Shogun's Samurai - Kinji Fukasaku (1978)
Shogun's Samurai marque un renouveau dans la filmographie de Kinji Fukasaku, après avoir consacré quasi-exclusivement son body of work pendant une décennie au yakuza eiga qui commence a décliner de plus en plus commercialement, il se lance dans un genre lui aussi un peu perdu mais qui garde néanmoins une certaine confiance auprès des grosses compagnies : le chambara. Nanti d'un budget colossal et d'une pléiade de stars, le film se veut un décalque des codes de ses précédents yakuza eiga transposés dans le contexte féodal de l'ère Tokugawa, un choix qui s'avère payant tant celui-se marie parfaitement au genre en lui donnant un aspect shakespearien bienvenu (toute l'intrigue autour de l'affrontement fratricide est passionnant) et une énergie narrative qui renouvelle a sa manière la dynamique d'un genre qui ne se pensait plus que sur l'optique de l'exploitation bigger and louder post-Baby Cart. Centré autour de la célèbre famille Yagyu, Fukasaku tisse une toile d'araignée géante où divers clans s'affrontent sur fond de lutte des classes afin de faire monter au pouvoir le frère "légitime" selon eux, par là il continue a creuser son regard politique très à gauche avec un gouvernement rigide qui n'est pas prêt a céder aux doléances d'une bande de renégats (a qui on cède bien volontiers les tâches ingrates malgré tout), loin de privilégier le spectaculaire, il observe ce microcosme avec intérêt, parfois un peu trop, comme souvent a trop vouloir multiplier les personnages, on s'y perd parfois et cela a tendance a évacuer le truc qui aurait pu en faire un chef d'oeuvre, celui de rendre vraiment émouvant cette tragédie familiale qui ne prend forme que dans ses dernières minutes (Sonny Chiba y livre sa meilleure prestation et de loin). Malgré tout, le film se tient dans ses ruptures de ton, la réalisation nerveuse a base de caméra portée et de cadres obliques est employée a chaque fois que le récit l’exige pour dynamiter les codes usuels du genre et provoquer un réel impact formel a l'instar du massacre sur le bord de la rivière dans le dernier quart du film qui nous rappelle que Fukasaku sait montrer la cruauté d'une bataille comme personne. Shogun's Samurai s'impose donc comme son incursion la plus réussie AMHA au sein du chambara par sa capacité a avoir repris le meilleur de son style pour tirer vers le haut le résultat final.
8/10