[Alegas] Mes Critiques en 2015

[Alegas]

The Peanuts Movie (Snoopy et les Peanuts - Le film) de Steve Martino
(2015)

Malgré beaucoup d'appréhension à l'annonce du projet (forcément, quand le studio qui a pondu Ice Age reprend Peanuts, ça n'incite pas forcément à la confiance), les premières images du film m'avaient clairement rassuré. Certes, on est loin des courts que je regardais enfant en période de noël, mais on sent un véritable respect du matériau original, notamment à travers le traitement visuel. A l'heure où il est bien vu de singer Pixar pour attirer le grand public, le choix de traiter Peanuts via l'animation 3D pour un rendu en deux dimensions force le respect. De ce fait, The Peanuts Movie attise clairement la sympathie à son égard, d'autant que le respect de l’œuvre de Schulz se retrouve également au sein du récit. Les personnages sont bien là, la direction artistique est franchement jolie, certains gags visuels très bien trouvés, et pourtant, malgré toutes ces qualités, le film donne un sentiment de trop peu et surtout de trop sage. Cela se ressent particulièrement dans le traitement de l'humour : là où Schulz utilisait ces personnages et les gags les impliquant pour évoquer des thématiques plus adultes à travers eux (notamment sur le regard que l'on peut porter sur la vie, la futilité du monde adulte, etc...), Steve Martino se contente d'un produit ciblant le grand public. En apparence donc, Peanuts est là, mais sans l'être réellement.

Autre problème : l'utilisation du personnage de Snoopy. Certes, le célèbre chien a toujours été l'occasion pour Schulz de partir dans des petits délires en parallèle de la vie difficile de Charlie Brown, mais le film, qui aurait pu justement marier l'ensemble de façon cohérente, se contente de multiplier ces fameux délires, quitte à les rendre hors-propos au sein du métrage. Une chose se confirme : ce qui marche dans des strips comiques ne fonctionne pas forcément sur un long-métrage. Malgré ces défauts, il faut quand même bien avouer que le résultat aurait pu largement être pire, et mieux vaut se retrouver devant Peanuts, joli film sans prétention, plutôt que devant les idioties animées que l'on peut voir ces dernières années style Les Minions.

6/10

[Alegas]

West Side Story de Robert Wise
(1961)

Première fois que je regarde le film en entier, après l'avoir décortiqué sa scène d'ouverture de nombreuses fois en cours de cinéma, et autant dire que le film ne ment pas sur sa réputation. Si je n'y vois pas spécialement un chef-d’œuvre, c'est clairement un film atypique dans le milieu du film musical hollywoodien à bien des égards, et c'est surtout une énième preuve du talent de Robert Wise, certainement un des meilleurs faiseurs qui soient (car bon, livrer un truc pareil quand on touche pour la première fois à la comédie musicale, ça touche presque au génie). West Side Story, c'est donc une sorte de grande fresque tragique, adaptant librement le Roméo et Juliette de Shakespeare pour le transposer dans le New-York du milieu du 20ème siècle. Un choix qui peut paraître douteux au premier abord, mais qui permet à Wise de transformer la tragédie originale en véritable plaidoyer contre la discrimination raciale au sein de sa nation. Ainsi, le petit quartier new-yorkais où s'affrontent blancs "natifs" et immigrants portugais, avec un flic à tendance raciste entre les deux, devient le théâtre qui résume une Amérique qui doit prendre conscience que sa plus grande force est son melting-pot culturel.

Un enjeu intéressant qui vient donner un nouveau souffle à ce récit intemporel, dans lequel cette fois on se questionne sur son appartenance à une nation, et sur ce que l'on peut y apporter. Si la musique signée Bernstein n'arrive pas toujours à me convaincre, il faut avouer que certains numéros musicaux fonctionnent du tonnerre, que ce soit l'introduction muette ou la chanson sur le flic du coin, il y a une véritable capacité à offrir du spectacle intelligent et ludique à la fois, le tout sublimé par la mise en scène de Wise. Rarement j'ai vu un film musical filmé avec autant de brio et de modernisme, les longs travellings fluides et les cadres travaillés (sa façon d'isoler les personnages dans des grands décors, c'est assez génial) sont pour beaucoup dans la réussite formelle de ce long-métrage. Seul véritable défaut qui m'empêche d'y voir un spectacle inattaquable : sa longueur. Certes, le film est généreux sur ce point, mais on sent réellement que le récit est étiré par moment, notamment dans sa seconde moitié où chaque doute d'un perso équivaut à plusieurs minutes s'y intéressant. Pour autant, c'est clairement un classique à voir au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour comprendre les qualités de touche à tout d'un mec comme Robert Wise, qu'on a tendance un peu à oublier derrière les gros succès de sa carrière.

