Oh Boy!Hateful Eight de Quentin Tarantino
Hateful Eight comme tous les projets de Tarantino depuis Death Proof sont plus palpitants comme pitch de départ sur le papier que le résultat final à l’écran et son traitement. Du coup on en ressort comme depuis 10 ans à chaque séance de Tarantino avec un mélange de passage inspiré qui marche du tonnerre mêlé à de l’auto satisfaction qui gonfle même si là le tout est plus cohérent et solide que Django avec son dernier tier raté et répétitif ou Inglorious avec ses passages/storyline française totalement ridicule.
Tarantino comme un sale gosse ne peut pas s’empêcher d’en faire des caisses alors qu’il a un sujet en or qui se distingue de la production contemporaine, un western enneigé qui reproduit à sa sauce des passages du Grand Silence et surtout Day Of the Outlaw tout en ayant sa propre identité voulant rejouer à la manière d’une pièce de théâtre l’histoire des US, la guerre de sécession, le chaos permanent qui s’en suit, la misogynie et surtout le racisme latent le tout pour virer en un véritable film d’horreur. Tout ça s’avère bien beau mais ce retrouve être plus théorique au final que bien exploité à l’image.
Pour la première fois Tarantino écrit une histoire plus intéressante à lire en tant que scénario seul ou à voir interpréter au théâtre. Là on a une pellicule de 3h qui semble sans cesse être étiré à l’infini sans réelle motivation par un auteur dans une position toute puissante qui peut tout se permettre, il s’offre le 70mm, Morricone à la BO en mode mineur (on est loin de ces centaines de très grand score ou Tarantino allait piocher auparavant) mais sans véritable justification, il se fait plaisir comme un gamin dans un magasin de bonbon, la taverne étant littéralement transformé en Candyland, il y a une véritable bonne humeur communicative mais qu’est-ce que c’est long
et pourtant je suis client de son cinéma et quelqu’un de patient.
Mais là l’entracte inutile qui te sort du film comme le chapitrage plus sa propre voix off pour raconter ce qu’on voit à l’écran c’est le comble du réal qui se regarde le nombril et qui s’en fou du spectateur quitte à même mettre du ralenti sur ses propres dialogues
, ça manque clairement de punch dans le montage, le même film sur 2h voir même 2h30 aurait pu être bien plus efficace. Non en plus d’un scénario qui aurait pu être écourté je pense surtout au long flashback le plus inutile de sa carrière à la fin qui introduit plein de perso (coucou Zoe Bell, coucou Channing Tatum) juste pour un énième massacre, Tarantino en rajoute en plus une couche en faisant répéter à l’infini ses propres dialogues pour nous réexpliquer ce qu’on a déjà compris, merci. Comme si il prenait son spectateur pour un débile tout en faisant jouer de la musique à ses perso, ce qui amène une des meilleures scènes caféiné du film.
Le seul moment ou cela trouve une justification c’est dans le perso du shérif qui fait une révérence au général qui est véritablement la grosse surprise du film
interprété par un Walton Goggins survolté, le moteur comique du film avec Samuel Jackson qui n’est finalement bon que chez Tarantino le reste du temps il cachetonne. Un duo contre nature qui va faire équipe. Tout le début en extérieur enneigé est la meilleure partie du film montre que le 70mm apporte une profondeur de champ inédite et un scope qui permet de capturer chaque coin d’une taverne en bois du coup toute la première partie bien qu’étiré est très agréable à suivre.
Mais comme Django il sacrifie son film en tuant son perso le plus charismatique Kurt Russel qui n’a pas été aussi bon justement depuis Death Proof si il y a bien une chose qu’on ne peut pas nier c’est qu’il est un très bon directeur d’acteur. Tout le monde semble totalement transformé pour le film à l’image d’une Jennifer Jason Leigh antipathique au possible et on se délecte surtout du perso de Mexicain haut en couleur, Cabron
qui à l’origine était français seul Tim Roth est un poil décevant dans une veine british qui fait du sous sous Christopher Waltz.
Hateful Eight n’est finalement qu’une redite de Tarantino envers son propre cinéma, il dilate dans le temps ses deux meilleures séquences d’Inglorious qui était déjà typé western Italien le tout à la sauce huis clos de Reservoir Dogs, on a quand même du plaisir immédiat à côtoyer ses 8 Salopards certes trop nombreux pour tous leur donner un background ce que tente pourtant Tarantino d’où les 1h30/2h d’introduction pour véritablement lancer le film. Mais ces perso sont à la fois délicieusement détestable, idiot et tous trainé dans la boue ou tout le monde ne cesse de mentir pour sauver sa peau, le tout orchestré par un Tarantino qui trouve toujours un moyen plus ou moins inspiré pour relancer sa machine, une grosse comédie gore potache qui tache au sang indélébile. Le summum du suspense du film étant basé sur une histoire de fellation forcé, pas très fin tout ça même si on comprend que ce n’est que de la répartie mensongère et la plus répugnante possible pour arriver à énerver son adversaire et plaider la légitime défense. Etrange alors que tout le monde dégaine pour un oui ou un non dans ce far west.
A l’image du running gag sur la porte d’entrée c’est efficace deux/trois fois
à la 5ème fois ça devient lourd et indigeste
, ce Hateful Eight risque d’être aussi le Tarantino le plus dur à revoir malgré le plaisir immédiat qu’il procure et sa bande d'acteur totalement dévoué. J’espère que Quentin sera prendre du recul sur ce qu’il écrit et met en scène pour ses 2/3 derniers films qu’il lui reste à faire pour enfin retrouver son niveau des débuts jusqu’à son apogée Jackie Brown et surtout Kill Bill qui semble l’avoir artistiquement traumatisé mais j’ai bien peur qu’il ne retrouve jamais ce niveau.
7.5/10