Nos futurs, Rémy Besançon (2015)
Rémy Besançon, auteur de Nos futurs, est considéré comme l'un des meilleurs réalisateurs français en vogue, je comprends mieux pourquoi. C'est rare de retrouver un tel propos, profond et tout, mais en même une certaine légèreté dans le traitement, loin du misérabilisme à la Dardenne ou des comédies franchouillardes à deux balles, vous savez, nos blockbusters à la française où tout le budget part dans le casting soit-disant (j'insiste sur ce mot) 5 étoiles. Et ça, ça fait du bien, excusez du peu.
En tous cas, difficile de résister à l'appel que nous lance ce film vers cette tentative de renouer avec le passé, que notre protagoniste principal, un jeune cadre à qui la vie a apparemment souri, du moins matériellement, refoule du fond de son coeur, et finit, après une soirée d'anniversaire fadasse/déprimante, par contacter son meilleur ami d'enfance qu'il n'avait pas revu depuis des plombes. On remonte alors avec eux les fils du passé vers ce temps de l'insouciante adolescence, le tout oscillant entre grosses rigolades, illusions perdues, et surtout deuil(s) non résolu(s).
Un choc temporel qui forcément me touche en tant que trentenaire. Déjà, Rémy Besançon sait de quoi il parle avec sa petite radioscopie de cette époque du lycée, en retranscrivant les délires propres à cet âge tout en émouvant par petites touches. Mais la nostalgie ne fait pas tout même si elle joue dans la balance. Sans parler du twist auquel je ne m'attendais pas (qui passera bien à la révision, je pense, tant il est bien employé), on nous offre une mise en scène qui, sans être non plus ébouriffante, propose des choses inattendues, comme la manière dont on replonge dans cette fameuse boum (tout en plan séquence), ou l'utilisation pertinente et jouissive du hard-rock des années 70, notamment durant le trip champêtre des deux potes.
Nos futurs, derrière ses thématiques traitées intelligemment et sans forcing, c'est d'abord l'histoire des retrouvailles de deux bons vieux camarades qui font une crise de la trentaine de manière totalement opposée (mais sans verser dans la caricature), l'un coupant à tel point les ponts avec le passé qu'il ne vit plus rien intensément, tandis que l'autre agit comme s'il en avait 16 sans se soucier du lendemain. En résulte une bromance au cocktail détonnant qui, d'une simple tentative de réunir tous les potos de cette soirée si riche en souvenirs croustillants, se transforme en un chouette petit road-movie franchouillard, le tout porté par leurs interprètes Rochefort fils et Pio Marmai, qui forment un très beau duo en jouant de leurs différences.
On ressort de cette séance libéré mais en même temps mélancolique, via cet habile retournement de situation qui nous a finalement dirigé vers l'un des seuls dénouements possibles où enfin notre protagoniste, en renouant avec son passé, a renoué avec lui-même. Bref, un film qui sait où il va, mais qui, par son équilibre agréable entre comédie et drame, m'a autant enthousiasmé qu'un certain Maestro, avec en prime une forme au service du fond. Une belle surprise qui m'a donné envie de découvrir les autres films de Rémy Besançon (édit: je vous recommande pour le coup le sympathique Ma vie en l'air, et surtout Le Premier Jour du reste de ta vie, qui m'a bouleversé avec son sujet sur l'évolution des relations familiales à travers le temps).
Note : 8/10