Agréablement surpris à quel point je revois ce Pixar à la hausse depuis que je l'ai découvert au cinoche. Il s'agissait peut-être du cadre plus réaliste que d'habitude pour le studio, ou bien l'idée incongrue de faire parler des voitures, ou encore la VF sûrement un peu fadasse (surtout que ça gâche le côté westernien du film où les accents apportent un réel plus), mais cette fois-ci c'est passé tout seul. On a l'habitude, Pixar nous livre une superbe copie avec des courses NASCAR qui paraissent d'autant plus grisantes (c'est bien simple, même face aux films
live la concurrence paraît pauvre), et des paysages de l'arrière-pays charmants et bien mis en valeur. Mais l'émotion est aussi au rendez-vous. Pixar parvient à donner un coeur à ces petites autos au moteur rutilant avec un sens précis du détail. C'est bien simple, on ne fait presque plus la différence avec les humains au niveau comportemental. L'analogie est d'autant plus frappante et troublante.
Je suis fan des messages de Pixar (bien que ça se répète parfois un peu dans le fond), mature et pas gnan-gnan dans le ton (cela fait toute la différence avec un Disney), et celui-ci ne fait pas exception, où on retrouve ici un jeune champion de course ambitieux et arrogant qui fait un détour imprévu par un village de bouseux, et finit par tomber amoureux de leur style de vie et de leurs habitants où l'entre-aide est de mise et où on prend plus le temps qu'ailleurs. Classique mais ça fonctionne, avec en prime une belle note de nostalgie par rapport à l'ambiance et aux valeurs des années 60.
Cars livre donc un bel hymne à l'amitié et à la communauté, ainsi qu'un miroir critique plutôt brillant de notre société où l'individualisme et la quête de gloire sont montrés du doigt mais sans trop forcer le trait, avec un dénouement qui peut surprendre par rapport à ce qui fait habituellement le sel des
success story. Bon, les stéréotypes auxquels on a affaire ne sont pas toujours finauds avec le recul, mais ça colle avec l'esprit des road-movie à l'américaine, l'humour et le charme faisant le reste. Quant aux personnages de ce village quasi abandonné, reliques d'un passé proche mais déjà lointain qui se sont fait truander par une modernité galopante, chacun est attachant à sa manière, le chouette
character-design aidant en ce sens.
Décidément, Pixar est un studio qui déçoit rarement, livrant presque coup sur coup (justement jusqu'à 2006, après
Cars), un bel équilibre entre virtuosité formelle, fond intelligent, émotion, et situations ludiques, ce qui est pour moi un idéal de divertissement inter-générationnel où chacun peut trouver son compte.
Note : 8/10