7,5/10

[Olrik]

Sur Snoopy : on l'a déjà dit, pas du 100% Schulz mais compte tenu de l'édulcoration et la créténisation propres à notre époque, on a limité la casse. J'ai lu d'ailleurs quelque part que les descendants de Schultz avaient participé à l'élaboration du film. Pas forcément un gage de réussite mais bon, peut-être que ça aurait été pire sans eux.

Sur West Side : assez d'accord pour le côté longuet de la 2ème partie. Par contre, pour la musique de Bernstein, wtf ? J'ai beau me remémorer les différents morceaux, je n'en vois pas un seul de faiblard.

[Alegas]

Ah bah les chansons d'amourette sur la seconde partie j'ai du mal perso. Bon après je pinaille, globalement j'aime beaucoup le boulot de Bernstein et il doit y avoir que 3-4 passages où j'ai un peu plus de mal.

[Olrik]

Ouais, je vois, en gros il te faut ta dose de castagne entre bandes rivales sans que des greluches et leurs chansons ridicules viennent parasiter les échanges virils au couteau. Ça peut se défendre.

[Jed_Trigado]

Oulà, c'est bien mal connaitre Alegas.

[angel.heart]

[Mark Chopper]

Ouais, je vois, en gros il te faut ta dose de castagne entre bandes rivales sans que des greluches et leurs chansons ridicules viennent parasiter les échanges virils au couteau. Ça peut se défendre.

Tu es à deux doigts de lui conseiller Tokyo Tribe, je le sens.

[Alegas]

Oulà, c'est bien mal connaitre Alegas.

[Scalp]

C'est pour les enfants ?

[Olrik]

Ouais, je vois, en gros il te faut ta dose de castagne entre bandes rivales sans que des greluches et leurs chansons ridicules viennent parasiter les échanges virils au couteau. Ça peut se défendre.

Tu es à deux doigts de lui conseiller Tokyo Tribe, je le sens.

Ça a quand même une autre gueule que Bernardo quoi !
Me fait penser que je ne sais plus trop où en est la carrière de la douce Kokone Sasaki.

C'est pour les enfants ?

Oui oui, tu peux regarder sans crainte.

[Alegas]

Butch Cassidy and the Sundance Kid (Butch Cassidy et le Kid) de George Roy Hill
(1969)

Sympathique découverte à laquelle je préfère néanmoins de peu le film suivant du trio Hill/Newman/Redford que sera The Sting. Néanmoins, les deux films ont clairement beaucoup de rapport entre eux, que ce soit à travers la relation entre les deux têtes d'affiche ou la volonté de donner un nouveau souffle à un genre de cinéma (ici le western), mais pour autant là où l'humour fonctionne très bien dans The Sting, il a un peu plus de mal à s'affirmer avec cohérence dans Butch Cassidy and the Sundance Kid. Ainsi, là où le métrage s'illustre parfois brillamment dans un premier degré certain, donnant naissance à quelques très belles scènes (la première apparition du Kid, sublimé par la photographie de Conrad Hall qui n'avait pas volé son Oscar), il s'avère bien moins convaincant dès qu'il s'agit de donner un peu de légèreté à son récit. Du coup, les nombreuses séquences avec le personnage de Katharine Ross, donnant lieu à un trio improbable, a beau dégager une certaine sincérité, mais n'apportera finalement pas grand chose à l'alchimie existante entre Newman et Redford.

Rien de raté cependant, le film s’avérant être une alternative sympathique au western pur et dur, notamment en allant chercher du côté de l'ambiance des films de gangsters façon Bonnie & Clyde. Il en résulte un film pas toujours mémorable, mais supporté par quelques belles séquences, à l'image d'une course-poursuite de plusieurs jours à dos de cheval ou encore un climax final qui rappelle étrangement celui de Wild Bunch, pourtant sorti la même année. Enfin, le film vaut surtout le coup d’œil pour son duo d'acteurs forcément génial, je ne peux hélas pas en dire autant de la bande-son, car j'ai beau apprécier Raindrops Keep Fallin' on My Head, j'ai réellement du mal à trouver cohérente son inclusion au métrage.

