir.

[Dunandan]

@ JS : celui avec le magazine porno en relief ?