[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[Scalp]

Et moins généreux avec Christine aussi

[Jed_Trigado]

T'es moins généreux avec tout en même temps...

[Scalp]

Surtout les Christine.

[Jed_Trigado]

Kamikaze Club - Kinji Fukasaku (1968)

Kamikaze Club (je lui préfère son titrage anglais Blackmail is my life) est la matrice du cinéma de Kinji Fukasaku, pourtant le monsieur en était loin d'être a son premier essai, après des années d'assistanat et de commandes diverses, d'un coup sans prévenir voilà qu'il trouve sa voie dans le domaine du yakuza-eiga. Bien que le film en question ne met pas les yakuzas au centre du récit, mais un groupe de maitre-chanteurs a la petite semaine qui ont soif d'ambition, il dépeint un monde cruel où le plus fourbe gagne toujours, chose a des années-lumières de la vision idéalisée du crime organisé qu'on en faisait jusque là. L'autre "révolution" apportée par Fukasaku est sa mise en scène extrêmement novatrice pour l'époque, puisant a la fois dans un certain réalisme documentaire (même si ce film reste relativement sage de ce point de vue) et une cinégénie inventive par l'emploi de freeze-frames, d'une voix-off nous immergeant dans l'histoire en nous communiquant des informations complémentaires et de mouvements de caméras chaotiques. Donc comme ça tout y est pour se dire qu'on a affaire une belle mise en bouche, sauf que Blackmail is my Life est encore hésitant dans ses partis-pris, perdu entre deux époques du genre, il ne pousse pas a fond sa virulence thématique a cause de personnages encore trop monolithiques pour vraiment captiver (même si Hiroki Matsukata reste un excellent acteur qui sera un récurrent de Fukasaku) et ses délires formels passés les vingt premières minutes s'effacent pour une réalisation plus conventionnelle. Un essai semi-raté donc, mais qui n'est que le commencement d'une longue série de yakuza eiga imposants sur le fond et la forme....

5,5/10

[Dunandan]

Combat Sans Code d'Honneur - Kinji Fukasaku (1972)

L'année 1972 est l'autre année charnière de Fukasaku dans son ascension commerciale et artistique, après avoir peaufiné son style ravageur au sein de films de série efficaces qui plairont au public nippon, il se dit qu'il faudrait gagner en ambition sur un sujet qu'il commence a maitriser parfaitement et de livrer LA fresque ultime a propos du crime organisé japonais. Pour cela il va s'associer avec le scénariste Kazuo Kasahara qui va effectuer un travail gigantesque (et inédit pour ce genre de production) de documentation, ainsi que d'anciens yakuzas repentis (dont le célèbre Noboru Ando) qui viendront donner leurs conseils sur les cérémonies et autres rituels bizarres pour les non-initiés, pourtant n'oublions pas que le système japonais fonctionne selon la dure loi du box-office : si le film ne marche pas, point de suite. Dès lors, on peut voir Combat sans Code d'Honneur de deux façon différentes, soit comme pas mal de spectateurs francophones (merci Wild Side) comme un simple stand alone qui se suffirait a lui-même (pendant longtemps je croyais que c'était comme des séries a la Zatoichi ou Baby Cart avec une nouvelle intrigue a chaque film), ce qui n'est pas forcément faux puisque la fin est "fermée", pourtant le film a pris davantage de saveur a partir du moment où l'on a conscience qu'il s'agit d'un maillon d'une chaine de films où Fukasaku prend le parti osé de jouer sur un aspect feuilletonesque où chaque film prolonge le précédent. Pour ce premier volet censé ouvrir la marche, on se retrouve devant le plus émouvant et "classique" de la saga où toutes les thématiques abordées sont dans le titre, il est moins question de parler de crime, que de la notion d'honneur chez les yakuzas et les nombreux dilemmes moraux inhérents a cette condition (concentrés dans les persos de Sakai et Hirono dans le dernier tiers sublime de tension et de dégout) a travers une guerre des gangs interne. En filigrane, Fukasaku développe son background fétiche, celui du Japon d'après-guerre avec davantage de précision, puisqu'on assiste presque en direct a la naissance des premiers clans qui vont profiter de l'hégémonie américaine pour développer divers trafics et la saga se tiendra jusqu'au bout dans cette chronologie qui détaillera pas loin de 20 ans de règne. C'est tellement passionnant a suivre, qu'on se dit qu'une chose après l'avoir vu : vivement la suite !

