[Dunandan] Mes critiques en 2015

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Ex_Machina, Alex Garland (2015)

Légèrement déçu par ce film vu la bonne réputation qu'il s'octroie, mais qui déroule tout de même un bon récit d'anticipation sur l'intelligence d'artificielle. Ce que j'ai bien aimé, c'est donc surtout la modernité de l'histoire qui fait intervenir l'omniprésence des moteurs de recherche avec cette impression que rien n'est laissé au hasard, et ses réflexions brillantes sur le sujet. Mais à mon avis, c'est son côté thriller qui lui fait défaut, car même si celui-ci permet de bien accrocher l'attention du spectateur, on nous prend trop par la main par moments en nous livrant infos sur infos, surtout vers la fin, avec la question classique : qui et quoi doit-on croire ? Alors ça fait illusion jusqu'à un certain point et ce tour de passe-passe se marrie même plutôt bien avec le reste de l'intrigue, mais la dernière demi-heure est vraiment trop employée à un jeu de dupes qu'on a vu mille fois ailleurs, y compris dans le registre de la S-F.

Ce qui est dommage tant ce petit film regorge de qualités par ailleurs. Tout d'abord ses interprètes, Ava en tête, troublante et intrigante à souhait (Alicia Vikander, sublime), suivie par le jeunot qui doit la tester (Domhnall Gleeson, déjà vu dans About Time, qui confirme donc son talent), et le Mozart (Oscar Isaac) de la programmation, qui agit comme une sorte de père oedipien (bien que son péché mignon pour l'alcool soit une belle facilité narrative) avec donc des intentions difficiles à deviner, du moins durant la première moitié du film comme je l'ai expliqué tantôt. Puis son ambiance minimaliste où l'on joue beaucoup du cadre du huis-clos d'une manière efficace et oppressante, bien qu'employant un peu trop souvent les mêmes gimmicks. Enfin, ce film possède une patte artistique indéniable malgré des moyens qu'on devine modestes. En bref, ce film aurait gagné en jouant davantage la carte de l'ambiguïté, et en usant moins certaines facilités propres au thriller, mais même avec un mystère éventé jusqu'à la moelle, ce film demeure une belle curiosité en mélangeant les genres avec plus ou moins de brio.

Note : 7/10

[Dunandan]

Cars, Joe Ranft, John Lasseter (2006)

Agréablement surpris à quel point je revois ce Pixar à la hausse depuis que je l'ai découvert au cinoche. Il s'agissait peut-être du cadre plus réaliste que d'habitude pour le studio, ou bien l'idée incongrue de faire parler des voitures, ou encore la VF sûrement un peu fadasse (surtout que ça gâche le côté westernien du film où les accents apportent un réel plus), mais cette fois-ci c'est passé tout seul. On a l'habitude, Pixar nous livre une superbe copie avec des courses NASCAR qui paraissent d'autant plus grisantes (c'est bien simple, même face aux films live la concurrence paraît pauvre), et des paysages de l'arrière-pays charmants et bien mis en valeur. Mais l'émotion est aussi au rendez-vous. Pixar parvient à donner un coeur à ces petites autos au moteur rutilant avec un sens précis du détail. C'est bien simple, on ne fait presque plus la différence avec les humains au niveau comportemental. L'analogie est d'autant plus frappante et troublante.

Je suis fan des messages de Pixar (bien que ça se répète parfois un peu dans le fond), mature et pas gnan-gnan dans le ton (cela fait toute la différence avec un Disney), et celui-ci ne fait pas exception, où on retrouve ici un jeune champion de course ambitieux et arrogant qui fait un détour imprévu par un village de bouseux, et finit par tomber amoureux de leur style de vie et de leurs habitants où l'entre-aide est de mise et où on prend plus le temps qu'ailleurs. Classique mais ça fonctionne, avec en prime une belle note de nostalgie par rapport à l'ambiance et aux valeurs des années 60.

Cars livre donc un bel hymne à l'amitié et à la communauté, ainsi qu'un miroir critique plutôt brillant de notre société où l'individualisme et la quête de gloire sont montrés du doigt mais sans trop forcer le trait, avec un dénouement qui peut surprendre par rapport à ce qui fait habituellement le sel des success story. Bon, les stéréotypes auxquels on a affaire ne sont pas toujours finauds avec le recul, mais ça colle avec l'esprit des road-movie à l'américaine, l'humour et le charme faisant le reste. Quant aux personnages de ce village quasi abandonné, reliques d'un passé proche mais déjà lointain qui se sont fait truander par une modernité galopante, chacun est attachant à sa manière, le chouette character-design aidant en ce sens.

Décidément, Pixar est un studio qui déçoit rarement, livrant presque coup sur coup (justement jusqu'à 2006, après Cars), un bel équilibre entre virtuosité formelle, fond intelligent, émotion, et situations ludiques, ce qui est pour moi un idéal de divertissement inter-générationnel où chacun peut trouver son compte.

Note : 8/10

[lvri]

Hormis un petit temps mort au milieu, ce petit Pixar est très sympa !

[Mr Jack]

Très généreux quand même. Ca reste mieux que le 2 qui est une cata

[Dunandan]

Peut-être pas un grand Pixar, mais je me suis laissé emporter. Le combo BR/VO a aussi joué son rôle dans cette redécouverte. Parce que bon Cécile de France et Guillaume Canet...

