[Dunandan] Mes Critiques (ré)éditées en 2016

[Mark Chopper]

Ça ne démarre jamais oui.

[Dunandan]

Si, au bout d'1h00, mais 20 min après ça reprend comme avant, tu devais déjà dormir

[Dunandan]

Milan calibre 9, Fernando Di Leo (1972)

Je suis encore novice dans le genre bien racé du poliziottesco, et ce Di Leo me laisse une forte impression. Cela commence déjà fort avec une intro qui démarre au quart de tour sur un casse bien huilé où l'on se passe un paquet entre les mains, entièrement silencieuse et gorgée de personnages over the top qu'on aura tout le temps d'apprécier par la suite et qui nous laissent un aperçu bien énervé de ce dont ils sont capables si on les double (je découvre par exemple Mario Adorf avec un rôle du genre de La brute du dernier opus de la trilogie des dollars, tellement cabotin et excité qu'il en devient presque comique).

On est donc rapidement dans le bain même si ça se pose un peu plus par la suite, et on a beau trouver cette histoire peu originale en soi avec un whodunit qui nous conduit à plusieurs gangs à se foutre méchamment sur la gueule, et un petit fond social propre à tous les films du genre critiquant le système judiciaire italien en place, plus corrompu que jamais, en tous cas, j'ai été intéressé par tout ce qui entoure le mystérieux stoïcisme de Ugo, plus malin que ce que son gabarit de boxeur ne laisse suggérer, ainsi que par ce code d'honneur à l'ancienne qui se dégage de cette mafia vieillissante qu'il rejoint pour l'aider.

Le tout est bien mis en boîte par la caméra de Di Leo qui nous sert des ambiances urbaines et nocturnes réussies (la musique funky/rock '70 est un plus), même si les éclats de violence, tous généreux et bien mis en scène sont-ils grâce à un sens aiguisé du cadre, ont parfois mal vieillis dans leurs effets. De plus, il n'y a presque pas de temps mort pour autant qu'on accroche aux personnages plus couillus les uns que les autres et aux dialogues qui filent parfois à 100 à l'heure.

Enfin, le dénouement est réellement jouissif, le spectateur étant conduit à changer de bord par rapport à certains personnages qu'on appréciait pourtant bien au début, mettant ainsi un coup d'arrêt rageur aux anciennes valeurs du milieu. Bref, voilà un polar bien troussé et bad-ass porté par une énergie latine qui fait du bien par où ça passe, et qui me donne envie de continuer sur cette lancée.

Note : 7.5/10

[Dunandan]

Inside Llewyn Davis, Joel et Ethan Coen (2013)

L'idée du loser joueur de folk tentant bien que mal à préserver sa pureté artistique face aux artisans mainstream est intéressante, mais à force de rendre le personnage détestable (asocial comme pas deux même si on comprend sa façon d'être) et le film déprimant (à l'image de cette existence de gagne-petit), on finit par prendre le pli et à rejeter à demi le projet que nous proposent ici les frères Coen.

Malgré tout, la BO est sympa (les chansons de Llewyn sont presque drôles tellement elles sont misérabilistes) et reflète bien la passion qu'ont les frangins pour la musique folk et ces musiciens de l'ombre, le casting est plutôt bon (surtout Oscar Isaac qui semble pouvoir s'adapter à n'importe quel rôle), et on compte quelques propositions de mise en scène intéressantes, comme le lien symbolique avec ce putain de chat, la photo bleutée imprimant une certaine ambiance, et l'aller-retour NY-Chicago filmé de manière surréaliste.

C'est déjà ça de pris, mais pour un Coen ça manque clairement de folie. Même les personnages secondaires semblent creux et inconsistants (à l'image de John Goodman qui offre un personnage certes coennien dans l'esprit mais qui intervient du coup de manière trop forcée comme si on ne savait pas trop quoi en faire), bien loin des énergumènes hauts en couleurs auxquels les deux frangins nous ont habitué. Dommage car on sent qu'il s'agit là d'un sujet qui leur tient à coeur, mais en dépit de ses qualités, dans l'ensemble, j'ai trouvé ce film pathétique et bancal, au point qu'on finit par se détacher de ce qui peut bien arriver à Llewyn.

Note : 6/10

[maltese]

Dommage... Perso les Coen parviennent à me toucher avec cette histoire, le personnage de Llewyn est agaçant voire "détestable" pour son entourage. Mais on sent que c'est dû à une souffrance et à un déchirement intérieur venu de plein de choses: son rapport à son père, ses échecs répétés, son tempérament auto-destructeur, et surtout la perte de son ami avec qui il formait un duo (toute ça est évoqué très finement je trouve, et la scène où Llewyn reprend leur chanson à la fin est vraiment forte).

Le film le plus déprimant des Coen sans doute, parce qu'il semble n'y avoir aucune échappatoire, et c'est un peu atypique dans leur filmographie c'est vrai. Mais plus je le vois, plus je trouve que c'est un film réellement puissant.