9/10

[Dunandan]

Ah oui, tu le revois tant que ça à la hausse ?

[Jed_Trigado]

J'en suis quand même a ma quatrième vision et ma seconde dans l'optique d'un visionnage intégral de la saga, donc ma note était déjà faite depuis longtemps.

Par contre, le deuxième opus passe moins bien a la revoyure hélas....

[Mark Chopper]

Tu n'attends pas de récupérer les blu-ray ?

(Tu risques de monologuer en cas de rétro au BoMcast.)

[Jed_Trigado]

J'ai reçu le coffret lundi, je me régale là entre le bouquin gavé d'infos, les itw en pagaille et les restaurations de ouf qui font redécouvrir les films.

Et la rétro Fukasaku du bomcast, a part Jack et moi, c'est foutu, ça va virer au cassage en règle comme je l'avais prédit.

[Dunandan]

Battles Without Honor or Humanity : Hiroshima Death Match - Kinji Fukasaku (1973)

Première séquelle de la saga Battles..., Hiroshima Death Match déroute d'emblée en quittant la province de Kure pour la très symbolique ville d'Hiroshima où une nouvelle organisation nous est présentée a travers le parcours d'un jeune chien fou au bas de l'échelle, un porte-flingue déchainé qui fera le sale boulot de ses patrons en échange de quelques maigres égards, ce point de vue est de loin la meilleure idée de cette suite, montrant déjà un fossé se creusant entre les générations, celle de la vieille garde installée qui cherche a sauvegarder ses acquis au mépris de tout sens moral et cette jeunesse fougueuse en quête de repères, prête a tout pour se faire une place dans cette société impitoyable. Pourtant, le film s'éloigne régulièrement de cette théma pour revenir a un affrontement de gangs plus classique (où Sonny Chiba roule des mécaniques a n'en plus finir, c'est bien le vrai gros point faible dans tout ça) qui répète la rythmique de son ainé, même s'il caviarde l'ensemble de quelques éléments historiques toujours intéressants, de plus comme je le disais dans mon avis précédent, la saga se prolonge d'un film a l'autre et il faut attendre une bonne demi-heure pour faire le lien entre les évènements du premier film, sauf que les mobiles invoqués pour faire revenir Hirono notamment n’apparaissent guère convaincants (je veux bien que le gars soit attaché au code yakuza, mais accepter aussi facilement une mission pour le compte de son ex-oyabun qui l'a trahi quand même, c'est un peu exagéré), alors qu'il y avait plein de moyens je pense pour faire évoluer l'intrigue naturellement. Si j'avais idéalisé le film par rapport à la fois où je l'ai découvert, grâce a sa fin sûrement qui n'est pas sans rappeler dans une moindre mesure celle du Cimetière de la Morale où le désespoir du cinéma de Fukasku nous inonde, il reste un honnête yakuza eiga rythmé rempli d'idées et de personnages vraiment intéressants.

7/10

[osorojo]

Il a été référencé sous le titre français ici il me semble (Qui sera le boss à Hiroshima ?) ^^

Je l'avais bien kiffé moi celui là, et puis, il y a Meiko ^^

Mais bon, comme toi, il faudrait que je les revois les Fukasaku, parce que j'en ai une image globale, mais avec le temps, j'ai un peu de mal à les différencier

[Jed_Trigado]

Il a été référencé sous le titre français ici il me semble (Qui sera le boss à Hiroshima ?) ^^

Si c'est le cas, c'est une erreur, c'est le premier film qui fut sorti sous ce titre (va savoir pourquoi) lors de sa première exploitation française au milieu des années 70. Les suites n'ont jamais été diffusées en France.

[Dunandan]

Et Sonny Chiba, ok il en fait des caisses, mais pour moi c'est passé tout seul, il est sacrément intense dans ce film d'après mes souvenirs...

[Mark Chopper]

Sonny Chiba, à part dans Doberman Cop, je l'ai toujours trouvé mauvais.

[pabelbaba]

Quand il fait ses singeries mi-kung-fu/mi-karaté, c'est marrant quand même. Sinon il était pas mal dans Les Guerriers de l'Apocalypse et Golgo 13.