Le Syndicat du crime, de John Woo (1986)
L'histoire : Sung Tse-Ho et Mark Lee, deux amis, mènent la belle vie grâce à un trafic de faux billets. Mais Kit, le frère de Ho, s'apprête à devenir policier...
Le véritable acte de naissance du polar made in Hong Kong... Les puristes pourront mettre en avant des titres plus anciens comme Men From the Gutter, Le Bras armé de la loi et Police Story, mais le film de John Woo dispose d'un véritable plus : l'icône Chow Yun-fat. Incarnation de la coolitude absolue au début du film avec son look imparable (les lunettes noires, le cure-dent, l'imperméable, les flingues dans chaque main) et son apparente nonchalance, celui-ci voit son personnage devenir revanchard et basculer dans la déchéance... Ce qui lui permet de livrer l'une de ses performances les plus touchantes (seul Ringo Lam lui a permis de faire mieux). Qui dit acte de naissance ne signifie pas, pour autant, chef-d'œuvre : l'actrice qui joue la petite amie de Leslie Cheung plombe chacune de ses scènes, l'intrigue se révèle classique et le traitement ne la sublime pas toujours... Les scènes d'action, par exemple, n'arrivent pas, a posteriori, au niveau de celles de The Killer et A toute épreuve... Mais John Woo ne traite pas son histoire par-dessus la jambe (on n'en dira pas autant de sa suite), il parvient à émouvoir avec ses thèmes hérités des wu xia pians (notamment ceux de son maître Chang Cheh : amitié, rivalité fraternelle, honneur... le tout avec une naïveté qui risque de faire ricaner plus d'un cynique) et peut compter sur un formidable casting (Chow Yun-fat et Leslie Cheung donc, mais aussi Ti Lung). La nostalgie et l'immense postérité jouent pour beaucoup dans l'appréciation, mais on n'avait jamais vu ça avant et on ne risque pas de le revoir de sitôt.
Note : 8/10