[Dunandan]

All is lost, J. C. Chandor (2013)

Après avoir été agréablement surpris par son film sur la crise financière, Margin Call, qui mettait l'emphase sur le drame humain plutôt que sur son contexte qui présentait pas, il est vrai, peu d'intérêt sur le papier, Chandor nous remet ça en réutilisant une mise en scène encore plus minimaliste et épurée que dans son précédent essai.

Après une brève voix-off qui nous annonce juste que ce vieux briscard de Robert Redford va enquiller les merdes, place donc à un sens de la narration qui se passe à l'aise de dialogues. Ainsi on fait corps avec le jeu de survie auquel a affaire notre unique personnage qui n'a pas l'intention de se laisser faire, bien au contraire, doué d'une maîtrise et un calme que l'on serait en droit d'envier, et d'un bel esprit de débrouillardise en dépit d'un équipement bien pourvu qui ne répond pas toujours aux attentes les plus évidentes. Ce qui permet de déjouer une ligne narrative qui aurait pu être plus linéaire et prévisible, elle est même parsemée de petits instants de grâce lorsque la mer se rend moins capricieuse. Se pointe aussi un poil d'ironie cinglante mêlée d'une humanité retrouvée, jusque alors brimée par nécessité pour conserver l'énergie de faire ce qu'il y a à faire tant que l'espoir - épouvantablement ténu - est encore à l'œuvre.

C'est justement ce dernier point qui permet de renouer avec le premier film de Chandor, et d'aller un peu plus loin qu'un simple survival en pleine mer, où la symbolique est assez subtile pour se faire oublier, du moins si on n'a pas en tête cette thématique pourtant centrale de Chandor qui explore comment l'humain se comporte lorsqu'il est ramené seul face à lui-même, coupé parfois malgré lui du monde soit-disant civilisé. La mise en scène n'est pas en reste, où Chandor tente d'éviter la carte du spectaculaire, en phase avec un sujet qui se veut aussi réaliste que possible, qu'il réussit jusqu'à un certain point avec des CGI discrets (impossible de filmer autrement cette impressionnante tempête), à laquelle je reproche seulement quelques coupes abruptes ici et là, alors que des plans-séquences auraient été la bienvenue pour insister sur le timing péniblement serré que Redford doit gérer. En tous cas, cela fait plaisir de découvrir un cinéaste qui nous offre une telle proposition du cinéma qui rompe les amarres avec une certaine tendance à nous expliquer le moindre détail montré à l'écran, ou en rajoutant du pathos plus que nécessaire. En résulte un film aux lignes simples et efficaces qui va droit à l'essentiel.

Note : 8/10

[Chuck Chan]

doué d'une maîtrise et un calme que l'on serait en droit d'envier, et d'un bel esprit de débrouillardise en dépit d'un équipement bien pourvu qui ne répond pas toujours aux attentes les plus évidentes

Faisant moi-même des stratifications polyester en atelier, je peux te dire qu'à sa place, vu le trou et le peu de matos dont il dispose, j'aurais pleuré comme un bébé. Le résultat membranesque qu'il obtient est réaliste et très inquiétant, une scène qui m'a marqué.

[Dunandan]

Je suis d'accord, mais je ne suis pas certain que tout le monde a ce genre d'équipement dans son bateau (bon après faudrait voir aussi le genre de "trip" qu'il était en train de faire). Je trouve qu'il était quand même relativement préparé en termes matériels même si effectivement ça ne tenait qu'à un cheveu à de nombreuses occasions, et que chaque item était optimisé. D'ailleurs, son calme il ne l'a véritablement perdu qu'une fois et on voit où ça aurait pu le conduire...

[Waylander]

Je pense que quand tu pars seul comme ça tu penses quand même à prendre des trucs perso histoire de. Le mec semble expérimenté et débrouillard comme tu dis. Et si tu as une âme de bricoleur crois moi que tu peux penser à des trucs qui ne viendraient jamais à l'esprit de certains.

[Dunandan]

Le seul truc que je n'ai pas bien compris d'ailleurs, c'est comment il a réussi à filtrer l'eau de mer.

Au passage : vaut mieux ne pas lire la fiche du film que l'on trouve dans notre base, ça te raconte tout le film quoi .

[Chuck Chan]

En effet

Je ne me souviens pas du filtrage, je peux pas te répondre.

[Waylander]

Il filtre quand ? On ne le voit que deux fois avec de l'eau : au début au robinet (le bateau contient un réservoir d'eau normal quand même) et quand il essaye d'avoir de l'eau dans le gonflable de secours, il ne fait que jouer avec la condensation (soleil) pour en avoir.

[Dunandan]

Ah j'ai crû voir qu'il prenait de l'eau de mer avec le réservoir lorsqu'il était dans le gonflable de secours. J'ai peut-être mal crû .

[Waylander]

Oui il en prend mais c'est pour que le soleil chauffe l'eau et qu'elle s'évapore mais bloquée par le plastique, ça fera de la condensation donc de l'eau de mer sans le sel.

La distillation consiste à évaporer l’eau de mer, soit en utilisant la chaleur des rayons solaires, soit en la chauffant dans une chaudière. Seules les molécules d’eau s’échappent, laissant en dépôt les sels dissous et toutes les autres substances contenues dans l’eau de mer. Il suffit alors de condenser la vapeur d’eau ainsi obtenue pour obtenir une eau douce consommable.