[Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Mar 05 Jan 2016, 13:09

Jamais vu, mais avec un peu de chance mon fournisseur l'a en stock. :super:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Mar 05 Jan 2016, 13:13

Il est sur le site qui propose quelques Fukasaku assez rares :chut:

Ils viennent d'ailleurs d'ajouter un autre film de Hasebe de la fin des années 1970 ( The Young Animals).
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Le Orme - 5/10

Messagepar Jed_Trigado » Mer 06 Jan 2016, 17:57

Le Orme - Luigi Bazzoni (1975)


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C'est amusant de découvrir dans un laps de temps très court Le Diable dans la Tête et Le Orme tant ils ont des traits communs a la fois dans leur manière de ne pas nous livrer le film que l'on pourrait attendre et de traiter du sujet de la folie mentale. Bazzoni, je l'avais déjà dit dans ma critique de Journée Noire pour un Bélier, est un cinéaste atypique qui a ce don de toujours secouer le spectateur en l'empêchant d'avoir une quelconque zone de confort en brisant les frontières entres les genres, ici il convoque la SF, le drame intimiste et le thriller paranoïaque dans un seul film, un mélange original et intriguant puisqu'une grande partie de l'attrait de Le Orme tient dans le fait qu'on ne sait jamais vraiment a quoi s'attendre a l'instar du perso de Florinda Bolkan, a qui l'on prête des choses qu'elle n'auraient pas faites tout en faisant des rêves complètement barrés a base de complots et de voyages sur la Lune. Si la première demi-heure est vraiment excellente dans sa manière de perdre le spectateur dans son esthétique futuriste vraiment crédible avec son architecture froide et ses tours de bétons qui posent une ambiance de folie, j'ai été moins concerné par le reste du film qui se déroule dans une zone plus rurale et se centre davantage sur la quête d'identité de Bolkan, problème l'intrigue tourne vite en rond et l'aura de mystère prend moins facilement a cause d'une ambiance plus sage. Pour la première fois chez Bazzoni, j'ai trouvé le fait de changer de registre est préjudiciable a la réussite du film, néanmoins l'ensemble est sauvé par les cadres sublimes de Vittorio Storaro (ce type est un extraterrestre de l'image, fallait que ce soit dit), la musique discrète mais envoutante de Nicola Piovani et surtout cette fin géniale, limite tétanisante qu'on ne voit pas venir.

De bonnes intentions donc avec une envie de sortir des sentiers battus, hélas j'ai pas vraiment accroché a cet OVNI filmique.

5/10
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Huit salopards (Les) - 10/10

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Jan 2016, 21:55

Les Huit Salopards - Quentin Tarantino (2016)


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"Cut my legs off and call me shorty !"


Huitième livraison de Quentin Tarantino, The Hateful Eight était probablement ma plus grosse attente de ces derniers temps, car qu'on aime ou pas le réalisateur et son style si particulier, chaque nouveau film qu'il fait met la communauté cinéphile en ébullition en ressortant les éternels débats entourant son œuvre qui a bien évoluée, passé d'une proposition de cinéma novatrice mais modeste (ses premiers films restaient ancrés dans une forme de réel) a un travail de plus en plus radical dans son approche, notamment en investissant les genres les plus codés et fantasmés du cinéma, essentiellement historiques pour développer un discours interessant sur l'emploi des codes de cinéma, sur l'Histoire du cinéma (et même l'Histoire tout court) et un autre point qui m'a sauté aux yeux en revoyant les films post-Jackie Brown de sa filmo : la question de la vengeance. En effet, il est indéniable que Tarantino a développé avec les années une sorte de fascination presque maladive pour le sujet, en allant toujours un peu plus loin, si dans Kill Bill elle n'était en fin de compte qu'un prétexte, dans Django et The Hateful Eight, elle est l'un des moteurs thématiques cardinaux de l'intrigue avec des personnages qui n'ont plus aucun sens moral et prennent littéralement du plaisir a aller dans la violence la plus débridée. Néanmoins, Django me semblait avant tout une potacherie puérile, là où The Hateful Eight représente le film de la maturité, celui d'un cinéaste qui a enfin pris conscience de cet état de fait et va le distiller dans sa prose virtuose, puisque non content d'être un huis-clos mettant a l'honneur tous ses comédiens sans exception, le film pose sans cesse la question de la Justice et de la vengeance mais développés a travers une galerie de personnages détraqués qui vont tour a tour opposer leur vision des choses (enfin surtout le trio Ruth-Mannix-Warren, antagonistes sur le papier, mais plus proches qu'ils ne le pensent sur le sujet) dans une société Américaine qui ne s'est pas complètement remise de la fin de la Guerre de Sécession, et me rappelle a mon triste souvenir la période de l’Épuration après la Seconde Guerre Mondiale où le ressentiment des différents camps ne s'est pas estompée du jour au lendemain, pire, qui aura permis un instant de non-droit où chacun pouvait régler ses comptes personnels qu'ils soient justes ou non.

