Another Woman de Woody Allen
Voilà une belle surprise ce Woody Allen totalement méconnu des 80s au milieu d'un grand nombre de film anecdotique qu'il a fait durant sa période Mia Farrow. Woody Allen n'est jamais aussi bon que lorsqu'il s'efface derrière son sujet et laisse une véritable troupe d'acteur interpreter ses dialogues chose rare dans sa filmo qui commence à devenir une habitude depuis sa période post Match Point. L'autre point fort est que Mia Farrow est ici un personnage fantome qu'on voit à peine, qui se limite presque à une voix. On évite donc la recette habituelle de Woody et sa femme du moment, le perso de névrosé lache accompagné d'une greluche/femme simplette qui pullule la filmo du réal.
Ici on a clairement son film le plus adulte, le plus fin et surtout le plus touchant de sa carrière
bien plus que ses essais bergmanien dépressif précédent baclé (Interiors, September). Pour moi ce film rentre facilement dans le top 5 de ce que Woody a fait de mieux voir même top 3 tout ça essentiellement grâce à une personne Gena Rowlands. Quelle superbe actrice
(fétiche de son mari John Cassavetes), elle élève chaque scène par sa présence rend palpable à chaque regard la mélancolie d'une femme 50s qui fait un bilan sur l'impression de vide dans sa vie et se remémore les passages clé de ses passions.
Jamais un Woody Allen aura été aussi bien joué, la moindre micro scène a du poids même lorsqu'elle sont joué par de jeunes acteurs, on a également Ian Holme et Gene Hackman parfait dans leur rôles. Bien que le film soit très court, ça fait à peine 1h15 est peut être un des rare voir le seul film de Woody ou le récit ne se perd pas dans des diverse storyline multiple/annexe pour gonfler la longueur du script d'un scénariste en manque d'inspiration. Là on reste avec 1 seul perso tout le long, c'est le plus beau portrait de la carrière d'Allen, une véritable introspection cohérente et bien pensé avec des séquences de rêves théatrale ou la miss rejoue sa vie. Jamais un de ses récits n'aura paru aussi fluide sans un bout de gras ou scène inutile.
Dans le cocktail de culture bobo-isante toujours présent chez Allen qui parle comme toujours d'écriture, opera, peinture (ici Klimt), de psychanalise (la voix off au début fait un peu peur comme procédé un poil lourd) et de passion/tromperie amoureuse, jamais Allen n'aura paru être aussi juste dans son propos, on pourra seulement regretter que formellement le film soit très fade comme toujours avec le réal, les looks 80s n'aidant pas bien qu'il y ait une proposition intéressante de montrer un New York vidé de ses âmes et une séquence au théatre avec enfin une tentative d'ambiance visuelle avec des cadres bien pensé, plongé dans le noir.
8/10