Bullets over summer, Wilson Yip (1999)
Après avoir revu à la hausse
Juliet in Love (un joli petit drame sans prétention), voilà que Wilson Yip m'étonne de nouveau, nous proposant cette fois-ci un polar à la Johnnie To, du moins en apparence, car on est loin des
gimmicks visuels et de la science du cadre de ce dernier. Si j'en fais référence, c'est surtout à cause du milieu du film qui est une véritable respiration pour nos deux flics, lesquels doivent se mettre en planque chez une vieille dame pour surveiller une bande de tueurs habitant en face de leur immeuble. Un pitch rien de plus basique, mais qui enchaîne des péripéties autour des petites choses de la vie qui désamorcent le polar bien nerveux qui s'annonçait au début. Et moi je dis tant mieux.
C'est bien simple, passées les vingt premières minutes, il m'était presque impossible de deviner la suite qui nous fait croiser la route de personnages plus ou moins insolites provenant des Nouveaux quartiers hong-kongais (c'est là où Yip se distingue clairement de To en mettant bien l'emphase dessus), d'abord au grand dam de l'un des coéquipiers, bien déterminé à mener sa mission à bien, mais qui finalement se laissera lui aussi prendre par ce jeu des rencontres qui ouvrira la porte aux sentiments les plus divers tout en donnant lieu à des comiques de situation assez cocasses. Le tout est porté par un casting très sympathoche, que ce soient ses atouts charmes, ou Francis Ng et son acolyte (dont j'adore le je-m'en-foutisme cool-attitude qui participe beaucoup à l'imprévisibilité du scénario) qui déballent une belle palette d'émotions ou d'attitudes suivant ce qui leur arrive.
Dommage que le résultat s'avère parfois foutrarque, je pense surtout aux vingt dernières minutes où Wilson Yip abuse un peu trop en effets stylisés là où sa mise en scène discrète et intimiste et donc au service des personnages faisait des merveilles. D'autant plus que vers la fin du film, les motivations du personnage principal, s'associant pour un temps avec l'ennemi, ne me semblent pas très crédibles, avec un retournement de veste bien trop raide. Ce qui donne un ensemble légèrement bancal. Car si la greffe entre comédie dramatique et fond social fonctionne plutôt bien (notamment grâce à une approche assez légère et des personnages aussi chelous qu'attachants), le maillon faible reviendrait à la section
hard-boiled qui détonne avec le reste, bien que son ton cash et sans concession fait plaisir à voir (on sent qu'il manque quelques scènes pour rendre cette rupture de ton plus fluide). Mais bon, malgré un mélange des genres inégal en termes d'équilibre, il n'en est pas moins une chouette tentative de redéfinir les codes (narratifs entre autres) du polar HK comme on aimerait en voir plus souvent.
Note : 7/10