The Hateful Eight c'est a mon sens également une superbe digression sur le théâtre et la mise en scène (ça tombe sous le sens, surtout une fois que l'on a assimilé les révélations de l'intrigue, le revoir une seconde fois avec cette lecture en tête aide a apprécier davantage le film), puisque le film déjà est pensé comme une sorte de vaudeville avec ses personnages aux comportements tous très différents (et tranchés, il y a un travail excellent sur la diction des acteurs qui justifie l'aspect too much des personnalités) et la configuration de l'unique lieu de tournage qui peut se voir comme une salle de théatre où les acteurs vont et viennent a loisir, astucieusement exploités dans le cadre par un format 2.76 qui est juste LA meilleure idée qu'ait eu Tarantino pour le film, outre de faire plaisir aux nostalgiques du cinéma old school comme moi, celui-ci s'efforce de toujours rendre conscience de la présence des acteurs même quand ceux-ci ne sont pas le centre des attentions. Pour aller plus loin dans mon analogie, je trouve qu'avec ce film Tarantino a atteint un degré de perfection dans la direction des acteurs, jamais ils n'auront été aussi bien servis tant par leur dialogues que de la manière de les filmer, chaque mot sonne juste dans son intention, chaque acteur joue son rôle comme il doit le jouer, il n'y a pas de désir de tirer la couverture a soi, non tout le monde reste a sa place : Madsen, Roth, Bichir et Dern ont des rôles moins exposés, bien que Tarantino leur offre chacun LEUR scène, leur petit moment qui fera toute la différence. Enfin dans un registre différent, Tarantino est aussi arrivé a maturation dans sa gestion de la temporalité qui n'est pas sans rappeler l'esprit du grand Sergio Leone qui savait mieux que personne raconter en trois heures ce que d'autres auraient fait en moitié moins de temps, 3h pour un huis clos cela peut sembler excessif mais il a décidé d'assumer a fond son maniérisme et bien lui en a pris tant il arrive a gérer son rythme grâce a des dialogues fluides et pourvus de plusieurs degrés de lectures qui rendent chaque revisionnage du film encore plus riche que le précédent. Ça cause, oui, mais ça ne dit pas de conneries avec des éléments contextuels jamais gratuits (la lettre de Lincoln par exemple).

Le dernier point que je voudrais aborder reste la place des références cinéphiles, car oui, on va pas se mentir The Hateful Eight reste lardé de références et même d'autocitations, mais film de genre historique oblige, il arrive a faire passer ça de manière subtile comme le choix de la BO de la Dernière Maison sur la Gauche sur une scène au ton étrangement similaire a son usage dans le film de Craven : la scène est différente sur la forme mais l'esprit est là malgré tout. Si au final, Jackie Brown et Kill Bill gardent le sommet du podium, je peux d'ores et déjà dire que The Hateful Eight est un classique instantané pour moi, un idéal de cinoche généreux qui respire l'amour du cinéma et des acteurs (c'est peu de choses de dire que Walton Goggins aura enfin l'honneur d'avoir un rôle au ciné qui l'aura sublimé de bout en bout et on avait oublié a quel point JJ Leigh nous avait manqué) a une époque où le médium cinéma se fait de fait de plus désincarné. Merci du cadeau Quentin, grâce a toi je commence l'année 2016 avec vigueur et optimisme (même si paradoxalement le message porté est tout le contraire :mrgreen:).

10/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar angel.heart » Lun 11 Jan 2016, 22:10

Joli texte, même si je suis loin d'être d'accord avec toi.