7/10

[Alegas]

Layer Cake de Matthew Vaughn
(2004)

Seconde vision de ce premier long-métrage de Matthew Vaughn et surprise : j'aime plus que la première fois. Là où les films de gangsters de Guy Ritchie, Snatch en tête, passent difficilement le cap de la revision, leur qualité étant basé principalement sur un effet de surprise, le film de Vaughn, lui, prouve qu'il n'est pas composé d'effets cache-misère. Alors certes, ça ressemble énormément à du Ritchie (pour rappel, Vaughn était le producteur des premiers longs du bonhomme donc peu de surprise de ce côté là), avec un script à tiroir qui multiplie les personnages secondaires au sein de la pègre londonienne, mais pour le coup c'est du script qui tient la route à la seconde vision et qui est même plus intéressant, une fois passé l'impression de gros bordel duquel doit se sortir le héros. Layer Cake fait pleinement honneur à son titre en plaçant un personnage unique (grosse force du film par rapport à un Snatch où on s'attache difficilement aux protagonistes) dans une multiplication de storylines qui se rejoignent finalement toutes. La première fois, difficile de capter exactement qui fait quoi et pourquoi, et à la revision ça devient clairement plus limpide et on sent le script travaillé un minimum. Alors certes, ça abuse du retournement de situations dans le dernier acte (on doit avoir facile 5-6 twists à la suite ), mais c'est ce qui fait le fun du film pour le coup puisque ça s'oriente clairement vers le film de braquage sans en être réellement un.

Autre point fort du métrage : celui d'avoir un minimum de profondeur, notamment à travers la relation Craig/Gambon où on évoque la nécessité pour un gangster de se retirer à temps du milieu, et sur ce point le final fait très plaisir à voir, puisque Vaughn va vraiment au bout de son propos. Vaughn, pour un premier long en tant que réalisateur, emballe ça vraiment très bien. Forcément, ça ressemble à du Ritchie (le film devait être réalisé par lui à la base) avec des raccords sympa mais pas toujours très utiles, mais c'est autrement moins tape à l’œil et globalement ça reste même très sage tout en étant maîtrisé (le montage alterné sur tabassage de clochard c'est assez fun, et le premier acte meurtrier de Craig c'est un joli moment de tension). Côté BO, ça déchire (Lisa Gerrard, Starsailor et les Stones dans le même film c'est carrément cool ) et côté casting, Vaughn sait très bien s'entourer. Non seulement on a un Craig impérial, mais on a aussi une pelletée de seconds rôles sympas entre Michael Gambon, Ben Whishaw, Sienna Miller et même Tom Hardy sur quelques scènes. Un premier film vraiment réussi.

7/10

[Alegas]

Le Petit Prince de Mark Osborne
(2015)

Je n'étais pas spécialement fan du projet à la base, il faut dire que Le Petit Prince fait partie de ces ouvrages que je trouve difficilement adaptable, mais vu le succès public et critique du métrage j'étais prêt à revenir sur mes a-priori. Malheureusement, mes doutes étaient justifiés, car si on sent que Mark Osborne, réalisateur qui s'était notamment illustré chez Dreamworks avec Kung-Fu Panda, a un réel respect envers le matériau original, il est obligé de réinventer le livre pour en fait un film présentable au grand public. Il en résulte un film sacrément conventionnel, à tel point qu'il va à l'encontre même de ce qu'il dénonce en partie, et on se retrouve donc non seulement devant un film parfois malhonnête (bien que fait avec sincérité) mais surtout devant une piètre adaptation. A la limite, la première heure peut faire illusion, puisqu'elle revisite Le Petit Prince de façon assez ludique, alternant entre l'animation 3D et l'animation stop-motion (au résultat très sympathique, limite le film aurait gagné à être entièrement conçu de cette manière), tout en approfondissant le propos en présentant une jeune fille à la destinée toute tracée pour devenir une adulte. Le problème, c'est que plus le métrage avance, plus il dévoile son incapacité à traiter correctement et subtilement le livre de Saint-Exupéry. Le film devient alors une sorte de suite qui annihile toutes les métaphores du livre original en les surexpliquant, et qui invente des futurs pour chaque personnage pour aboutir sur un final à base de philosophie de pacotille et d'overdose de bons sentiments. Le film d'Osborne a donc un côté Petit Prince pour les nuls assez déplaisant, et qui se retrouve le cul entre deux chaises : trop compliqué pour être entièrement compris par un enfant, et trop niais pour recevoir l'entière adhésion d'un adulte. Une adaptation pleine de promesses jamais tenues, à la bande-son insupportable.

4/10

[Scalp]

Ma fille a tout comprit, merci au revoir.