[lvri]

J'ai un ressenti assez similaire à Dun' pour ce film perso. Je n'ai jamais fait de critique, mais je pense que je sera aussi aux alentours d'un 6.

[Dunandan]

J'étais à la limite de ne pas faire de critiques en plus, mais je me suis dit qu'il fallait que j'équilibre un peu plus le camp des déçus ^^.

@ Maltese : oui, en effet, on peut le voir comme ça, moi c'est plus le côté misérabiliste que j'ai retenu . À part 2-3 toutes petites choses à son sujet (sans parler de ses chansons), il m'a laissé froid ce Llewyn...

comme le carton de disques qui vient s'ajouter à cet autre carton d'un autre musicien itinérant ; l'animal qu'il blesse, là j'avoue il y avait un début de quelque chose ; ou encore le père qui semble avoir montré une réaction à sa musique

[Dunandan]

Revu Le retour de la 36ème chambre : 8/10 (la note ne varie pas).

Le film qui donne envie de bosser aux travaux publics

[pabelbaba]

Le film de KF préféré des portugais.

[Dunandan]

Bullets over summer, Wilson Yip (1999)

Après avoir revu à la hausse Juliet in Love (un joli petit drame sans prétention), voilà que Wilson Yip m'étonne de nouveau, nous proposant cette fois-ci un polar à la Johnnie To, du moins en apparence, car on est loin des gimmicks visuels et de la science du cadre de ce dernier. Si j'en fais référence, c'est surtout à cause du milieu du film qui est une véritable respiration pour nos deux flics, lesquels doivent se mettre en planque chez une vieille dame pour surveiller une bande de tueurs habitant en face de leur immeuble. Un pitch rien de plus basique, mais qui enchaîne des péripéties autour des petites choses de la vie qui désamorcent le polar bien nerveux qui s'annonçait au début. Et moi je dis tant mieux.

C'est bien simple, passées les vingt premières minutes, il m'était presque impossible de deviner la suite qui nous fait croiser la route de personnages plus ou moins insolites provenant des Nouveaux quartiers hong-kongais (c'est là où Yip se distingue clairement de To en mettant bien l'emphase dessus), d'abord au grand dam de l'un des coéquipiers, bien déterminé à mener sa mission à bien, mais qui finalement se laissera lui aussi prendre par ce jeu des rencontres qui ouvrira la porte aux sentiments les plus divers tout en donnant lieu à des comiques de situation assez cocasses. Le tout est porté par un casting très sympathoche, que ce soient ses atouts charmes, ou Francis Ng et son acolyte (dont j'adore le je-m'en-foutisme cool-attitude qui participe beaucoup à l'imprévisibilité du scénario) qui déballent une belle palette d'émotions ou d'attitudes suivant ce qui leur arrive.

Dommage que le résultat s'avère parfois foutrarque, je pense surtout aux vingt dernières minutes où Wilson Yip abuse un peu trop en effets stylisés là où sa mise en scène discrète et intimiste et donc au service des personnages faisait des merveilles. D'autant plus que vers la fin du film, les motivations du personnage principal, s'associant pour un temps avec l'ennemi, ne me semblent pas très crédibles, avec un retournement de veste bien trop raide. Ce qui donne un ensemble légèrement bancal. Car si la greffe entre comédie dramatique et fond social fonctionne plutôt bien (notamment grâce à une approche assez légère et des personnages aussi chelous qu'attachants), le maillon faible reviendrait à la section hard-boiled qui détonne avec le reste, bien que son ton cash et sans concession fait plaisir à voir (on sent qu'il manque quelques scènes pour rendre cette rupture de ton plus fluide). Mais bon, malgré un mélange des genres inégal en termes d'équilibre, il n'en est pas moins une chouette tentative de redéfinir les codes (narratifs entre autres) du polar HK comme on aimerait en voir plus souvent.

Note : 7/10

[pabelbaba]

Il a du charme ce film. En tout cas plus que Juliet in Love.

[Dunandan]

C'est clair que celui-là est un peu plus accrocheur, sans parler de ses atouts féminins

[Dunandan]

Le marin des mers de Chine 2 : 5/10

Je cautionne la critique de Scalp, ça évitera d'écrire la mienne... Bon par contre je n'ai presque rien bité à la seconde partie du film, c'était la fête du slip en termes de persos et intrigues secondaires (du coup la partie de cache-cache - meilleure scène du film en passant - prenait un tout autre sens pour moi).

Heureusement que c'est assez généreux en castagne (même s'il manque des scènes emblématiques), sinon je ne mettais pas la moyenne.

[Jed_Trigado]

Il est bien chiant celui-là.

[Dunandan]

Ouais c'est clair. Et moi qui était tout content de l'avoir trouvé en occasion la dernière fois que j'étais en France, mais j'ai en fait confondu avec une autre suite, Drunken Master 2 .