Jed_Trigado a écrit:ça tombe sous le sens, surtout une fois que l'on a assimilé les révélations de l'intrigue, le revoir une seconde fois avec cette lecture en tête aide a apprécier davantage le film


Pour le coup, et même si j'ai déjà envie de le revoir, je ne suis pas du tout convaincu. D'ailleurs, j'ai peur de trouver le principe même du film peu crédible (pour ne pas dire totalement bidon) lors d'une seconde vision. :?
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Jan 2016, 22:15

Le cinéma de QT est par essence basé sur les ruptures de ton où l'absurde ne se oppose pas au sérieux, ça me semble pas plus dérangeant que certaines outrances de Inglourious Basterds ou même Django Unchained par exemple.
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar angel.heart » Lun 11 Jan 2016, 22:18

Là dessus je suis d'accord avec toi. M'enfin, là, tu ne sites pas ces 2 meilleurs films... :nono:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Jan 2016, 22:20

Ouais mais ses autres films justement sont moins extrêmes dans l'emploi de ce principe, d'où le fait que je ne les cite pas. :wink:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar angel.heart » Lun 11 Jan 2016, 22:37

Mais ce que je voulais dire c'est que pour que le récit (ces nombreuses péripéties, ruptures de ton et tout ce que tu veux...) tienne la route et, surtout, arrive à maintenir la suspension d'incrédulité du spectateur, il faut au moins un socle assez solide.

Et là, perso, je perd ça une fois la grosse révélation du film dévoilée.

C'est un point qui m'a un peu gâché mon plaisir, mais j'aurais aussi pu parler des nombreuses fautes de goût (AMHA)...
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Jan 2016, 22:48

Ben de mon côté, ça m'a amusé de voir les moments où les gars se trahissaient involontairement de temps à autre, par des propos incohérents (surtout Joe Gage et Bob le Mexicain qui sont en fait les deux brêles du groupe). :chut: :eheh:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar angel.heart » Lun 11 Jan 2016, 23:02

Raahhh, je sais pas. Faut que je le revois... :mrgreen:

Pour le moment, je le classe au même niveau qu'Inglourious Basterds. J'y trouve un potentiel monstrueux, mais c'est loin d'être le Tarantino le plus abouti.

Mais bon, ça fourmille d'idée, de pures moments de grâce, de folie... Donc le plaisir est bien là. Et c'est l'essentiel...

N'empêche, on est loin de la perfection absolue du diptyque Kill Bill.
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar elpingos » Mar 12 Jan 2016, 09:27

Joli texte Jed :super:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Alegas » Mar 12 Jan 2016, 10:34

La même, ça me donne encore plus envie de le revoir. Je vais profiter du fait qu'il passe encore en 70mm sur Paris pour me faire un avis définitif.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

Messagepar Jack Spret » Mar 12 Jan 2016, 13:39

Belle critique Jed :super:
Tu as parfaitement mis en lumière ce qui me plaît dans ce film !


"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
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Pendez-le par les pieds - 7/10

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 14 Jan 2016, 17:53

Pendez-Le Par les Pieds - Ferdinando Baldi (1975)


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C'te zéderie improbable ! :eheh:

Bon je savais déjà que le duo Baldi/Anthony avait un sacré grain avec Blindman, mais là ils font fort en faisant dériver le western dans un délire sérial comic book où un pistolero se retrouve embarqué en Espagne pour aller livrer une princesse gitane qui se planquait pépère dans un ghost town aux States a l'abri des Vikings (la première bobine est un gros moment de nawakerie :eheh:), ensuite on sera guère étonné de croiser des soldats Mongols, des Maures, un bad guy bossu qui est fan de Shakespeare et même une séquence où le héros se fait agresser par des esprits frappeurs. Si vous pensez a partir de là que j'ai fumé, ben c'est pas le cas, c'est une fête du slip rigolarde avec toujours ce petit truc qui crée un décalage absurde (le cheval avec son armure dorée :eheh:) avec la qualité de fabrication réelle (un peu comme Blindman, on voit qu'il y a eu un putain de budget même pour un film de cette époque), c'est clairement pas recommandé a des spectateurs lambda mais a contrario si on est dans le délire, on est vraiment gâté par la profusion de la chose. Anthony qui ressemble toujours autant un mauvais sosie de Franck Dubosc est cette fois plus a l'aise avec un rôle axé sur la déconne (d'après ce que je sais, c'est le dernier d'une série de 4 films où il joue une variation couillonne de l'Homme Sans Nom, du coup je suis bien curieux de voir les autres) et malgré son charisme aux abonnés absents, j'aime bien le voir s'en prendre plein la gueule quand il ne fait pas payer aux autres ses maladresses. Mon seul véritable regret dans l'ensemble, ce de ne pas proposer un morceau de bravoure qui se détache du reste, comme la scène du massacre des femmes dans Blindman, là on se retrouve avec un petit climax sympa où on fait tout péter a la dynamite et Tony Anthony qui bute du Mongol avec son shotgun customisé, mais voilà, ça dure moins d'1/4 d'heure alors que le reste du film se concentre davantage sur la parlotte, il y avait moyen d'être plus généreux quand même ! :mrgreen:


7/10

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