Spectre de Sam Mendes
Après le niveau stratosphérique pour un James Bond qu’était Skyfall qui restait néanmoins juste un film d’action efficace avec un bad guy excentrique avec toujours un plan ridicule et qui déroule la checklist obligatoire imposé par les producteurs mais l’ensemble était sublimé par le travail de photo de Deakins et le ton funeste adopté par Mendes et John Logan faisait le reste.
On a donc là la première véritable suite de la saga (Quantum à mes yeux c’est une fausse suite bricolé qui n’a plus rien avoir avec Casino Royal) qui garde son réal et scénariste tout en se déroulant juste après Skyfall, cela a des répercussions on retrouve un ton assez sérieux mais qui se veut globalement un peu plus décontracté et surtout plus ambitieux dans ces set pieces pourtant on évite les gadgets improbables à gogo et l’humour bas du front. Même si on évite pas les même défauts que dans Skyfall du trauma background imposé à tout le monde dont on se fou et les scènes action/plan du méchant qui semble parfois bien vite expédié.
Le véritable gros défaut est cette volonté de producteur de faire comme toujours depuis le début de la saga il y a 50 ans de surfer sur la vague du moment, donc là on nous fait du Disney/Marvel on tente de nous vendre et rafistoler de manière poussive au niveau du scénario les opus précédents comme des pièces d’un gros puzzle qui aurait été prévu à l’avance. Ce qui n’a jamais été le cas, les Bond par nature étant de l’impro/reboot/aventure unique à chaque film. Tout ça pour mener vers le bad ultime de l’univers Bond Blofeld qui aurait tout organisé depuis Casino Royal tout cela tombe totalement à plat.
Cela semble forcé à tous les niveaux et débouche sur un final qui fait petit bras malgré la grosse débauche de moyen à l’écran (pour une fois sur une grosse production on voit l’argent à l’écran) avec un plan du méchant pour piéger James Bond une fois de plus ridicule comme les 24 opus de la saga jusqu’ici, là le problème est que deux fois de suite Bond s’en sort en deux temps trois mouvements et une balle. Aucune difficulté donc le Bad Guy ultime parait bien fade et riquiqui alors qu’il est censé être le plus grand cerveau, le Némésis ultime de James Bond qui devrait le faire transpirer. Ce qui donne un gros côté épisodique au film globalement fait de bloc disjoint sans conséquence pour Bond.
A partir de l’entrée de Waltz le film s’effondre petit à petit avec une révélation lien de parenté avec Bond qui arrive de nulle part , le film surtout sa dernière heure sent la réécriture à tous les étages et aurait pu être un poil plus solide sans le piratage que Sony a connu.
Dommage car pour une fois Waltz est dirigé et apparait pour la première fois de sa carrière sobre je trouve que pendant 1h30, le cocktail Martini à la sauce Mendes fonctionne une nouvelle fois , Mendes nous offre déjà la meilleure intro de la saga avec un super plan séquence au Mexique version fête des morts qui annonce la thématique de l’assassin du film puis prend vraiment son temps pour distiller une ambiance avec un rythme dilué qui fait plaisir dans ces temps de blockbuster ultra cut.
De tout le passage à Rome avec Belluci qu’on aurait aimé voir plus longtemps à l’écran tellement Mendes imprègne une ambiance de film noir, à la réunion plongé dans l’obscurité, en passant par la poursuite en avion dans l’Autriche enneigé (ouf on evite les scènes d'action les plus ridicule de la saga à base de poursuite à ski) et le mano à mano dans le train de Tanger, le film enchaine de belles séquence vraiment efficace, on voyage et on a de l’action qui fait le job ce qui est déjà un petit miracle en soit pour cette saga avec un beau travail photo de même si je ne suis pas fan de cette volonté de virer dans les ton grisâtre et surtout jaunâtre tout le long, je préfère largement les couleurs plus flamboyantes d’un Deakins et le contraste que cela apporte.
Même si je comprends cette volonté Hoyte Van Hoytema de garder un ton froid et mortifère qui rappelle son travail avec Tomas Alfredson (Let The Right One In et La Taupe) et qui va de pair avec un James Bond véritable faucheuse qui ne cesse d’amener la mort autour de lui. Sinon à l’exception d’une Lea Seydoux toujours aussi fade quand elle s’exprime mais Mendes arrive à limiter la casse en la dirigeant correctement même si son rôle est mal écrit.
C’est aussi un plaisir de voir le cast secondaire une nouvelle fois bien exploité Ben Whisaw est excellent en Q et Ralph Fiennes vole presque la vedette à Bond tellement il est magnétique, c’est un peu le problème de cette fin qui ressemble en tout point au dernier Mission Impossible autant dans son travail d'équipe que dans le plan machiavélique de vouloir faire fermer le programme 00 qui supporte l'agent secret tout ça en bien moins efficace malgré le déluge de moyen que l’on fait flamber à l’écran. Le film aurait fait 2h avec un autre bad guy pour le final ça aurait pu être vraiment bien plutot que d'imposer cette volonté de tout vouloir relier artificiellement au lieu de raconter une histoire unique qui tient la route.
6.5/10