The Amazing Spider-Man de Mark Webb
(2012)
A l'époque de sa sortie, je l'avais boudé ouvertement. Voir un reboot de Spider-Man seulement cinq ans après la superbe trilogie de Sam Raimi, dans le seul but de conserver les droits sur le super-héros, me paraissait alors comme une trahison. Cependant, à l'heure où nouveau reboot est envisagé afin de coller à l'univers Marvel Studios, je dois avouer avoir été piqué par la curiosité de regarder cette version, ne serait-ce que pour comprendre sa soudaine annulation et vérifier si quelques qualités pouvaient s'y déceler. Malheureusement, mon instinct de l'époque avait bel et bien raison, non seulement The Amazing Spider-Man est un reboot honteux qui saccage l'héritage des films de Raimi, mais c'est aussi un blockbuster assez navrant, autant dans ses intentions que dans sa conception. Vendu sous le signe d'une untold story censée raconter les mystères autour des parents de Peter Parker, le film évacue finalement très vite cette idée, qui ne prend qu'une place minime au sein du scénario et qui surtout ne mène strictement à rien. The Amazing Spider-Man est donc un remake du premier Spider-Man de Raimi dans les grandes lignes, mais ratant tout ce que le réalisateur d'Evil Dead réussissait brillamment. Exemple ultime : là où Raimi offrait une séquence émotionnellement forte avec l'oncle Ben en gardant son meurtre hors-champ, Mark Webb décide de montrer absolument tout pour un résultat qui ne déclenche aucune émotion.
C'est d'ailleurs le gros problème du film en général, Mark Webb tente de tisser sa propre toile en évitant de copier le Raimi, mais finit par produire les mêmes scènes en moins bien, et surtout avec une mise en scène sans aucune idée, même dans les séquences d'action (drôle de choix quand même que d'offrir un tel film à un mec qui n'avait fait qu'une comédie romantique, quand bien même cette dernière était réussie). Du début jusqu'à la fin, le métrage croule sous les idées plus ridicules les unes que les autres. Le Lézard, bad-guy que Raimi avait mis en place dans sa trilogie, est d'une fadeur rare (et moche en plus), Peter Parker en skate-boardeur beau gosse est un non-sens absolu (Andrew Garfield est bon acteur certes, mais jamais il n'a le faciès de Parker), la musique d'Horner est de loin un de ses pires travaux, et puis je ne parle même pas de la scène des grues, censée être un gros morceau du film et qui ne mérite qu'un facepalm de ma part. En voulant apporter une vision plus jeune, plus drôle et plus cool du héros, Webb en oublie tout ce qui fait la force d'un tel héros. Un reboot qui ne s'imposait pas et qui démontre rapidement ses limites. Un film des plus inutiles donc, en plus d'être sacrément raté.
2/10